Après l'Australie, Charles III arrive aux Samoa pour un sommet du Commonwealth
Le roi Charles III est arrivé mercredi aux îles Samoa où se tient un sommet des 56 pays membres du Commonwealth, un groupe souvent critiqué comme un vestige colonial britannique, mais auquel le souverain espère donner un nouveau souffle.
Le monarque de 75 ans et la reine Camilla ont quitté mercredi matin l'Australie après une visite de six jours, réduite en raison de son cancer diagnostiqué il y a huit mois.
Son voyage dans ce pays, dont il est chef d'Etat a été marqué par des événements festifs et protocolaires mais aussi par une interpellation remarquée au Parlement de Canberra. La sénatrice aborigène Lidia Thorpe lui a crié "Rendez-nous nos terres, rendez-nous ce que vous nous avez volé!".
L'Australie a été une colonie britannique pendant plus d'un siècle, au cours duquel des milliers d'Australiens aborigènes ont été tués et des communautés entières déplacées.
Charles III insiste que la monarchie a toujours sa place en Australie. Plus largement, il estime que le Commonwealth, organisation composée à l'origine d'ex-colonies britanniques qui s'est élargie à des pays africains comme le Togo et le Gabon -- deux anciennes colonies françaises -- peut jouer "un rôle important sur la scène internationale".
Le Commonwealth, qui compte 2,5 milliards d'habitants, "présente la diversité nécessaire pour comprendre les problèmes de la planète et la puissance cérébrale et la détermination nécessaires pour formuler des solutions pratiques", a plaidé le souverain avant de prendre la direction d'Apia, la capitale des îles Samoa, à mi-chemin entre la Nouvelle-Zélande et Hawaï.
- Océans et colonialisme -
C'est la première fois qu'un sommet de l'organisation se tient sur une île du Pacifique.
Les Samoa s'y préparent depuis des mois, avec des villages décorés aux couleurs des pays membres et des bons d'achat en produit alimentaire offerts aux habitants en échange des armes à feu rendues.
Son programme officiel prévoit des discussions sur l'environnement, les systèmes démocratiques, l'économie, la jeunesse, les questions de genre et la transformation numérique.
La secrétaire générale de l'organisation Patricia Scotland espère que le sommet va "souder" ses membres face à "un avenir qui semble pour beaucoup très troublé et complexe".
"Nous avons deux choix: soit on nage ensemble soit on coule chacun de notre côté", assure-t-elle à l'AFP.
Le réchauffement climatique s'annonce comme un thème majeur, avec la montée des océans qui menace directement les îles du Pacifique comme les Samoa, où 70% des 220.000 habitants vivent dans des zones côtières à risque.
Les dirigeants présents doivent adopter pendant la rencontre, qui dure jusqu'à samedi, une déclaration consacrée à la préservation des océans.
Mais le sommet s'annonce également comme une nouvelle occasion de discuter de l'héritage de l'Empire britannique, en particulier lorsque les dirigeants présents devront élire un nouveau secrétaire général censé venir du continent africain.
Les trois candidats pour remplacer Patricia Scotland, en poste depuis 2016, ont tous appelé publiquement au versement de réparations pour le rôle de l'Empire britannique dans l'esclavage et le colonialisme.
Joshua Setipa, candidat du Lesotho, a déclaré à l'AFP qu'une résolution allant au-delà d'une "perspective étroite de compensation financière" était nécessaire. Les pays pourraient recevoir des fonds pour les aider à s'adapter et à renforcer leur résilience au changement climatique, a-t-il noté.
"Nous pouvons trouver une solution qui commencera à réparer certaines injustices du passé et à les replacer dans le contexte qui nous entoure aujourd'hui", a détaillé le candidat, qui sera opposé à Shirley Ayorkor Botchwey (Ghana) et Mamadou Tangara (Gambie).
Lors du dernier sommet de l'organisation, il y a deux ans, Charles, alors prince héritier, avait exprimé sa "tristesse" pour le passé esclavagiste du Royaume-Uni et avait affirmé que les Etats membres étaient libres d'abandonner la monarchie.
Depuis son accession au trône en septembre 2022, les questions se font de plus en plus pressantes pour le Royaume-Uni comme l'a montré une nouvelle fois la prise à partie de Canberra.
En visite au Kenya il y a un an, le roi avait condamné les "inexcusables" abus coloniaux britanniques, sans toutefois demander pardon.
Un porte-parole du Premier ministre britannique Keir Starmer, qui doit assister au sommet, a assuré que le sujet des réparations n'étaient pas au programme.
L.Marino--IM