Du Béarn à la Normandie, Macron et Borne font leur "diagnostic" des émeutes
Après les émeutes, retour sur le terrain: à Pau pour Emmanuel Macron, à Lisieux pour Elisabeth Borne, l'exécutif s'est penché jeudi au chevet des habitants et des élus locaux, "à l'écoute" pour un "diagnostic" de la crise, sans solutions arrêtées pour en sortir.
Le 27 juin, alors que Nahel, 17 ans, était tué par un policier lors d'un contrôle à Nanterre (Hauts-de-seine), Emmanuel Macron se trouvait à Marseille pour une de ces visites prolongées qu'il affectionne. Depuis, l'exécutif a dû gérer plusieurs nuits d'émeutes depuis la salle dédiée à la cellule interministérielle de crise.
"Vous êtes président de la république, vous avez voulu l'être. Donc vous avez signé pour affronter", lance l'édile au chef de l'Etat sous un imposant tableau d'Henri IV, en saluant son courage.
"Je suis devant vous aujourd'hui dans un moment grave pour le pays. Et je crois que tous nos compatriotes, nous tous, avons vécu avec une forme de sidération d’abord, de conscience de la gravité ce moment de violence", entame M. Macron.
- "Courte vue" -
"J'entends parfois: +il ne comprend pas les problèmes de la France+. Mais qui avait prévu ce qui allait se passer sous cette forme, dans des villes qui parfois n'avaient jamais connu de phénomène de violence urbaine ?", interroge le président.
Pas de réaction "à courte vue" à attendre de l'exécutif. Ni tout-répressif droitier, ni amplification de la politique de la ville prônée par la gauche, explique Emmanuel Macron : "la réponse ne viendra pas du président ou du gouvernement mais d'une capacité à mettre en vibration le pays dans toutes ses strates".
"D'évidence, nous avons un problème d'autorité dans la société, qui commence par la famille", glisse le président.
Des émeutes urbaines, il n'en est pourtant guère question dans les prises de parole des élus, qui évoquent la ligne ferroviaire à grande vitesse, la liaison aérienne avec Paris, les lourdeurs administratives. "On a la décentralisation honteuse", abonde M. Macron.
"La nuit dernière l'a montré, on est revenu à peu près à une situation normale", s'est réjouie de la Première ministre, dont c'est le quatrième déplacement depuis le début des émeutes.
- "Choc émotionnel" -
Mais "comment expliquer ces violences? On a besoin de comprendre, de prendre le temps du diagnostic. Il ne faut pas se précipiter avec des clichés", a mis en garde Mme Borne, au diapason du président.
"Ca fait peur?", demande la Première ministre en déambulant au pied des tours. "Oh oui", lui répond une femme. "C'était un choc émotionnel, on aurait dit une guerre civile", ajoute une autre.
Dans ce quartier "prioritaire" de la politique de la ville, où trois des quatre bureaux de vote ont choisi Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle, Elisabeth Borne confirme au buraliste, encore sous le "choc", qu'elle a donné "des autorisations pour reconstruire le plus vite possible".
"Après les gilets jaunes, on a des commerçants qui sont un peu à bout", dit-elle.
"J'espère que votre visite au moins servira à quelque chose", lui lance la maire adjointe Corinne Lejeune. "La détresse des gens je l'ai vue, il faut les rassurer".
Le maire-adjoint de Caen Aristide Olivier ajoute qu'il voudrait des réponses sur "deux jambes", à la fois "le côté répressif car il y a une vraie question liée aux mineurs" mais aussi l’aspect "éducatif".
"Il y a évidemment un très gros sujet d'éducation", lui répond la Première ministre qui promet de "revisiter" les cours d'enseignement moral et civique. Mais les parents aussi doivent prendre "leur part".
F.Laguardia--IM