Il Messaggiere - MotoGP: Johann Zarco, la patience paie

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MotoGP: Johann Zarco, la patience paie
MotoGP: Johann Zarco, la patience paie / Photo: Paul CROCK - AFP

MotoGP: Johann Zarco, la patience paie

L’obstination a fini par payer: à 33 ans, le Français Johann Zarco, qui a signé samedi sa première victoire en MotoGP lors du GP d'Australie, a démontré sa ténacité après une multitude de podiums en catégorie reine et deux titres de champion du monde en catégorie inférieure (Moto2), jusqu'à ce premier succès tant attendu avec l'élite.

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Monter sur la plus haute marche du podium est un rêve pour tout pilote en MotoGP. Mais Zarco a dû attendre sa septième saison au guidon d'une de ces redoutables 1000 cm3 et son 120e Grand Prix dans l'élite pour parvenir au Graal.

Johann Zarco n'était jusqu'à présent jamais parvenu à arracher la victoire à l'issue d'un Grand Prix, en dépit des 11 deuxièmes places obtenues depuis 2017, dont la dernière en Argentine en avril.

"La sensation est incroyable (...) Après tellement de courses, gagner enfin ça me procure tellement d'émotions... J'ai encore du mal à réaliser", a ajouté le Français avant de monter sur la première marche du podium.

Arrivé en 2017 chez les Français de l'écurie satellite Yamaha Tech3, il s'était fait remarquer dès ses premiers tours de roue au Qatar, en prenant la tête de son tout premier GP de la catégorie, au nez et à la barbe des cadors, avant de finalement chuter comme un "Rookie", tout en démontrant un certain talent et culot.

Après deux années avec les Yamaha vertes et noires de Tech 3, il connait une période de turbulences. Le N.5 rejoint KTM comme pilote d'usine, avant de quitter le navire autrichien volontairement. Par la suite, c'est LCR, l'équipe satellite de Honda qu'il retrouvera la saison prochaine, qui fait appel à lui pour quelques piges. Il signe enfin un contrat d'une saison complète avec Avintia Ducati en 2020 avant de décrocher un guidon chez Pramac Ducati, avec une moto de pointe pour deux années .

- "A part" -

Le pilote Ducati est "à part", selon ses homologues dans le paddock. Traduction: pas question de suivre le troupeau, quitte à tester l'apnée pour ses entraînements, ou à se concentrer sur des loisirs comme le jardinage ou la pétanque.

Dernier d'une fratrie de trois enfants, le Cannois d’origine – décrit comme "calme et réfléchi" par ses proches - est aussi musicien à ses heures (il joue du piano et de la guitare qu'il a appris seul) et se plaît à s'attaquer au répertoire de la variété française avec son frère Jérôme.

Mais surtout, si "JZ" a quitté jeune le foyer familial, c'est avant tout pour seule et unique raison : se consacrer exclusivement à la moto. Pour mener à bien son ambition, il part vivre à Avignon chez celui qui deviendra plus tard son entraîneur et mentor, Laurent Fellon.

Conscient du potentiel de sa recrue, son futur manager décide rapidement de tester le jeune garçon sur le circuit local d'Eyguières (Bouche-du-Rhône) où se déroule de nombreuses compétitions de scooters ou de mini-motos.

Lors de cet essai sur une mini-moto, Zarco pulvérise le record de la piste. Une graine de champion est née et Laurent Fellon qui, se retrouvant un peu plus tard sans travail, va proposer à son père de s'occuper de lui et de le faire participer au Championnat d'Italie.

- "Pas être un Poulidor" –

Pilote français le plus titré en Grand Prix (deux sacres mondiaux en Moto2 période 600 cm3), Zarco a fait ainsi ses débuts en compétition en 2004 en mini-moto, en Italie et en Championnat d'Europe, aux côtés de Fellon qui le prendra sous son aile jusqu'à leur séparation, en 2019.

En 2007, année au cours de laquelle il décide de se consacrer entièrement à la moto, il remporte la Rookies Cup, formule de promotion vers les Grands Prix, ce qui lui permet de participer en 2008 au Championnat d'Espagne, réputé pour son haut niveau.

S'il ne va pas au bout de la saison, cela ne l'empêchera pas de faire ses premiers tours de roue en Championnat du monde dans la catégorie 125cc l'année suivante.

Vingtième en 2009, il est onzième en 2010 puis deuxième en 2011, avec onze podiums dont une victoire. Il passe ensuite en Moto2, la catégorie supérieure, où il connaît la même progression, de la dixième place en 2012 avant d'être titré deux fois en 2015 et 2016, avec quinze victoires.

"Johann veut être champion du monde. Il veut gagner, pas être un Poulidor", assurait en 2017 Laurent Fellon, avant que les deux hommes ne mettent un terme à leur collaboration.

Si, depuis, la meilleure saison du Français dans l'élite reste une 5e place finale en 2021, renouer le fil de ses titres en Moto2 serait donc le Graal pour le Cannois, qui débutera dans quelques semaines une nouvelle aventure chez Honda-LCR. A trente ans passés, qui a dit que l'ambition avait un âge ?

S.Rovigatti--IM