C1: Manchester City et l'Inter Milan sur le ring
Les tribunes du stade Atatürk d'Istanbul se sont remplies de bleu samedi, supporters de Manchester City et de l'Inter Milan se jaugeant avec la finale tant attendue de Ligue des champions.
Les fans des Nerazzuri ont été les premiers à prendre possession de l'enceinte de 72.000 places, attendue à guichets fermés pour l'ultime bataille contre les immenses favoris anglais.
Plus tôt, les "tifosi" de l'Inter avaient animé la place Taksim, où une réplique géante de la "Coupe aux grandes oreilles" est installée, et chanté au pied de Galata Kulesi, la tour médiévale dominant le Bosphore.
Non loin, les fans de City avaient investi l'étroite et bruyante rue Nevizade, dans le quartier de Beyoglu, et fait monter la pression, en chanson et bière locale en main. Ils étaient nombreux également dans la fan zone à Yenikapi, à environ 4 km de la Mosquée bleue.
La quête de Ligue des champions est devenue à la fois un "rêve" et une "obsession" pour City, comme l'a reconnu l'entraîneur Pep Guardiola, sacré en 2009 et 2011 avec le FC Barcelone mais tenu en échec depuis son arrivée en 2016 en Angleterre.
Deux ans après la première finale, perdue contre Chelsea, les Citizens s'avancent en grandissimes favoris dans le stade olympique Atatürk, à l'ouest de la métropole turque, où ils espèrent terrasser le revenant Inter Milan, sacré en 1964, 1965 et 2010.
- "Dernier obstacle" -
C'est "le dernier obstacle", comme l'écrit le Telegraph. "Le temps est venu pour City de faire le dernier pas, de transformer le rêve en réalité", s'avance le Times: "la pièce manquante du puzzle se profile à l'horizon pour Guardiola et son équipe de tous les talents".
Au coup d'envoi, il leur manquera l'expérimenté défenseur Kyle Walker, remplaçant. L'Inter fera de son côté sans le milieu Henrikh Mkhitaryan, lui aussi amoindri ces derniers jours et remplacé par Marcelo Brozovic.
Sur la route d'Istanbul, les Sky Blues ont mis les plein phares en championnat, passant devant Arsenal sur la ligne d'arrivée, en Coupe d'Angleterre avec une finale gagnée contre le voisin et rival Manchester United, et une demi-finale de C1 époustouflante contre le Real Madrid, tenant du titre laissé en miettes.
Pas question, cependant, pour les Citizens de se laisser éblouir par le possible "Treble" ("triplé" en anglais).
"La plus grande erreur qu'on puisse faire, c'est d'oublier que c'est une finale", a temporisé Ruben Dias.
Le défenseur portugais de City fait face à de sérieux clients samedi, à commencer par Lautaro Martinez, tout frais champion du monde argentin, épaulé par le vétéran de 37 ans Edin Dzeko ou le puissant Romelu Lukaku.
Le "Toro" argentin, moins saignant en fin d'hiver, a planté 11 banderilles sur ses 13 dernières apparitions, toutes compétitions confondues. La dynamique est inverse pour Erling Haaland, avec un petit but inscrit lors de ses sept derniers matches.
- Réveil de Haaland? -
Guardiola croit pourtant fort au réveil du "Terminator" norvégien, aux statistiques folles (52 buts, dont 12 en 10 matches européens) pour sa première saison à Manchester, à 22 ans.
"Si vous avez des doutes sur la capacité de Haaland à marquer, vous serez la seule personne", a répondu l'entraîneur catalan vendredi en conférence de presse. "Je n'ai aucun doute, (samedi) il sera prêt pour nous aider à gagner la Ligue des champions".
L'Inter, en face, "a mérité" sa place en finale et veut faire déjouer les pronostics, comme l'a dit vendredi Lautaro Martinez.
"Nous devons jouer sans peur. On sait qu'ils donneront tout, c'est une équipe complète, nous devons montrer de quoi nous sommes fait", a aussi lancé Hakan Çalhanoglu qui, en cas de victoire, deviendrait le premier Turc vainqueur de la C1.
Un sacre de Manchester City, racheté en 2008 par le cheikh Mansour, membre de la famille royale émiratie, verrait un propriétaire-Etat remporter la compétition reine en Europe pour la première fois.
En soirée, l'équipe qui sera menée pourra convoquer le souvenir de 2005 pour ne pas perdre pied. Dans le même stade Atatürk, Liverpool avait accompli le "miracle d'Istanbul" en s'imposant aux tirs au but après avoir été mené 3-0 à la mi-temps par l'AC Milan.
C'était une autre époque, un autre Milan, et l'histoire reste à écrire.
S.Carlevaro--IM