Marathon de Chicago: exploit de Kiptum, qui efface le record du monde de Kipchoge
Le Kényan Kelvin Kiptum, encore inconnu il y a un an, a réussi l'exploit d'effacer le record du monde du marathon de son compatriote Eliud Kipchoge dimanche à Chicago en 2 h 00 min et 35 sec.
Déjà près de battre le record (2h01:09 par Kipchoge à Berlin en 2022) à Londres en avril, Kiptum, âgé de 23 ans, ne disputait dans l'Illinois que son troisième marathon, mais sans Kipchoge, vainqueur lui à Berlin en septembre. Un duel est possible aux Jeux olympiques de Paris en 2024.
Passé en 1 heure et 48 secondes à mi-course, Kiptum a réussi comme à son habitude à accélérer sur la seconde moitié pour lâcher au 33e kilomètre son compatriote Daniel Mateiko, avant de s'envoler vers la ligne d'arrivée, dans des conditions météo parfaites (entre 7 et 10 degrés, temps couvert, vent faible).
"Je n’étais pas forcément prêt pour ça, mais un record du monde, je suis tellement heureux! Je savais que je battrais ce record un jour", a déclaré le vainqueur au micro de l'organisateur.
- Hassan infatigable -
Moins d'un an après son premier marathon à Valence (2h01:53 en décembre 2022), Kiptum a mis une claque au chrono du plus grand coureur de l'histoire, contre qui il n'a jamais couru, sur la distance reine. Eliud Kipchoge, âgé de 38 ans, avait lui triomphé après une carrière construite par étape, d'abord sur la piste jusqu'à ses 27 ans.
Quelques minutes après le Kényan, la Néerlandaise Sifan Hassan a réussi un autre exploit en signant le deuxième meilleur chrono de l'histoire en 2 h 13 min 44 sec, seulement six semaines après avoir décroché deux médailles aux Mondiaux d'athlétisme de Budapest (argent du 5000 m, bronze du 1500 m).
Le tout seulement deux semaines après le record du monde inouï de l'Éthiopienne Tigst Assefa à Berlin en 2 h 11 min 53 sec.
Le record de Kiptum, qui a remporté ses trois seuls marathons disputés, tous supersoniques, en onze mois, est moins une surprise que son éclosion en décembre 2022 à Valence (2h01:53). Il s'était déjà approché du record du monde en avril à Londres (2h01:25).
- "L'aventure" -
Kiptum s'entraîne près de son village d'origine, Chepkorio (ouest), à une quarantaine de kilomètres d'Eldoret, haut lieu de la course à pied kényane, dirigé par le Rwandais Gervais Hakizimana.
Cet ancien coureur de niveau national, résident français qui a écumé les courses de l'hexagone entre 2008 et 2019, a rencontré Kiptum pendant ses séjours d’entraînement au Kenya, comme il l'a raconté à l'AFP samedi.
"Quand on faisait des séances de côtes dans la forêt près de chez lui, il était petit mais nous suivait, pieds nus, après avoir gardé les chèvres et les moutons. C'était en 2013, il n'avait pas encore vraiment commencé la course à pied."
Kiptum commence à courir régulièrement en 2016. En 2019, il réussit deux semi-marathons très rapides en deux semaines (60:48 à Copenhague puis 59:53 à Belfort, France), lorsque M. Hakizimana lui propose de le coacher pour le marathon.
"En 2020 le Covid m’enferme au Kenya, j'y reste un an et je l’entraîne en forêt. Je courais avec lui, puis on avait attaqué un programme marathon en 2021", ajoute le Rwandais, joint au téléphone.
"Je faisais des visites discrètes chez Kipchoge pour voir comment il s'entraînait", sourit-il.
Alors que Kipchoge court entre 180 et 220 km par semaine, Kiptum avale lui plus de 250 km par semaine, parfois plus de 300, assure son coach.
"C'est l'aventure! Pendant la préparation de Londres on a enchaîné trois semaines à plus de 300 km. Il a un très grand volume", ajoute le technicien, qui parle en swahili et en anglais avec son protégé.
"À ce rythme il risque de se blesser, se casser, je lui ai proposé de baisser le rythme mais il ne veut pas, il me parle du record du monde tout le temps."
Un objectif atteint par la nouvelle star de l'athlétisme dimanche.
B.Agosti--IM