Golf: fin de la bataille entre PGA et LIV, unis dans le même club-house
La guerre du golf n'aura pas lieu: les circuits nord-américain PGA et européen DP World Tour vont fusionner avec le LIV, soutenu par l'Arabie saoudite, dont l'émergence avait attiré certains des meilleurs joueurs actuels, fracturant le monde feutré de la petite balle blanche.
De façon inattendue, le PGA Tour a indiqué mardi avoir "signé un accord qui combine les activités commerciales et les droits" du puissant fonds souverain saoudien (Pif) dans le golf, incluant le circuit LIV, avec les siens et ceux du DP World Tour "dans une nouvelle entité à but lucratif détenue collectivement", sans que les détails financiers n'en soient dévoilés.
Lancé en octobre 2021, le LIV a attiré depuis certains des meilleurs golfeurs du monde, anciens N.1 mondiaux et lauréats en Grands Chelems, de Dustin Johnson à Brooks Koepka qui vient de remporter le Championnat PGA, apportant un premier Majeur dans le club-house du futur ex-circuit dissident, en passant par Phil Mickelson. "C'est une journée fantastique aujourd'hui", a d'ailleurs tweeté ce dernier.
Le PGA Tour, soutenu par Rory McIlroy et Tiger Woods montés au front médiatique, avait apporté une réponse ferme, en excluant les dizaines de golfeurs concernés, leur interdisant toute participation à ses tournois, mais pas aux Grands Chelems qui ne sont pas soumis à sa direction et ont décidé de laisser leurs portes ouvertes.
- Surprise chez les joueurs -
"Après deux années de perturbations et de distractions, c'est un jour historique pour le sport que nous aimons tous", a déclaré Jay Monahan, patron du PGA Tour qui avait pourtant été en pointe de la lutte contre le LIV.
"Ce nouveau partenariat reconnaît la force incommensurable de l'histoire, de l'héritage et du modèle procompétitif du PGA Tour et y associe le DP World Tour et le LIV pour créer une instance qui profitera aux joueurs, aux partenaires commerciaux et caritatifs et aux fans", a-t-il assuré.
Le patron du Pif Yasir Al-Rumayyan présidera le conseil d'administration de la nouvelle entité, dont le nom reste à être dévoilé, et Monahan en sera le directeur général.
Cette annonce faite mardi, presqu'un an jour pour jour après le premier tournoi estampillé LIV disputé à Londres, personne ne l'a vue venir, pas même les joueurs eux-mêmes. "Rien de tel que d'apprendre que nous fusionnons avec un circuit, alors que nous avions dit que nous ne le ferions jamais", a tweeté le Canadien Mackenzie Hughes.
Elle survient plus d'un an de litiges et de batailles juridiques lancées, qui vont donc cesser avec cet accord trouvé, lequel résulte d'une logique économique. Car la PGA, qui a également tenté le bras de fer sur les sommes offertes pour conserver ses meilleurs joueurs, face au LIV et ses dotations records à 25 millions de dollars par épreuve, comprenant une garantie sur la seule participation, avait manifestement plus à perdre à défendre ses seuls intérêts, face aux fonds illimités saoudiens, qu'à les grossir avec une entité commune.
- "Une nouvelle ère" -
Cet accord "engendrera une nouvelle ère dans le golf mondial, pour le meilleur", a promis Jay Monahan.
De quoi en revanche fâcher un groupe représentant les familles des victimes des attentats du 11 septembre 2001, qui n'a pas manqué de critiquer le dirigeant et son instance pour leur "hypocrisie et cupidité", s'estimant "trahi, car il apparaît que leur préoccupation pour nos proches n'était qu'une façade dans leur quête d'argent".
Quinze des 19 pirates de l'air lors de ce jour funèste étaient des citoyens saoudiens.
"Aujourd'hui est un jour très excitant pour ce sport et les personnes qu'il touche dans le monde entier", a indiqué pour sa part Yasir Al-Rumayyan. "Nous nous engageons à unifier, promouvoir et développer le golf dans le monde entier et à offrir un produit de la plus haute qualité aux millions de fans de longue date, tout en attirant de nouveaux fans."
Avec le LIV partageant désormais le même club-house que la PGA, c'est une preuve supplémentaire de la vaste offensive gagnante menée par l'Arabie saoudite dans le sport, sous l'égide du prince héritier Mohamed Ben Salmane.
Dernier investissement majeur en date, le club d'Al-Ittihad a engagé pour trois ans, à partir de la saison prochaine, la star du foot Karim Benzema qui vient de quitter le Real Madrid. Le Ballon d'Or français va ainsi rejoindre Cristiano Ronaldo dans le royaume.
E.Accardi--IM