Mondiaux de para athlétisme: Fleur Jong, une championne dans son jardin à Paris
Le sourire est contagieux, le drapeau néerlandais fièrement posé sur ses épaules: à 27 ans, la spécialiste du saut en longueur Fleur Jong a été sacrée lundi championne du monde de para athlétisme, le dernier titre qui lui manquait.
"J'arrive, j'arrive": au coeur de la zone mixte du Stade Charléty, réservée à la presse, Fleur Jong ne boude pas les questions des journalistes.
Ses prothèses de course à ses côtés, la Néerlandaise amputée des deux jambes prend le temps d'expliquer à deux médias étrangers sa façon de marcher au quotidien.
"Je saute avec la jambe gauche", détaille Jong, en joignant les gestes à la parole.
C'est sa jambe gauche, justement, qui vient de la propulser au sommet mondial à 27 ans, dans la catégorie T64.
Un titre de plus, le seul qui manquait au palmarès de cette grande athlète aux cheveux blonds, notamment championne d'Europe en 2021 en Pologne (sur 100m et au saut en longueur), et championne paralympique de la longueur à Tokyo la même année.
Quelques jours plus tôt avant les Mondiaux à Paris, elle avait exprimé son souhait en conférence de presse de l'emporter. Aujourd'hui elle est "une championne complète".
"J'ai complété le tableau, c'est historique. Bien sûr je veux plus mais c'est une première étape", se réjouit Fleur Jong.
Grande favorite de l'épreuve, elle a pourtant d'abord mordu ses deux premiers essais, s'exposant à une possible élimination en cas de troisième échec.
"C'était un peu effrayant, je ne vais pas mentir", répond-elle.
"J'ai parlé avec mon entraîneur, j'ai été honnête avec lui je lui ai dit 'j'ai peur, je panique, aide moi' et il m'a dit qu'on allait reculer un peu, que je devais courir de la même manière".
Au final, elle réalise le record des championnats du monde grâce à un saut de 6,28m.
"Si je voulais être une vraie championne, je devais surmonter ce moment", juge t-elle.
- Fan de Marie-Amélie Le Fur -
Un peu plus de dix ans plus tôt, un premier obstacle s'oppose à elle quand, à l'approche de ses 17 ans, une infection bactérienne du sang lui cause "un choc toxique" et entraîne finalement l'amputation de ses deux jambes.
Moins de trois ans plus tard, elle décroche le bronze aux Mondiaux de Doha (2015) sur 200m, avant de glaner ses premiers titres et multiplier les records du monde du 100m et du saut en longueur.
Et parmi ses inspirations figure la triple médaillée d'or paralympique Marie-Amélie Le Fur, une "grande championne".
Cette dernière lui a promis, "je viens te voir aux Mondiaux, j'amène mes parents", se souvient Fleur Jong, "fière qu'elle puisse (la) voir sauter", déclare-t-elle dans un sourire.
Un sourire qu'elle semble garder en permanence, même avant son épreuve lundi.
"L'athlétisme est amusant, le saut en longueur est l'une des plus belles épreuves, alors si je ne prends pas de plaisir, qu'est ce que je fais ici ? J'essaie toujours de m'amuser, même si c'est difficile quand on est nerveuse".
Désormais sacrée en saut, Fleur Jong tentera de réitérer à partir de jeudi sa performance sur le 100m.
Avant de peut-être déjà penser aux Jeux paralympiques 2024 dans la capitale française : "Je suis toujours heureuse ici. Paris est prête, et j'ai hâte d'être à l'année prochaine".
F.Laguardia--IM