Mondial-2023: six mois après, Jelonch revient
Le troisième ligne du XV de France Anthony Jelonch a gagné son pari fou: gravement blessé à un genou il y a six mois, il effectuera son retour avec le statut de capitaine face à l'Uruguay jeudi à Lille (21h00), pour le deuxième match des Bleus dans le Mondial-2023.
"Je suis très content de revenir, j'ai un peu douté au début de ma rééducation, mais j'ai travaillé très fort. Je me suis donné la chance de revenir", a déclaré le joueur du Stade toulousain (27 ans, 25 sélections), mardi en conférence de presse, précisant que cette blessure l'avait aidé à "grandir".
Le retour de Jelonch est le plus notable des douze changements apportés dans l'équipe qui a battu la Nouvelle-Zélande (27-13), vendredi en ouverture de la Coupe du monde. Au coeur d'une polémique après sa condamnation en première instance pour une agression à caractère raciste, le deuxième ligne Bastien Chalureau sera remplaçant
"Aujourd'hui, revenir pour la Coupe du monde, après tout ça, c'est une énorme fierté pour moi et je ferai tout pour amener mes coéquipiers vers la victoire", a déclaré Jelonch. "Je suis issu d'un monde, la campagne, où le mental prend beaucoup de place, depuis tout petit."
Précieux dans les rucks, infatigable plaqueur, gratteur de ballons hors-pair et rude combattant, l'ex-joueur d'Auch, où il a rencontré Antoine Dupont, devenu depuis son meilleur ami, et l'un des artisans du Grand Chelem en 2022, va de nouveau apporter sa pierre à l'édifice bleue après avoir remporté sa course contre le temps, en revenant au plus haut niveau en six mois.
Pourtant, quand le flanker se blesse, en plaquant Duhan van der Merwe le 26 février pour éviter que l'Ecossais ne parte à l'essai dans le Tournoi des Six Nations, le pessimisme règne quant à sa participation au Mondial-2023.
"Les nouvelles ne sont pas bonnes. Il souffre d'une rupture du ligament croisé antérieur. Vous connaissez le protocole: c'est quasiment six mois d'absence, entre l'opération et la rééducation", explique alors Galthié, après la victoire française (32-21).
Le joueur ne perd pas de temps en lamentations. Le surlendemain, il lance le compte à rebours sur son compte Instagram: "Merci pour votre soutien, aujourd'hui débute un nouveau combat pour moi."
- "En avance" -
Dès le 24 mars, Jean Bouilhou, l'entraîneur des avants de Toulouse, raconte avoir "senti un joueur déterminé et convaincu qu'il y arrivera". Le 16 mai, Galthié lance: "le chirurgien ne comprend pas ce qu'il se passe avec Anthony Jelonch", "déjà en avance" sur son programme de rééducation.
Fort de ce constat, le sélectionneur, a fait de Jelonch l'un de ses cadres, le titularisant à dix-neuf reprises malgré la concurrence en troisième ligne, et le nommant déjà capitaine lors de la tournée en Australie à l'été 2021. Il le retient dans la liste des 42 pour préparer le Mondial: une première victoire.
Dans la foulée, le joueur, qui vise mi-août comme date de retour, se confie au bi-hebdomadaire spécialisé Midi-Olympique: "Avoir la Coupe du monde en tête m'aide à me lever tous les matins (...) Je suis (optimiste), je l'ai toujours été et je le serai jusqu'au bout."
Le 2 août, le "manager santé" du XV de France, Bruno Boussagol, avec qui Jelonch a passé cinq semaines en mai à Montpellier pour effectuer un protocole "accéléré à raison de huit heures par jour", affirme que les tests musculaires du troisième ligne "sont plus forts qu'avant".
- "Cheminement" -
Quand son visage apparaît sur TF1 le 21 août lors de l'annonce des 33 pour le Mondial, la surprise est donc minime, d'autant que l'on connaît l'importance du Gersois, et sa bonne humeur, dans le vestiaire. C'est sa deuxième victoire.
C'en est une troisième d'être titularisé contre l'Uruguay, qui plus est en tant que capitaine, pour le deuxième match des Bleus.
Selon Bruno Boussagol, "Anthony a montré qu'il était capable". "On lui a demandé comment il se sentait, on a construit avec lui son cheminement pour qu'il soit sur le terrain le plus tôt possible. A présent, tous les feux sont au vert, il se sent bien et il est à disposition des entraîneurs."
L.Bernardi--IM