Mondiaux d'athlétisme: Jacobs, Kerley, Omanyala, Lyles, foule de prétendants sur 100 m
Marcell Jacobs dans une forme incertaine, Fred Kerley pas intouchable, Zharnel Hughes et Ferdinand Omanyala les plus rapides de la saison, Noah Lyles l'ambitieux : ils sont foule à prétendre dimanche (19h10) au sacre sur 100 m, ouvert comme rarement aux Championnats du monde d'athlétisme à Budapest.
A cette liste déjà fournie, est venu s'ajouter le Jamaïcain Oblique Seville, auteur du meilleur chrono des séries samedi soir, en 9 sec 86, record personnel égalé, devant Lyles (9.95).
L'avant-saison avait été animée par la perspective d'alléchantes confrontations directes - rares en athlétisme - entre les deux hommes forts du moment sur la ligne droite : Jacobs, le champion olympique et d'Europe en titre, et Kerley, le champion du monde sortant. Mais après les premiers rounds à distance sur les réseaux sociaux, ceux attendus sur la piste avant Budapest n'ont finalement jamais eu lieu.
La faute à Jacobs (28 ans), arrivé avec une seule course au compteur depuis le début de l'été à cause de douleurs dorsales : un 100 m quelconque en 10 sec 21, terminé à la septième place en juin à Paris.
Dans la soirée de samedi, il a passé de justesse le cut des séries, en 10 sec 15, ce qui représente le 19e chrono des qualifiés pour les demi-finales. "J'ai fait beaucoup d'erreurs, surtout dans la première partie de course. (...) Je ne sais vraiment pas si j'ai la forme pour rivaliser avec ces athlètes fantastiques", avoue-t-il.
- Kerley 4e performeur en 2023 -
"Ça n'a pas été une saison facile, il y a eu beaucoup de préoccupations, de doutes, d'inquiétudes", convient le sprinter italien, sans repère et sans rythme.
Invité en amont de la compétition à se situer sur une échelle de 1 à 10, Jacobs a préféré décliner. "Je suis en bonne forme, mais peut-être qu'il y a eu trop de blessures ces deux dernières saisons."
Il y a un an, avant de se parer d'or européen à Munich (Allemagne), Jacobs avait vu son début de saison estivale, et ses Mondiaux-2022, gâchés par des blessures musculaires aux deux cuisses.
Quant à Kerley, monté sur la plus haute marche d'un podium mondial 100% américain à domicile à Eugene (Oregon) l'été dernier (devant Bracy et Bromell, absents à Budapest), il ne paraît pas intouchable en 2023.
Son meilleur chrono de l'été, 9 sec 88 courues dès sa rentrée fin mai au Japon, n'en fait "que" le quatrième meilleur performeur mondial de la saison. Et le Texan de 28 ans reste sur une défaite avant Budapest, de justesse, mi-juillet à Chorzow (Pologne).
Devant Kerley aux bilans mondiaux 2023, et forcément prétendants au podium de la course reine à Budapest - outre Seville -, le Britannique Zharnel Hughes, détenteur de la MPM en 9 sec 83, record national qui appartenait depuis trente ans à Linford Christie, et le Kényan Ferdinand Omanyala, un centième derrière (9.84).
- L'heure de l'Afrique ? -
Et si la course reine souriait enfin à l'Afrique ?
Au crédit d'Omanyala (27 ans), qui n'a encore jamais connu de finale mondiale, le musculeux Kényan venu du rugby est le seul à avoir couru à deux reprises en moins de 9 sec 90 cette saison.
Comme lui, deux autres sprinters africains espèrent se mêler aux débats : le Sud-Africain Akani Simbine (29 ans), troisième chrono samedi (9.97), et le jeune Botswanais Letsile Tebogo (20 ans), en retrait en séries (10.11, 13e temps).
Habitué des places d'honneur, quatrième ou cinquième des deux dernières finales olympiques et trois dernières finales mondiales de la ligne droite, c'est Simbine qui avait devancé Kerley à Chorzow. La dernière d'une série de quatre victoires sur 100 m, dont deux en Ligue de diamant.
Jamais un sprinter africain n'a été sacré champion du monde du 100 m. L'or mondial n'a plus échappé aux Etats-Unis ou à la Jamaïque depuis la victoire surprise du coureur de Saint-Kitts-et-Nevis, Kim Collins, il y a vingt ans à Paris.
Il faudra dompter les ambitions de Lyles pour changer ça. Le double champion du monde en titre du demi-tour de piste s'attaque au doublé 100 m-200 avec "de bonnes raisons de penser" qu'il est "capable de faire quelque chose d'inédit", ose-t-il. L'Américain de 26 ans a répété viser 9 sec 65. Plus de deux dixièmes de moins que son record personnel qui remonte à 2019. Et seulement sept centièmes moins vite que le record du monde du légendaire Usain Bolt.
L.Sabbadin--IM