Transat Jacques Vabre: en Imoca, du neuf, du vieux et une "belle bagarre"
Ruyant, Dalin, Bestaven... A un an d'un nouvel "Everest des mers", les favoris du prochain Vendée Globe sont prêts à en découdre dimanche au Havre au départ de la Transat Jacques Vabre à bord d'Imoca flambant neufs qui restent à fiabiliser.
"On va avoir à l'eau une flotte très complète, quasiment celle du Vendée Globe à deux ou trois bateaux près, donc cela va être une édition extrêmement relevée", explique à l'AFP Thomas Ruyant, vainqueur de la dernière édition de la "Route du Café" en 2021.
En double avec le navigateur Morgan Lagravière, le Nordiste s'élance en favori dimanche à l'assaut de la célèbre transatlantique, la première pour son Imoca For People (monocoque de 18 mètres), mis à l'eau en mars dernier.
"C'est une machine qui est bien née. On réussit désormais à faire voler des bateaux au près (la direction d'où provient le vent, ndlr) à 18 nœuds (33 km/h) et on est les premiers impressionnés", commente le marin de 42 ans.
"On", car Thomas Ruyant et son binôme ne seront pas les seuls sur la ligne de départ à prendre la mer à bord d'un voilier dernière génération à grands foils, ces appendices latéraux qui permettent au navire de décoller au-dessus de l'eau.
- Bagarre autour du Fastnet -
Le vainqueur du dernier Vendée Globe Yannick Bestaven (Maître CoQ), le Normand Charlie Dalin (Macif), l'expérimenté Jérémie Beyou (Charal)... tous montent en puissance et comptent bien se jauger "sur le long terme" un an avant le tour du monde en solitaire, qui partira des Sables-d'Olonne le 10 novembre 2024.
La Transat Jacques Vabre, "ce sera une première confrontation au large, une première navigation longue sur ce bateau, cela permettra de jauger les vitesses sur le long terme", estime Dalin, en quête d'une nouvelle victoire de premier plan après deux 2e places consécutives sur le Vendée Globe (2021) et la Route du Rhum (2022).
Lors des courses estivales, Dalin, en duo avec Pascal Bidégorry, a dominé la Rolex Fastnet Race après une bagarre relevée autour du rocher du Fastnet (Irlande), tandis que Jérémie Beyou et son binôme de luxe Franck Cammas se sont imposés sur le Défi Azimut.
"On commence à apprivoiser le bateau ensemble et à apprendre l'un de l'autre. C'est la force de ces courses en double, on y progresse toujours énormément", avance Jérémie Beyou, 47 ans et triple vainqueur de la Solitaire du Figaro.
- Richomme en embuscade -
Derrière ces grosses écuries, d'autres profils moins exposés sont capables de créer la surprise à l'arrivée en Martinique. Longtemps dominateur en Class40 (monocoque de 12 mètres), Yoann Richomme court depuis cet été en Imoca, à bord du Paprec-Arkéa.
"C'est un saut dans l’inconnu. (Sur la Jacques Vabre) tout se joue dans les premiers jours. Il y a la sortie de Manche, le golfe de Gascogne, on doit souvent traverser des fronts... Il va falloir s'arracher", avance le marin, qui vise "le top 5" pour sa première grande course à bord d'un voilier du Vendée Globe.
"Nous avons une bonne machine mais elle est encore jeune et il y a forcément quelques détails que nous n'avons pas encore découverts", tempère son co-skipper, le réputé Yann Eliés, qui n'a toutefois "pas de doute sur le fait que le bateau soit performant".
Pour les bateaux du reste de la flotte, souvent plus anciens et moins rapides, la solidité est un avantage non-négligeable dans les conditions météorologiques difficiles annoncées par les organisateurs de la course au départ.
"C'est sûr que plus les années passent moins on a de chances de rivaliser avec les nouveaux +foilers+ sur de la vitesse pure. Mais nos bateaux à dérives sont très fiables et peuvent encaisser toutes les conditions de mer. Dans tous les cas ce sera une belle bagarre, à l'avant comme à l'arrière", résume Guirec Soudée (Freelance.com).
Les premiers bateaux sont attendus autour du 14 novembre à Fort-de-France.
H.Giordano--IM