Sur la route des Jeux: Camille Lecointre et Jérémie Mion veulent "jumper sur le podium"
Tous deux ex-champions du monde, Camille Lecointre et Jérémie Mion viseront l'or aux JO-2024 en 470, discipline désormais mixte. Jusqu'aux Jeux de Paris, la barreuse originaire du Havre et son équipier racontent leur parcours à l'AFP.
Dans ce cinquième épisode, ils reviennent sur leurs résultats du premier semestre, la difficile découverte d'un nouveau bateau et le test-event qui débute la semaine prochaine à Marseille, où ils espèrent un podium.
. Viser "un poil au-dessus"
Camille Lecointre: "Avec Palma, Hyères et les championnats d'Europe, on a enchainé trois grosses compétitions où on finit bien placés. C'était costaud et c'est bien d'avoir tenu la cadence, sans contre-performance. On fait 5e, 7e et 4e, donc notre niveau actuel c'est Top 5. On vise un poil au-dessus, il faut progresser encore."
Jérémie Mion: "Le rythme de compétitions nous a empêchés de travailler sur des gros dossiers +matos+ ou technique. On est restés sur nos acquis et on a essayé de gérer au mieux avec ce qu'on avait, à défaut de pouvoir développer des choses. C'était vraiment intense et tous les équipages ressortent éprouvés de ces trois mois. La satisfaction de l'Euro, c'est la victoire en medal-race, une première ensemble. C'est bien parce que c'est un moment particulier, avec peu de bateaux, ça va vite. Mais je pense qu'on a prouvé à d'autres moments qu'on pouvait le faire. A Hyères par exemple, on finit 7e mais sur les finales on est premiers de la flotte. On paie juste deux jours de qualification où on a cassé, dessalé... On a tout eu."
. Les surprises du nouveau bateau
Lecointre: "A Hyères, on avait sorti un nouveau bateau. A un moment, il faut y aller en cherchant le +moins pire+ moment. Mais on a eu énormément de vent et il y a des choses qui n'ont pas tenu, le bateau n'était pas encore fiabilisé. Un nouveau bateau, il sort de l'usine, il est monté par des mecs qu'on ne connait pas... Même si le moule est le même, il y a plein de choses qu'on découvre, des petites différences qui apparaissent. On ne sait pas comment il a séché, on n'a pas surveillé la construction... Les gars de la course au large passent leur temps sur le chantier. Nous on récupère un truc qui sort d'une remorque."
. Repères et axes de travail
Mion: "Le premier objectif au test-event, c'est de remonter un petit cran au-dessus par rapport à la concurrence internationale. On est autour de la 5e place et on voudrait essayer de jumper sur le podium. Le deuxième, tout aussi important, c'est prendre nos marques sur le plan d'eau pour l'année prochaine en configuration de vraie régate, avec de la pression, voir comment ça fonctionne, ce qu'il faut faire techniquement et tactiquement. Ça nous donnera de bons repères pour l'année prochaine, de bons axes de travail. Le format est très différent de ce qu'on fait en championnats parce qu'il n'y aura qu'une vingtaine de bateaux. C'est beaucoup moins que d'habitude, presque comme une medal-race. Pour la tactique et les départs, ça va tout changer et ça sera pareil aux JO."
. Charge mentale
Lecointre: "On veut aussi prendre de l'expérience dans la gestion de la pression. C'est hyper important pour les Jeux. Si on se qualifie, il y aura des écueils qu'on évitera en 2024 parce qu'on aura appris au test-event. Vivre les Jeux à la maison, c'est nouveau et on découvre plein de choses, on est beaucoup plus sollicités."
Mion: "Cette charge mentale, je ne l'avais pas mesurée et c'est un défi. J'essaie d'en sortir mais sans succès. Hier, j'ai eu huit messages de personnes de milieux différents qui veulent te voir, faire une interview, la famille qui demande des tickets... Avant, ça n'a jamais été un sujet. Rio, c'était cinq personnes qui se déplaçaient à tout casser. Tu t'arrangeais. Là, c'est tout le monde. Il faut faire attention à ce que ça ne devienne pas un désavantage. On n’est pas dans la même bulle que d'habitude."
Propos recueillis par Stanislas TOUCHOT
V.Agnellini--IM