Foot : Textor et Aulas en guerre ouverte, tirs croisés et actions judiciaires
La crise sportive de Lyon se double désormais d'une guerre ouverte entre le nouveau propriétaire du club, l'Américain John Textor et son ancien patron historique, Jean-Michel Aulas, avec des accusations de tromperie de l'un, une plainte en diffamation de l'autre assortie d'une saisie conservatoire.
Depuis le début de l'été, Textor et Aulas, brutalement évincé en mai de la direction du club, s'écharpent par médias interposés sur la situation financière de l'Olympique lyonnais.
La situation s'est envenimée au point que la société Holnest contrôlée par M. Aulas, a annoncé mercredi dans un communiqué avoir initié "plusieurs actions judiciaires pour préserver ses droits face aux manquements répétés de John Textor et d’Eagle Football".
Ce communiqué annonce notamment une plainte en diffamation pour des propos tenus par l'homme d'affaire américain mardi.
Ce dernier a accusé Aulas d'avoir "caché" la situation financière réelle du club au moment de la cession. "Il y a eu une évaluation erronée de la situation financière réelle de l'OL au moment de boucler la transaction en décembre dernier", a-t-il dit au cours d'une visioconférence en anglais organisée pour quelques médias.
"Il a caché des mauvaises nouvelles", a-t-il accusé en évoquant les risques liées aux règles de la DNCG, l'organe de contrôle financier du football français.
Holnest a "contesté ces allégations avec la plus grande fermeté", détaillant les échanges entre les deux parties au moment de la cession.
"Par ces propos, John Textor et Eagle Football cherchent - comme ils le font depuis plus d’un an - à se soustraire aux engagements auxquels ils sont pourtant contractuellement tenus envers Holnest", a accusé la holding de JMA.
Holnest a aussi engagé une procédure devant le tribunal de commerce de Lyon et obtenu une saisie conservatoire à hauteur de 14,5 millions d'euros sur les comptes du club, selon les informations obtenues par l'AFP auprès du groupe lyonnais.
- "Comptes bloqués" -
Avec cette procédure de saisie conservatoire, Jean-Michel Aulas "a réussi à faire bloquer tous nos comptes durant une petite semaine en plein milieu du mercato. Pour défendre ses intérêts personnels, il a mis en risque tout le club", a regretté Santiago Cucci, président exécutif de l'OL, dans un entretien avec l'AFP. "Mais la vie du club continue, l'OL est solvable. Il a juste été perturbé grandement durant cinq à six jours", a-t-il dit.
Initialement nommé président exécutif pour trois ans au moment de la vente de son club au groupe Eagle Football, puis révoqué de son poste dès le 5 mai dernier, Jean-Michel Aulas reste actionnaire minoritaire de l'OL à hauteur de 8%, via sa société Holnest.
L'accord de cession prévoit que Eagle Football lui rachète des parts et c'est pour se prémunir d'un défaut de paiement de cette créance qu'une saisie conservatoire de 14,5 millions a été demandée -et obtenue-. L'OL a essayé de faire annuler cette saisie mais le tribunal de commerce a rejeté sa demande en estimant que "la créance est réelle et que la demande d’Holnest est fondée", selon une ordonnance en référé du tribunal de commerce dont l'AFP a eu copie.
Le jugement invoque notamment "de nombreuses incertitudes sur la situation du groupe (Eagle) qui sont des circonstances susceptibles de menacer le recouvrement de la créance de la société Holnest".
IL n'en reste pas moins que l'équipe, en difficulté sportive, est limitée dans son recrutement par les mesures d'encadrement de la masse salariale et des indemnités de mutation prises en juin par la DNCG, le gendarme financier du football français et confirmées en appel. Lyon doit repasser devant l'organe de contrôle des finances des clubs, en octobre ou novembre pour réévaluer sa situation.
Après trois journées de championnat et avant la réception du PSG dimanche soir, l'Olympique lyonnais occupe la 17e et avant-dernière place de la Ligue 1 avec un point seulement au compteur.
O.Esposito--IM