Le foot français part à la conquête du milliard pour ses droits TV
La Ligue de football professionnel (LFP) a lancé mardi son appel d'offres pour les droits TV sur la période 2024-2029, avec une mise à prix à 800 millions d'euros par saison et l'objectif ambitieux d'arriver au milliard.
La balle est désormais dans le camp des candidats, qui ont jusqu'au 16 octobre pour présenter une offre. Ils pourront se positionner sur deux lots de matches en direct: le premier avec les deux plus belles affiches et le choix N.4 de chaque journée, et un second avec les six autres matches.
Une mise à prix a été fixé pour chaque lot, en vue d'enchères le 17 octobre: 530 millions pour le lot 1, 270 millions d'euros pour le lot 2.
En ajoutant les droits de la Ligue 1 à l'étranger, qui seront mis en jeu ultérieurement, la Ligue vise le milliard d'euros par saison, comme l'avait déjà annoncé en juin son président Vincent Labrune dans L'Equipe.
Actuellement, les droits en France s'élèvent à 624 millions: Canal+ paie 332 M EUR pour deux rencontres, Amazon 250 pour sept affiches et l'opérateur Free 42 pour des extraits de matches en quasi-direct. Avec les 80 millions des droits à l'international, le total atteint les 700 millions.
En plus des deux lots principaux dévoilés mardi lors d'une conférence de presse à Paris, les candidats pourront se positionner sur trois lots "magazines", des émissions du week-end ou en semaine.
- Cinq ans -
Nouveauté, "nos droits seront commercialisés pour la première fois pour une période de cinq ans (contre quatre auparavant, NDLR), c'est une très bonne nouvelle pour la LFP, nos futurs partenaires et le consommateur", s'est réjoui Vincent Labrune.
L'une des questions-clés sera le positionnement de Canal+, en conflit avec la Ligue depuis l'arrivée d'Amazon. La chaîne cryptée s'est senti lésée car elle estimait que son lot de deux matches, rachetés auparavant à BeIN Sport, était désormais surévalué.
Après avoir annoncé sa volonté de se retirer, elle a multiplié les actions judiciaires, en vain, et a été sommée par la justice de diffuser et payer.
"Canal+ est un acteur historique, important, on va les laisser analyser notre appel à candidatures, on verra ce qu'il en sera", a réagi Vincent Labrune, qui avait dit en juin dans les colonnes de L'Equipe que Canal+ ne ferait pas d'offre.
Outre Amazon et Canal+, BeIN Sport reste un potentiel candidat. La Ligue peut aussi espérer un nouveau venu. DAZN, plateforme de streaming sportif, qui possède déjà les droits en Italie, Allemagne ou encore en Espagne, a dit vouloir se positionner. La plateforme a d'ailleurs noué en juillet un accord de diffusion avec Canal+ pour la L1.
- Sans Messi ni Neymar -
Selon Vincent Labrune, l'arrivée du fonds d'investissement CVC en 2022 comme actionnaire minoritaire de la filiale commerciale créée par la LFP à l'été 2022, le passage de 20 à 18 clubs, les affluences records dans les stades ainsi que les investissements de recrutement massifs cet été - - la L1 a été la deuxième ligue la plus dépensière en Europe derrière la Premier League anglaise -, vont aider la LFP à vendre ses droits, a estimé Vincent Labrune.
A l'inverse, les départs de Messi et de Neymar, qui ont quitté le PSG cet été, sont à ranger dans la colonne des points négatifs. "Je ne peux pas considérer que c'est une bonne chose", a-t-il regretté, "mais ça ne dépend pas exclusivement de leur présence" ou de celle de la star française Kylian Mbappé, régulièrement annoncé sur le départ.
Le foot français voudra surtout éviter de revivre la "période de très fortes turbulences" d'il y a trois ans, a continué le président de la LFP, évoquant le "triple tsunami Covid, arrêt forcé de la compétition, défaillance de Mediapro", le groupe sino-espagnol qui avait raflé les droits principaux de la période 2020-2024 pour un montant record mais s'est révélé être dans l'incapacité d'honorer ses engagements dès octobre 2020.
Par ailleurs, le match du dimanche à 13h00 va disparaître, au profit d'une nouvelle case le samedi à 19h00. Le multiplex du dimanche est lui déplacé de 15h00 à 17h00.
En cas d'échec de l'appel d'offres, la Ligue "sera prête à toute éventualité", a soutenu Vincent Labrune, y compris celle de négocier de gré à gré. Dans ce cas, le timing serré pour des droits commençant à l'été 2024, ne sera "pas un sujet", a-t-il assuré.
F.Laguardia--IM