Foot: Sochaux, sauvé de la faillite, retrouve son public après un été de cauchemar
Sochaux, sauvé in extremis de la faillite cet été par un groupe d'investisseurs franc-comtois, a retrouvé son public vendredi pour son premier match à domicile en National 1, un retour compliqué et une lourde défaite qui illustrent la situation encore précaire de ce club historique.
Malgré la déroute contre GOAL FC (0-3), les supporters n'ont pas boudé leur plaisir de retrouver le stade Bonal, eux qui craignaient il y a encore quelques jours un retour au niveau amateur.
Poussé au bord du dépôt de bilan par son propriétaire chinois, le FC Sochaux-Montbéliard a été sauvé par son ancien président historique Jean-Claude Plessis, qui a rassemblé aux côtés de Pierre Wantiez un groupe d'investisseurs locaux.
"Le dépôt de bilan, ce n'est pas forcément être en National 3, ça peut être comme Sedan, en Régional 1 ou en Régional 3. Vous imaginez le désastre", souligne auprès de l'AFP Jean-Claude Plessis, 79 ans, passionné comme au premier jour et qui a eu droit à une ovation debout du stade avant la rencontre.
- "Gestion rigide" -
A l'opposé d'un modèle en plein développement dans le football français, où des groupes étrangers prennent le contrôle des clubs, Sochaux a fait le chemin inverse.
"On n'a réuni que des investisseurs franc-comtois, plus un Alsacien, un ami. On a fait un club local, on a redonné le pouvoir aux gens d'ici", se félicite M. Plessis.
Cependant, celui-ci reste très mesuré: "Tout le monde est content, mais on n'a fait qu'une partie du chemin. Il va falloir assainir. Il faut trouver de nouveaux investisseurs et on va avoir une gestion rigide. On a un effectif de L1: on a 180 personnes au club. Il y aura sans doute un plan social, tout le monde le sait. Mais c'est mieux qu'un dépôt de bilan".
Parmi les autres mesures d'économie, l'équipe ne voyagera qu'en car cette saison.
Sur un budget d'environ 15 millions d'euros (budget "faussé parce qu'on a encore des dépenses de la saison dernière", selon Plessis), un groupe de supporters, les Sociochaux, a réuni plus de 650.000 euros de dons et contribué au sauvetage du club. Ils auront dorénavant un représentant au Conseil d'administration.
"On rêvait d'avoir un pied dans le club pour avoir notre mot à dire", note Florian Pasqualini, un porte-parole des Sociochaux. "On est fiers d'avoir participé au projet de reprise, il y a eu un bel engouement."
- "Appartenance du coeur" -
Ainsi, plus de 9.000 supporters, dont une quarantaine d'anciens joueurs, ont mis la main au portefeuille et dépensé de 50 euros jusqu'à 20.000 euros pour le plus généreux, afin d'aider le club à rester à flot.
"Le club appartient à un groupe de financiers, mais il y a l'appartenance du coeur aussi, et les socios sont les propriétaires de l'appartenance du coeur", reprend Jean-Claude Plessis.
Brigitte Thivind, supportrice sochalienne depuis 33 ans, est soulagée après un été "angoissant". "Tous ces investissements étrangers c'est inquiétant, quand on voit le résultat pour nous au bout de 10 ans... Le foot français a du souci à se faire, et ce qui nous est arrivé va peut-être faire réfléchir d'autres clubs. On voit à Lyon par exemple que ça n'a pas l'air d'être si simple que ça avec leurs investisseurs américains."
Le modèle envisagé à Sochaux dans un premier temps est d'engranger des bénéfices en vendant des joueurs formés au club, après quelques saisons en équipe première.
"Notre système ne peut être basé que là-dessus, sur la vente d'un ou deux joueurs par saison, mais il faut qu'ils arrivent à maturité. C'est notre identité ! Et on ne change pas d'identité comme ça", insiste M. Plessis, fâché de voir de plus en plus de clubs vendre des joueurs de 17 ou 18 ans.
"Moi je vends pas des poussins, je vends des coqs de combat", sourit-il.
Vendredi plus de 14.000 supporters sont venus soutenir Sochaux, un chiffre rare en National, symbole de l'engouement populaire au niveau local. Le club a déjà enregistré plus de 4.000 abonnements. Mais après le coup d'envoi donné par l'idole locale, le cycliste Thibault Pinot, les Lionceaux ont été punis sur trois coups de pied arrêtés. Le chemin est encore long.
L.Marino--IM