Mondiaux d'athlétisme: Jackson fond sur le record de "Flo-Jo"
Venue du 400 m, la Jamaïcaine Shericka Jackson, qui a conservé l'or mondial du 200 m vendredi à Budapest, réussit si bien sa bascule vers le sprint court qu'elle fond année après année sur le controversé record du monde de l'icône Florence Griffith-Joyner, vieux de 35 ans.
21 sec 45 il y a un an, ce qui en a fait la deuxième femme la plus rapide de l'histoire, pour filer vers son premier sacre mondial individuel. 21 sec 41 vendredi soir, devant les Américaines Gabby Thomas (21.81) et Sha'Carri Richardson (21.92), pour s'en offrir un deuxième d'affilée. Plus qu'à sept centièmes du record du monde - entaché de soupçons - signé "Flo-Jo" en 1988, 21 sec 34. Jackson n'en finit pas d'accélérer depuis qu'elle a délaissé le 400 m pour les courses plus courtes début 2021.
"En 2019, juste après les Championnats du monde, j'ai découvert que j'avais des fractures de stress au tibia. Je n'ai pas pu faire grand-chose en 2020. Après, le Covid-19 est arrivé, ça a été une mauvaise nouvelle pour certains, mais dans mon cas, ça a été une bonne chose pour ma carrière, parce que si les JO (à Tokyo, initialement programmés en 2020, ndlr) avaient eu lieu, je n'aurais probablement pas pu être dans l'équipe", racontait la Jamaïcaine de 29 ans à l'AFP mi-juillet.
- Du 400 m au sprint court -
"Début 2021, j'avais beaucoup de mal, alors mon coach a décidé qu'on allait se concentrer sur le 100 m et le 200 m, poursuit l'élève de Stephen Francis au fameux club jamaïcain MVP. J'étais un peu nerveuse, parce que je ne savais pas si j'en étais capable, à ce moment-là j'avais un programme d'entraînement plus tourné vers le 400 m que le sprint court."
"Quand j'ai commencé le sprint, ça a été vraiment difficile. Mes jambes ne répondaient pas comme il fallait, en venant du 400 m, la vitesse de jambes est très différente, tout l'est", se souvient-elle. Mais "quand le coach décide, je le suis, et voilà. Sa décision était la bonne. Aucun de nous ne la regrette. On a travaillé et je crois qu'on s'en sort plutôt bien."
En plus d'une deuxième médaille d'or sur 200 m, Jackson a obtenu une deuxième médaille d'argent sur 100 m plus tôt dans la semaine à Budapest, comme aux Mondiaux de Eugene (Oregon, Etats-Unis) il y a un an. Elle a également été médaillée de bronze olympique de la ligne droite en 2021 (sans compter les podiums partagés en relais).
Pas de podium olympique sur 200 m en revanche, en raison d'une mésaventure, quand elle a trop décéléré en séries du demi-tour de piste et l'a payé cash.
- "Devenir rapide" -
Avant ça, ses premières médailles internationales étaient arrivées sur 400 m, toutes en bronze, aux JO-2016, après les Mondiaux-2015 et avant les Mondiaux-2019.
C'est âgée d'une dizaine d'années que Jackson s'est mise à l'athlétisme, quand, après avoir vécu avec sa grand-mère, elle a rejoint son père à Saint Ann, dans le nord de l'île caribéenne, où elle est née, à deux heures de Kingston.
"A l'époque, je n'étais pas intéressée par l'athlétisme, mais j'étais contente de ne pas être à la maison", se souvient la musculeuse et discrète Jamaïcaine.
C'est plus tard, alors au lycée à Vere à une petite heure à l'ouest de la capitale, qu'elle s'est vraiment prise au jeu de l'athlé. "J'ai commencé à aimer davantage, c'est là que tout a commencé. Je n'étais pas rapide, mais je voulais devenir rapide, j'ai travaillé pour devenir rapide. Et je suis allée aux Championnats (du monde cadets en 2011) à Paris (en réalité à Lille, NDLR), et je me suis dit: +Je veux faire ça, je veux faire ça !+"
C'est réussi.
N.Tornincasa--IM