Mondiaux d'athlétisme: Van Niekerk, enfin le renouveau
Fauché en pleine gloire en 2017, quand on le voyait reprendre le flambeau à peine déposé par Usain Bolt de visage de l'athlétisme, Wayde Van Niekerk redevient un candidat au podium mondial du 400 m six ans plus tard, jeudi à Budapest.
"C'est beaucoup de hauts et de bas, beaucoup d'autopersuasion avant de finir par y arriver vraiment, beaucoup de jours où vous vous levez sans en avoir envie, où vous avez du mal", décrit-il avec le recul.
Retour en 2017. Aux Mondiaux de Londres, Van Niekerk, devenu un an plus tôt champion olympique en dépossédant le légendaire Michael Johnson du record du monde (43.03), conserve l'or mondial et confirme sa mainmise sur le tour de piste. Le polyvalent Sud-Africain élargit même sa palette au 200 m, avec une médaille d'argent, même si le doublé seulement réalisé par Johnson, encore lui, lui échappe. Il rêve tout haut de sprint court.
A ce moment-là, Van Niekerk est le seul homme dans l'histoire de l'athlétisme à être passé à la fois sous les 10 secondes sur 100 m, sous les 20 sec sur 200 m et sous les 44 sec sur 400 m. Il a depuis été rejoint par les Américains Fred Kerley et Michael Norman.
- Star en puissance -
On parle alors de lui, 25 ans à l'époque (31 aujourd'hui), comme de la star en puissance de l'athlétisme mondial, le digne successeur de Bolt au crépuscule de sa carrière.
Son ascension vers les sommets se brise net seulement deux mois plus tard, en même temps que les ligaments croisés de son genou droit, au cours d'un match de gala de touch rugby.
C'est le début d'un très long tunnel pour WVN. "J'ai dû apprendre la patience", dit-il.
On ne le reverra vraiment sur la scène internationale qu'en 2021, année au cours de laquelle il rejoint le prestigieux groupe de l'Américain Lance Brauman en Floride, avec notamment Noah Lyles, tout frais champion du monde du 100 m. Il lui faudra cinq ans pour se refaire une place en finale mondiale, en 2022 (5e).
L'année 2023, enfin, marque son retour dans la lumière, avec son meilleur chrono depuis 2017 signé dès début avril (44.17) et amélioré mi-juillet (44.08), ce qui lui vaut d'être le quatrième meilleur performeur mondial de la saison.
- En finale de justesse -
"Je pense être capable de courir ces chronos agressifs de nouveau. Je pensais ne jamais retrouver ces sensations, ne jamais revenir sur la piste, avouait Van Niekerk mi-juin à Oslo, pour son grand retour en Ligue de diamant, le circuit de meetings le plus prestigieux. Mais quelque chose de plus grand m'a fait ne pas abandonner. Je suis très spirituel, je me suis reposé sur la foi pendant mes jours difficiles."
"J'ai toujours été fort mentalement. Malgré ça, j'ai dû explorer des états dans lesquels, en tant que mec dur, on ne veut pas se trouver, où on se sent faible, poursuivait-il. J'ai dû travailler là-dessus aussi."
Le renouveau de Van Niekerk, régulier à haut niveau depuis le début de la saison, le portera-t-il jusque sur le podium mondial à Budapest ?
"Je sens que je me rapproche de mon meilleur niveau. Seul le temps dira quand j'y reviendrai", estimait après son entrée en lice le Sud-Africain, qui continue de rêver de la frontière des 43 secondes.
Apparu à l'aise en séries, il n'a gagné sa place en finale que de justesse, au temps.
"J'ai du temps pour récupérer et me ressaisir, retient le double champion du monde. J'espère être capable de gagner une médaille."
Coups de pouce: il pourrait profiter de l'absence de Norman, tenant du titre mondial, et du Bahaméen Steven Gardiner, champion olympique en titre, qui s'est blessé en pleine demi-finale mardi.
E.Mancini--IM