Mondiaux d'athlétisme: Mayer cabossé, les chances se réduisent pour la France
Kevin Mayer, qui doit lancer vendredi la défense de son titre mondial du décathlon dans un état de santé incertain, représente une des dernières chances de médaille pour l'équipe de France aux Mondiaux d'athlétisme de Budapest.
En 2022, le recordman du monde du décathlon (9.126 points à Talence en 2018) avait sauvé de justesse le bilan tricolore en ramenant l'or mondial de Eugene (Oregon, Etats-Unis), la seule médaille française.
A Budapest, les Bleus restent scotchés à zéro, un bilan désastreux (déjà vu en 1983 et 1993) qu'ils espèrent éviter à un an des Jeux olympiques à domicile.
Mais dans la capitale hongroise surchauffée, Mayer a rapidement climatisé les attentes des supporters français, nombreux et bruyants chaque soir au stade établi au bord du Danube.
"Kéké" a révélé ses tracas avec un tendon d'Achille gauche douloureux depuis un entraînement de 400 m il y a deux semaines. Et il entend ne prendre aucun risque à un an des Jeux de Paris, le titre suprême manquant encore à son palmarès (argent en 2016 et 2021).
"L'état d'esprit, c'est de ne rien faire pour que ça empire, pour que ça soit onéreux vis-à-vis de Paris, explique-t-il. Tant que ça ne me coûtera pas pour Paris, je veux me laisser une chance."
"J'ai l'expérience d'une grosse blessure à Doha (fissure au tendon d'Achille gauche et déchirure aux Mondiaux-2019), où j'avais trop poussé. J'avais mis jusqu'à février pour recommencer à courir. Je ne veux jamais que ça m'arrive avant Paris", martèle celui qui doit lancer ses dix travaux à 10h05 avec le 100 m.
- 70 minutes décisives -
En pleurs sur le tapis de perche à Doha, poussé à l'abandon, Mayer a souvent dû composer avec son physique pendant les dix épreuves du décathlon qui sollicitent chaque parcelle de son corps.
Petit motif d'espoir pour les Bleus, leur champion, toujours très à l'écoute de son corps et de ses sensations, a déjà terminé avec brio des championnats débutés avec un bilan médical défavorable, comme à Tokyo en 2021 où il avait arraché l'argent olympique malgré des douleurs au dos.
S'il va au bout de la compétition, Mayer se battra pour une médaille sur le 1.500 m à 21h25 samedi soir, quand tout pourrait se jouer en 70 minutes pour l'équipe de France, avec le relais 4x100 m hommes à 21h40.
Les relayeurs espèrent valider leur travail d'équipe mené depuis deux ans, après avoir passé une quarantaine de jours ensemble rien qu'en 2023.
"C'est un collectif de sept athlètes, et désormais je n'ai que des vrais relayeurs, formés", apprécie le responsable Richard Cursaz.
Peu en réussite en individuel, les sprinters bleus, finalistes en 2022, misent sur leur homogénéité et des passages de témoin réussis pour braquer une médaille face à des équipes mieux outillées (Etats-Unis, Jamaïque) mais sûrement moins bien huilées.
Ils devront déjà franchir les séries vendredi soir.
Dimanche, les quelques espoirs restant reposeront sur Rénelle Lamote, qui doit déjà franchir les demies du 800 m vendredi, ou Alice Finot, très en forme, sur 3.000 m steeple.
L.Marino--IM