"Un truc de malade": Lafay délivre déjà la nation sur le Tour de France
"Un truc de malade". Parti comme une balle à la flamme rouge, Victor Lafay a signé la première victoire française sur le Tour de France dimanche à Saint-Sébastien et mis fin à la malédiction de son équipe Cofidis.
L'année dernière, il avait fallu attendre la 19e étape pour voir Christophe Laporte décrocher le premier et unique succès tricolore. Dimanche, un Lyonnais décontracté de 27 ans a délivré la nation dès le deuxième jour. Et de quelle manière !
Présent à l'avant dans un groupe d'une vingtaine de coureurs - que des cadors - l'homme à la barbichette a jailli pour faire le "coup du kilomètre", coiffant au poteau les favoris et le maillot jaune Adam Yates.
"Quand j'ai fait mon effort, je ne réfléchissais même pas à gagner. Je voyais la ligne, je regardais le compteur, 500 mètres, 400 mètres, et j'y ai cru jusqu'au bout. C'est un truc de malade", a jubilé le héros du jour.
La veille, il avait déjà fait très forte impression en basculant avec Pogacar et Jonas Vingegaard, les deux grands favoris du Tour, au sommet de la côte de Pike. Avant de terminer sixième de l'étape à Bilbao avec des regrets plein la musette pour ne pas avoir osé y aller.
Vingt-quatre heures plus tard, c'est lui qui s'est montré le plus malin, malgré un point de côté en milieu d'étape. "Pour une fois j'ai bien couru", a lancé le puncheur français avec l'oeil qui frise.
- "Il gagne ce con" -
L'identité des deux coureurs arrivés derrière lui - Wout van Aert qui a tapé son guidon de rage et Tadej Pogacar venu chiper encore des secondes de bonifications - offre une idée de l'exploit qu'a réussi Lafay.
Le Français endosse aussi le maillot vert et grimpe à la quatrième place au général, à 12 secondes de Yates.
Cette victoire "va entre guillemets me faire exploser mais il faut garder la tête froide", a-t-il commenté, bien conscient de la portée d'une victoire d'étape sur la plus grande course du monde.
Ses propres coéquipiers n'en revenaient pas. "A 1 km, les gars m'ont demandé qui a gagné. J'ai dit Victor, mais en déconnant. Et là j'ai vu qu'il gagne ce con. C'est énorme!", s'est marré son compagnon de chambre, Anthony Perez.
Pour son équipe Cofidis, cette première victoire sur le Tour depuis Sylvain Chavanel en 2008 constitue une "délivrance", s'est réjoui le manager général Cédric Vasseur.
"Hier, on a senti que Victor était dans une forme exceptionnelle, c'était le seul capable d'accompagner les deux derniers vainqueurs du Tour de France. Ce matin, je lui ai dit qu'avec des jambes comme ça, il était obligé de gagner une étape", a-t-il ajouté.
"Je suis très heureux de délivrer l'équipe de ce fardeau", a commenté le vainqueur du jour qui va continuer à chasser les étapes, aider Bryan Coquard pour le sprint et Guillaume Martin pour le général.
- Pogacar chasse les bonus -
Pour Lafay, le simple fait d'être resté avec les meilleurs dans le Jaizkibel, montée mythique du Pays basque, débordant de supporters locaux, constitue un petit exploit. Car il ne restait plus que les plus costauds et même des prétendants au podium comme Ben O'Connor ou des attaquants de la veille comme Thibaut Pinot ont été décrochés.
Au sommet du Jaizkibel, le duel annoncé entre Pogacar et Vingegaard s'est matérialisé en seulement quelques mètres, lorsque les deux ogres ont posé une bombe pour créer un écart énorme en un rien de temps.
Grâce à son punch supérieur, Pogacar a pris les huit secondes de bonifications au sommet, plongé dans le brouillard (5 pour Vingegaard). Dans la descente, alors qu'il restait 16 kilomètres a parcourir, les deux hommes, un temps isolés, n'ont pas insisté.
Mais Pogacar a sprinté une nouvelle fois à l'arrivée pour prendre encore quatre secondes de bonifications. Deuxième au classement général, le Slovène compte désormais onze secondes d'avance sur son rival danois.
"Peut-être que ce n'est pas important mais qui sait? Si ça se trouve, ce sera serré", à l'arrivée à Paris, a-t-il dit.
K.Costa--IM