Athlétisme: quand Bol prend toute la lumière
La star du 400 m haies Sydney McLaughlin se consacrant au 400 m en 2023, Femke Bol sort de son ombre : la Néerlandaise a pulvérisé la frontière des 52 secondes pour devenir la deuxième femme la plus rapide de l'histoire de la spécialité au meeting de Ligue de diamant de Londres dimanche.
"Peut-être que si McLaughlin se disperse, ça ouvrira des opportunités", envisageait son entraîneur Laurent Meuwly auprès de l'AFP il y a quelques mois. Avec les Mondiaux à Budapest qui se profilent dans moins d'un mois (19-27 août), le technicien suisse semble avoir vu juste.
Dans le majestueux stade olympique londonien garni de quelque 50.000 spectateurs, Bol, vice-championne du monde 2022 - derrière McLaughlin - et médaillée de bronze olympique 2021 du 400 m haies, a bouclé son tour de piste en 51 sec 45. Record d'Europe, qu'elle détenait déjà, amélioré de plus d'une demi-seconde, 58 centièmes précisément.
Troisième meilleur chrono de l'histoire, derrière deux de sa rivale américaine détentrice du record du monde en 50 sec 68. Troisième femme de l'histoire sous les 52 secondes, avec McLaughlin et une autre Américaine, Dalilah Muhammad (51.58 en 2021). Et, évidemment, meilleure performance mondiale de la saison (MPM), avec près de deux secondes de marge.
- "Pas de complexe" -
Jusque-là, la Néerlandaise de 23 ans avait couru au plus vite en 52 sec 03, en finale olympique il y a deux ans.
"Je veux courir sous les 52 secondes depuis Tokyo, retrace-t-elle de sa voix fluette haut perchée. Je sentais que j'en étais capable mais je n'arrive pas encore à croire que je l'ai fait !"
"Je me suis sentie vraiment bien à certains moments de la course, et tellement forte en franchissant la dernière haie, mais j'essayais de ne pas penser à l'objectif, raconte Bol. J'espère être encore en meilleure forme que maintenant aux Championnats du monde, et qu'on pourra proposer une super course, un super spectacle."
Quelle est la recette de la réussite de la triple championne d'Europe 2022 (400 m, 400 m haies et relais 4x400 m féminin) ?
Bol "a une grande foulée naturelle économique, mais avant les qualités physiques, c'est quelqu'un de très bien organisé, qui planifie tout dans les détails, qui a toujours un plan A, un plan B, décrit Meuwly. Elle est très pro dans sa manière d'aborder toutes les étapes de l'entraînement, la planification, la récupération... C'est idéal de travailler avec une athlète comme ça. Elle est dédiée à sa pratique."
Par rapport à McLaughlin, "elle ne fait pas de complexe, affirme-t-il. Elle voit qu'elle va dans la bonne direction. Elle est focalisée sur (le fait de) venir le plus près possible, pour être prête au moment de l'affronter." Même s'il faut attendre 2024.
- Hassan battue sur 5000 m -
Noah Lyles a lui remporté un 200 m hyper rapide : en 19 sec 47 (vent: 1,6 m/s), l'Américain double champion du monde en titre du demi-tour de piste a signé le troisième meilleur chrono de sa carrière, outre la MPM.
Dans son sillage, le jeune Botswanais Letsile Tebogo (20 ans), deuxième en 19 sec 50, s'est offert le record d'Afrique du Namibien Frankie Fredericks qui tenait depuis plus de 25 ans (19.68 aux JO-1996) et est devenu le sixième meilleur performeur de l'histoire. Troisième en 19 sec 73, Zharnel Hughes s'est lui emparé du record britannique vieux de presque trente ans.
Sans Sha'Carri Richardson, absente de dernière minute, ischio-jambiers douloureux, le 100 m féminin a été dominé par l'Ivoirienne Marie-Josée Ta Lou en 10 sec 75 (vent: 1,2 m/s) devant la Britannique Dina Asher-Smith (10.85) et la Jamaïcaine Shericka Jackson (10.94).
L'autre athlète néerlandaise qui brille, la polyvalente Sifan Hassan, a été battue sur 5000 m, doublée dans la dernière ligne droite par l'Ethiopienne Gudaf Tsegay (14:12.29) et la Kényane Beatrice Chebet (14:12.92, record personnel pulvérisé de plus de 20 secondes). Même troisième, la lauréate surprise du marathon de Londres a néanmoins raboté son record d'Europe de la distance de plus de huit secondes (14:13.42 contre 14:22.12) dans un contexte de fond et demi-fond en ébullition.
I.Pesaro--IM