Il Messaggiere - L'argent, nerf de la guerre pour un jeune alpiniste pakistanais en quête de records

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L'argent, nerf de la guerre pour un jeune alpiniste pakistanais en quête de records
L'argent, nerf de la guerre pour un jeune alpiniste pakistanais en quête de records / Photo: Amna YASEEN - AFP

L'argent, nerf de la guerre pour un jeune alpiniste pakistanais en quête de records

Pour réaliser son rêve de gravir tous les plus hauts sommets de la planète, le jeune alpiniste pakistanais Shehroze Kashif doit se confronter aux températures glaciales et aux morsures du vent. Mais son principal défi reste sans doute de collecter l'argent nécessaire.

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A 21 ans, il ambitionne de devenir cette année le plus jeune alpiniste à gravir les 14 sommets de plus de 8.000 m. Tous sont en Asie, dans les massifs de l'Himalaya ou du Karakoram, dont cinq au Pakistan.

Il n'avait que 19 ans et 138 jours quand il est devenu en juillet 2021 la plus jeune personne à avoir gravi les deux plus hauts sommets au monde, l'Everest (8.849 m) et le K2 (8.611 m).

L'ascension de l'Everest lui a coûté 60.000 dollars (55.000 euros). Et pour les 14 sommets, l'addition s'élève à plusieurs centaines de milliers de dollars, une somme difficile à réunir dans un pays en proie à une grave crise économique.

"Mon père a vendu ma voiture et une parcelle de terre (...) C'est comme ça que j'ai fait l'Everest", explique-t-il à l'AFP dans sa maison de Lahore, la capitale de la province du Pendjab, sa ville natale située en basse altitude.

Une cinquantaine de personnes seulement auraient escaladé ces 14 sommets.

Le Népalais Mingma Gyabu "David" Sherpa est pour l'instant le plus jeune à avoir réussi cet exploit, à l'âge de 30 ans et 166 jours en octobre 2019, selon le Livre Guinness des records.

Pour battre ce record, Kashif a encore trois montagnes à vaincre: le Cho Oyu, le Shishapangma et le Manaslu, qu'il doit une nouvelle fois escalader car un nouveau point culminant, plus élevé, a officiellement été reconnu en 2021.

- "Broad Boy" -

Il est talonné dans cette course au record par Adriana Brownlee, une alpiniste de 22 ans à la double nationalité britannique et espagnole.

Contrairement à celle-ci, qui a gravi 10 sommets de plus de 8.000 m, le Pakistanais ne s'appuie sur aucun sponsor international et il a même du mal à obtenir du soutien dans son pays.

Brownlee devra elle aussi escalader une nouvelle fois le Manaslu. Elle a déjà échoué deux fois après l'avoir réussi.

"Je pense qu'elle m'attend (pour le faire) en fait", plaisante Kashif en riant.

Il a été initié à la montagne à 11 ans, quand la plupart des jeunes Pakistanais de cet âge n'ont d'yeux que pour le cricket. Il a grimpé le Makra Peak (3.885 m), au cours de vacances avec son père dans le nord du Pakistan.

Il est aussi le plus jeune à avoir atteint les sommets du K2 et du Broad Peak (8.047 m, Pakistan), son premier "8.000", une performance qui lui a valu son surnom sur les réseaux sociaux de "Broad Boy".

"Il ne s'agit pas seulement de grimper les montagnes. Il s'agit de l'énergie que les montagnes vous transmettent", médite-t-il. "Chaque montagne a son charme propre. Sa propre aura de (...) danger, d'aventure et de bonheur."

- "La même passion" -

Kashif est bien conscient du risque encouru sur ces "8.000", tous parsemés de souvenirs honorant la mémoire de ceux qui ont disparu sur leurs pentes.

"Ces gars étaient là avec le même potentiel, la même passion, le même enthousiasme, la même détermination et la même tolérance (que moi)", ajoute-t-il.

Son pire moment, il l'a vécu en juillet 2022 pendant l'ascension du Nanga Parbat (8.126 m), au Pakistan.

Lui et son compagnon de cordée, Fazal Ali, se sont perdus en raison du mauvais temps après être parvenus au sommet, et ont rapidement été à court d'oxygène, de nourriture et d'eau.

"J'ai commencé à halluciner", raconte Kashif. "Ma tête fonctionnait (mais le) reste de mon corps était complètement engourdi."

Quand il s'est réveillé après avoir pris du repos, il fut surpris d'être encore en vie et déterminé à survivre. Après six heures de marche, les deux hommes parvinrent à atteindre l'un des camps d'altitude.

Ce dont il a eu le plus peur pendant cette expérience, dit-il, c'était qu'il ne voulait pas mourir sans avoir au préalable su "ce dont (son) corps était capable".

L.Sabbadin--IM