Il Messaggiere - Voile: l'orchestrage millimétré des équipages SailGP

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Voile: l'orchestrage millimétré des équipages SailGP
Voile: l'orchestrage millimétré des équipages SailGP / Photo: RONALD MARTINEZ - Getty/AFP/Archives

Voile: l'orchestrage millimétré des équipages SailGP

Contrôleur de vol, régleur d’aile, tacticien... Pendant une étape du prestigieux circuit international SailGP, chaque marin à bord endosse un rôle bien précis à jouer sur des F1 des mers où "la moindre erreur peut mener au crash".

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Créé en 2018 par le Néo-Zélandais Russell Coutts, quintuple vainqueur de la Coupe de l'America, et le milliardaire américain Larry Elisson, le circuit SailGP rassemble désormais la plupart des meilleurs régatiers sur les plans d'eau du monde entier.

A bord de catamarans F50 pouvant frôler les 100 km/h, dix équipages aguerris s'affrontent toute l'année lors d'étapes brèves (cinq courses de classement d'une dizaine de minutes avant une finale à trois bateaux) mais intenses.

Lors de la 3e étape de la saison à Saint-Tropez (Var) samedi, ces bateaux à foils ont encore atteint des vitesses impressionnantes, avoisinant régulièrement les 70 km/h malgré des conditions changeantes et un vent faiblard.

- "Les bons choix" -

Un spectacle rendu possible en partie par un bolide de haute technologie: le F50 possède des dimensions importantes (15 mètres de long et 8,80 de large), demeure léger (environ 3 tonnes) et est truffé d'électronique (quelque 1.500 capteurs sont placés à bord).

Mais également par la discipline et le travail d'équipe de marins expérimentés, capables de manoeuvrer et de communiquer à haute vitesse. Lors d'une régate, un navire compte six personnes à bord - dont obligatoirement une femme-, réparties sur des postes précis.

La star de l'équipe est le barreur: il centralise les informations données par ses équipiers, pilote le navire à l'aide d'un volant, prend les décisions et donne les consignes à suivre.

"Mon rôle est de transmettre mon énergie et de faire les bons choix rapidement", explique le Vannetais Quentin Delapierre, aux commandes du F50 tricolore et également barreur du défi français de la prochaine Coupe de l'America.

Son ami de longue date, Kevin Peponnet, est régleur d'aile à bord. Bras armé du barreur, il utilise une écoute pour donner à l'aile rigide du navire - son unique moteur - l'orientation souhaitée en fonction des allures de vent.

- Observation et puissance -

"La connexion avec le barreur doit être importante. Il faut pouvoir réagir dans la demi-seconde aux instructions données par Quentin ou, encore mieux, faire en sorte qu'il n'ait même pas besoin de parler", détaille Peponnet, champion du monde de voile (470) en 2018.

Pendant les manches, un contrôleur de vol ajuste la hauteur des foils, ces appendices latéraux qui permettent au bateau de s'élever au dessus de l'eau tandis que deux "grinders", les marins les plus imposants physiquement, sont chargés d'apporter la puissance aux systèmes hydrauliques du navire en tournant un gigantesque moulin à café.

Enfin, le tacticien incarne les yeux de la bande alors que les autres membres poussent frénétiquement le bateau à ses limites techniques, souvent au détriment de leur vigilance. Il prévient le barreur en cas de croisements imminents et évalue les différentes possibilités de trajectoire.

A Saint-Tropez samedi, "il y avait un vent très changeant en direction et en intensité, il fallait vraiment quelqu'un à l'extérieur du bateau et donc un gros rôle de ma part d'observation et de prise de décisions tactiques", résume la stratège bretonne Amélie Riou, qui espère décrocher un ticket pour les Jeux de Paris en 49erFX.

Avec 10 bateaux filant sur le même plan d'eau à plus de 60 km/h, le risque de collision est permanent et les chavirages fréquents, mais les marins disposent d'une tenue légère pour pouvoir se déplacer à plusieurs reprises d'un côté à l'autre du bateau.

Avec un casque de sécurité vissée sur la tête, une petite bouteille d'oxygène glissée dans leur gilet et un harnais permettant de rester attaché au navire, ils sont parés pour se lancer dans des joutes spectaculaires et risquées. "Car à ces vitesses-là, la moindre erreur peut mener au crash", souligne Delapierre.

V.Agnellini--IM