Mondial de basket: l'opération reconquête des Etats-Unis s'arrête en demies
Echec de l'opération reconquête. En manque d'expérience internationale, de vécu collectif et peut-être aussi d'un peu de talent, les Etats-Unis ont pris la porte en demi-finales du Mondial de basket, vendredi à Manille contre l'Allemagne (113-111), alors qu'ils ambitionnaient de reprendre leur titre.
Cela ne les consolera pas, mais les Américains ont fait mieux que leurs prédécesseurs de 2019, qui s'étaient arrêtés en quarts de finale face à la France.
Ils attendront au moins quatre ans supplémentaires avant de ramener un sixième titre de champions du monde, seulement: "Team USA" a remporté un quart des Mondiaux disputés (5/19 en comptant celui-là), dont deux (sur six) au 21e siècle.
Cette statistique dit en partie le désintérêt des joueurs de NBA pour la Coupe du monde, à l'inverse des Jeux olympiques.
Des 12 Américains en or à Tokyo en 2021 (Durant, Lillard, Tatum, Booker...), aucun n'était présent cette année.
Assistant de Gregg Popovich aux JO, Steve Kerr a donc assemblé la deuxième équipe américaine la plus jeune depuis le Mondial-2014 (24,6 de moyenne d'âge), dont aucun n'a plus de 27 ans.
Mais aucun, non plus, n'avait porté le maillot de Team USA avant la compétition.
- "Fonctionnement différent" -
Comme face à la Lituanie au deuxième tour (104-110), ce manque de vécu collectif commun a été rédhibitoire face aux Allemands, troisièmes de l'Euro-2022 et qui disputeront, dimanche contre la Serbie, la première finale mondiale de leur histoire.
D'autant plus dans ce basket Fiba (la fédération internationale), dont certaines règles diffèrent de celui pratiqué en NBA.
"Je ne sais pas comment on pourrait trouver de la continuité. C'est irréaliste de demander aux mêmes 10 joueurs de jouer été après été. La tradition d'USA Basketball (la fédération américaine, NDLR) est de toujours donner le relais au prochain coaching staff, au prochain groupe de joueurs", a commenté après l'élimination Kerr.
"C'est un fonctionnement différent des autres pays. Nous avons du talent, beaucoup de bons joueurs qui tous, comme les coaches, méritent d'avoir l'honneur de porter un jour le maillot national", a ajouté le quadruple champion de NBA avec les Golden State Warriors.
Question talent justement, cette équipe américaine n'était probablement pas assez outillée pour passer l'obstacle de l'Allemagne qui, comme de nombreuses autres nations, regorge de joueurs évoluant en NBA (quatre à ce Mondial).
"Le jeu s'est mondialisé depuis 30 ans. Ces matches sont difficiles à gagner, le Mondial et les Jeux olympiques sont difficiles à gagner, ce n'est plus comme en 1992 (la Dream Team aux JO de Barcelone, NDLR). Toutes les équipes ont progressé", a souligné Kerr.
- Intérieur et défense -
Team USA ne comptait dans ses rangs que deux All-Stars, les arrières de Minnesota Anthony Edwards (23 pts vendredi) et d'Indiana Tyrese Haliburton (7 pts et 8 passes décisives).
Aux côtés d'Edwards, dont la passe en touche à 30 secondes de la fin (113-109) a cependant précipité la défaite, Austin Reaves (21 pts dont 11 dans les cinq dernières minutes) et Mikal Bridges (17) ont tenu leur rang.
Mais le meneur titulaire Jalen Brunson est passé à côté de son match (15 pts à 3/8 à deux points), alors que le secteur intérieur, faiblesse identifiée avant la compétition, a souffert: Paolo Banchero, Jaren Jackson Jr et Bobby Portis ont cumulé 19 points et 7 rebonds, tandis que l'intérieur allemand Daniel Theis, par exemple, termine avec 21 unités et sept prises.
Pour contrebalancer ce manque de taille dans la raquette, Kerr misait sur l'homogénéité de son effectif et son impact athlétique, la "second unit" venant très tôt au relais du cinq de départ pour maintenir la pression défensive.
Avec succès en quarts de finale contre l'Italie (100-63), beaucoup moins face à la Mannschaft qui a, selon Kerr, "semé la panique dans la défense" américaine pour mettre Andreas Obst dans un fauteuil (24 pts), sans que l'entraîneur ne change de système. L'échec de l'opération reconquête est global.
K.Costa--IM