Pogacar écrase le Tour de Lombardie pour conclure une saison "parfaite"
Insolent de facilité, Tadej Pogacar a remporté samedi à Côme son quatrième Tour de Lombardie consécutif, égalant le record de Fausto Coppi, après un nouveau cavalier seul qui conclut une saison monumentale.
Le Slovène a attaqué à 48,5 km de l'arrivée pour décrocher en solitaire sa 25e victoire en 2024, sa deuxième dans un Monument cette année après Liège-Bastogne-Liège, avec plus de trois minutes d'avance sur le Belge Remco Evenepoel.
Un seul coureur, le sprinteur italien Alessandro Pettacci, avait gagné autant de courses en une saison au XXIe siècle, en 2005.
"Chaque victoire est spéciale, l'équipe a travaillé si dur, on avait beaucoup de pression. On a suivi le plan prévu, je suis très content", a réagi Pogacar, avouant avoir "commencé à penser aux vacances" dans les derniers kilomètres.
Comme prévu -et craint par tout le peloton-, le champion du monde, moulé dans un cuissard blanc et très acclamé au départ à Bergame, a placé son attaque dans le difficile col de Sormano après un dernier gros relais de son équipier français chez UAE, Pavel Sivakov.
Il a accéléré pile au moment où le groupe des favoris a repris les derniers rescapés de l'échappée matinale, forte d'une vingtaine de coureurs.
A peine commencé, le spectacle était déjà fini. Arrivederci et rideau.
Dans une scène vue et revue ces derniers mois, personne n'a même essayé de suivre le Slovène, qui a rapidement creusé un avantage conséquent, basculant au sommet avec plus d'une minute d'avance sur ses premiers poursuivants.
- Une razzia digne de Merckx -
Pogacar a encore accru son avance dans les quarante derniers kilomètres pour remporter le 7e Monument de sa carrière, avec 3:16 d'avance sur Evenepoel, dont c'est le premier podium en Lombardie, et 4:31 sur l'Italien Guilio Ciccone.
Pavel Sivakov, malgré le gros travail fourni pour son leader, a gardé suffisamment de jus pour prendre une belle sixième place alors que David Gaudu a terminé neuvième et deuxième Français.
Avec ce nouveau triomphe dans la "classique des feuilles mortes", qui lui permet d'égaler la performance accomplie par le "Campionissimo" Fausto Coppi entre 1946 et 1949, Pogacar conclut en majesté une des plus grandes saisons de l'histoire.
Vainqueur du Tour de France, du Giro, des Championnats du monde, des Strade Bianche, du Tour de Catalogne, du Tour d'Emilie, du Grand Prix de Montréal et de deux Monuments, le Slovène de 26 ans a remporté neuf des 11 épreuves dont il pris le départ en 2024 en y ajoutant seize victoires d'étape.
Agé de 26 ans, il est le seul coureur à avoir gagné la même année le Tour, le Giro, les Mondiaux et au moins un Monument, appellation regroupant les cinq plus grandes classiques du calendrier (Milan-Sanremo, Tour des Flandres, Paris-Roubaix, Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie).
Cette razzia n'est comparable qu'avec celles réalisées dans ses meilleures années par le "cannibale" Eddy Merckx.
- La concurrence résignée -
L'ogre slovène a construit la plupart de ses succès grâce à de longs raids solitaires dévastateurs, en bouclant seul les 81 derniers kilomètres des Strade Bianche ou en attaquant à 100 km de l’arrivée aux Mondiaux à Zurich.
Sa suprématie suscite inévitablement des soupçons dans un sport longtemps gangréné par le dopage. Lui assure que ces pratiques appartiennent à un autre temps et estime que le cyclisme actuel est "victime de son passé" comme il l'a encore répété vendredi.
Sa domination provoque aussi, à l'image des cavaliers seuls d'un Max Verstappen l'an dernier en Formule 1, un certain ennui et une lassitude au sein du peloton.
Au départ samedi à Bergame, sous un beau soleil automnal, la concurrence est apparue résignée et fataliste, à l'image de Matteo Jorgenson, vainqueur de Paris-Nice en mars, qui confiait que "non", il ne pensait "pas pouvoir gagner" à Côme face au "meilleur coureur du monde, et de loin".
"99% des équipes pensent que Pogacar va gagner, nous aussi", ajoutait David Gaudu en racontant comment il avait été doublé jeudi lors de la reconnaissance du parcours par l'équipe UAE et Pogacar dans le col de Sormano pour déjà préfigurer ce qui allait se passer deux jours plus tard.
En réalité, tout le monde savait où, quand et comment ça allait se passer et personne n'a été en mesure de faire dérailler le scénario anticipé de l'implacable supériorité de Pogacar.
I.Pesaro--IM