Mondial-2023: pour les Bleus, une déception à la hauteur des espoirs
La courte défaite (29-28) du XV de France dimanche face à l'Afrique du Sud en quart de finale de "son" Mondial, génère une immense déception à la hauteur des espoirs placé depuis quatre ans dans cette équipe et sa génération dorée.
Quatre ans après une sortie tout aussi cruelle contre le pays de Galles au même stade de la compétition (20-19), ce revers s'est certes encore joué à rien: un petit point, une transformation contrée sans doute de manière illicite, un en avant sud-africain peut-être volontaire, une mêlée sud-africaine non sanctionnée en fin de match, quelques ballons tombés... Mais cette fois-ci, c'était à domicile, dans une Coupe du monde dont ils étaient parmi les grands favoris.
Comme le Sud-Africain Jaco Peyper au Japon, le Néo-Zélandais Ben O'Keeffe au Stade de France n'a pas été au goût des Français, le capitaine français Antoine Dupont estimant qu'il n'avait "pas été au niveau de l'enjeu".
Ben O'Keeffe "n'est pas seul", a réagi pour sa part le sélectionneur Fabien Galthié. "Le TMO (l'arbitre vidéo, ndlr) et les arbitres autour ont le temps de revoir les images comme nous et ont le droit de prendre part à l'arbitrage".
Des "erreurs" que ses rares coéquipiers à se présenter devant la presse après la défaite ont également évoquées, sans toutefois que cette aigreur ne surpasse l'immense déception. Car là n'est sans doute pas la principale explication de la défaite.
- "Scénario cruel" -
"C'est toujours facile de parler de l'arbitrage. Il y a eu des situations assez flagrantes sur le terrain et qui ne semblaient pas l'être pour le corps arbitral", a également relevé le centre Jonathan Danty, avant d'ajouter: "L'erreur est humaine malheureusement (mais) ce n'est pas l'arbitrage qui a fait perdre le match".
"On est tristes, avec ce résultat et ce scénario cruel (...) On avait mis les ingrédients mais on a encaissé des points trop facilement", a résumé le troisième ligne François Cros.
Le XV de France, qui semblait mener le match par le bon bout jusqu'à la mi-temps (22-19) après une première période d'une rare intensité, haletante et magnifique (six essais marqués, une première dans l'histoire d'un quart de finale de Coupe du monde), n'a pas tenu sur la longueur et a payé comptant ses errements.
Ainsi, on a vu de grossières erreurs défensives, notamment sur les "turnovers", les ballons perdus; une faillite sur les ballons hauts; une inattendue baisse de régime physique en seconde période pas compensée par le banc.
Des lacunes qu'on ne voyait pas en 2022 à l'apogée des Bleus et qui ont permis aux Springboks de rester au contact au terme d'une première période où ils avaient été dominés.
"Ils sont restés dans leurs plans, en signant trois essais en contre-attaque en première mi-temps, avec beaucoup de jeu de pression et ils se sont nourris de nos erreurs, des coups de sifflet de l'arbitre pour pouvoir +scorer+ au bon moment et avec réussite", a analysé le demi d'ouverture Matthieu Jalibert après la rencontre.
Autre secteur qui a péché: le jeu aérien. "On a bien vu qu'ils avaient beaucoup utilisé le jeu au pied haut, ce qui leur a permis de créer des temps forts", a reconnu Galthié.
- Tactique -
"Les Sud-Africains ont marqué sur des sorties de camp où ils ont tapé des chandelles. On savait que ça allait être un secteur où ils allaient nous tester", a renchéri le centre Jonathan Danty. Ils ont notamment ciblé le jeune et inexpérimenté Louis Bielle-Biarrey.
Enfin, dans les zones de rucks, un secteur où jusqu'à présent les Bleus avaient été souverains, et le combat physique, qui constitue l'ADN des Boks, "ils ont été très présents", a estimé l'arrière Thomas Ramos.
Les Springboks, champions du monde en titre, ont mieux joué tactiquement, en faisant entrer très tôt leur banc, composé de joueurs d'expérience et de talent (Faf de Klerk, Handré Pollard), ce qui a fait basculer le cours du match. Dans ce domaine, côté français, le banc, crucial à ce niveau, a eu beaucoup moins d'impact.
"On peut trouver les explications que l'on veut, c'est terminé, l'aventure s'arrête là pour nous", a lâché Cros. "Une Coupe du monde en France, on n'en vivra plus".
L.Sabbadin--IM