Mondial de basket: la Lettonie, tube en Asie
Après avoir déferlé sur Jakarta, la "tempête" balte s'apprête à frapper Manille, où l'équipe de Lettonie de basket dispute, mercredi contre l'Allemagne, les quarts de finale du Mondial dès sa première participation, écrivant ainsi l'une des plus belles pages du sport letton.
"Tempête lettone à Jakarta", a titré le quotidien national Latvijas Avize après la qualification contre le Brésil dans l'Indonesia Arena, submergée par une vague grenat, la couleur de ce petit pays redevenu indépendant en 1991 après plus de 45 ans passés sous le joug soviétique.
"1,8 million d'habitants, c'est un village ici!" s'amuse auprès de l'AFP Rudolfs Ruze, l'un des 3.000 supporters lettons présents à Jakarta.
Ils ont enflammé la salle au rythme des "Latvia, Latvia!", conquérant le coeur des Indonésiens au fur et à mesure que leur équipe déjouait les pronostics, éliminant la France puis l'Espagne.
Ces exploits ont été suivis au pays devant la télévision ou les écrans géants installés dans des parcs de Riga et attiré au-delà de l'amateur de balle orange.
"Alors que le monde recherche sur Google +Qu'est ce que la Lettonie ?+, moi je tape +Qu'est qu'un quart de finale de Mondial de basket?+", a écrit sur Facebook Armands Vijups, dirigeant d'une start-up.
- Banchi en formateur -
En Lettonie, la balle orange n'est pas une religion comme chez son voisin et frère lituanien, où il a même cimenté l'identité nationale dans les années 1990.
"Après le bronze décrochée aux JO-1992, chaque Lituanien s'est mis à jouer au basket. C'est différent en Lettonie: le basket a toujours été très populaire, mais moins que le hockey sur glace", explique à l'AFP Reinis Osenieks, journaliste à Latvian Television (LTV).
Les Lettons, également représentés sur la scène sportive internationale par Jelena Ostapenko, victorieuse de Roland-Garros en 2017, ou par le double champion olympique de BMX Maris Strombergs (2008 et 2012), ont réservé fin mai un accueil triomphal à leur hockeyeurs, montés pour la première fois sur le podium d'un Mondial (3e).
Côté basket, la Lettonie a été le premier champion d'Europe (1935), a produit le grand meneur de jeu de la sélection soviétique dans les années 1980 (Valdis Valters), et Riga a régné sur le basket féminin européen (18 C1 remportées entre 1960 et 1982).
Mais le pays a moins brillé depuis son indépendance, et la sélection masculine ne s'était même pas qualifiée pour l'Euro-2022.
Après ce couac, Kaspars Cipruss, secrétaire général de la fédération, a convaincu l'expérimenté technicien italien Luca Banchi, son entraîneur à Trieste (Italie) au début des années 2000, de prendre les rênes de la sélection.
"Je me souvenais d'un coach très dur mais très bon formateur. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai fait appel à lui: développer le potentiel de nos jeunes. Il y a beaucoup de bons coaches en Europe mais peu capables de faire bien jouer leurs équipes sans leurs meilleurs joueurs. Luca tire lui toujours le meilleur de son groupe, les absences n'ont aucun impact sur le jeu produit", raconte à l'AFP Kaspars Cipruss.
- Ego et absents -
La Lettonie est en effet privée au Mondial de quatre de ses cinq titulaires: Kristaps Porzingis (Boston Celtics), Janis Strelnieks (AEK Athènes) et Rihards Lomazs (Saragosse) ont déclaré forfait avant le Mondial, alors que le capitaine Dairis Bertans s'est blessé face à la France.
Peu importe, Banchi s'est appuyé sur la jeune garde, dont l'épatant meneur Arturs Zagars (23 ans), au sein d'un groupe très homogène développant un jeu collectif léché.
"A chaque match, n'importe qui peut surgir, prendre feu, marquer ou faire des actions décisives, offensivement ou défensivement", souligne Zagars.
"Qui terminera meilleur marqueur? Qui prendra le plus de tirs? On s'en fiche", complète le meneur-arrière Kristers Zoriks.
Pour Ivars Ozolins, un supporter croisé à Jakarta, le succès de Banchi est "d'avoir su gérer les ego, maintenant nous formons une vraie équipe".
"Il changé l'état d'esprit des joueurs", confirme Reinis Osenieks. "Il a beaucoup impliqué le basket letton, conviant notamment des entraîneurs de clubs aux entraînements de la sélection." Qui est désormais prête à poursuivre son incroyable épopée en Asie.
F.Laguardia--IM