Grève générale lundi en Israël pour exiger un accord sur les otages
La centrale syndicale israélienne a décrété une "grève générale" pour lundi afin de forcer le gouvernement à conclure un accord pour libérer les otages retenus à Gaza, après la découverte par l'armée des corps de six otages morts dans un tunnel du territoire palestinien.
"Nous devons faire cesser cet abandon des otages (...) Demain à 06H00 (3H00 GMT), toute l'économie israélienne sera en grève générale", a déclaré dimanche le chef de la Histadrout, Arnon Bar-David, lors d'une conférence de presse.
"A 08H00, l'aéroport sera fermé, les décollages et les atterrissages cesseront", a précisé la puissante centrale syndicale dans un communiqué.
Le chef de l'opposition israélienne, Yaïr Lapid, ainsi que des familles d'otages, ont également appelé à cette grève.
Cette décision intervient après l'annonce dimanche par l'armée israélienne de la découverte des corps de six otages dans la bande de Gaza, théâtre d'une guerre dévastatrice opposant depuis bientôt onze mois Israël au mouvement islamiste palestinien Hamas.
- "Dévasté" -
"Les corps des otages Carmel Gat, Eden Yerushalmi, Hersh Goldberg-Polin, Alexander Lobanov, Almog Sarusi et Ori Danino" ont été retrouvés samedi dans un "tunnel dans la zone de Rafah", dans le sud de la bande de Gaza, a indiqué l'armée, suscitant stupeur et colère en Israël.
Le président américain Joe Biden avait annoncé plus tôt la découverte des six corps, dont celui de l'Israélo-Américain Goldberg-Polin, se disant "dévasté".
Au moins quatre otages devaient être enterrés dimanche dans plusieurs villes israéliennes et à Jérusalem.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, sous pression croissante en Israël pour conclure un accord sur les otages après des mois de blocage, a menacé le Hamas de lui "régler son compte".
"Celui qui tue des otages ne veut pas d'un accord" sur un cessez-le-feu et la libération des otages israéliens en échange de prisonniers palestiniens, a-t-il martelé.
Son ministre de la Défense, Yoav Gallant, a affirmé que les otages avaient été "tués de sang-froid par le Hamas juste avant qu'on arrive à eux".
L'autopsie effectuée dimanche matin a révélé que les six otages avaient été tués "à bout portant" "entre jeudi et vendredi matin", selon le ministère israélien de la Santé.
Mais selon un cadre du Hamas, qui s'exprimait sous couvert d'anonymat, ils ont été "tués par des tirs et des bombardements de l'occupant" israélien, et certains d'entre eux "faisaient partie de la liste des otages à libérer que le Hamas avait approuvée".
Au cours de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza le 7 octobre, 251 personnes ont été enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 déclarées mortes par l'armée.
Cette attaque a entraîné côté israélien la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP d'après des données officielles.
- Campagne de vaccination -
Les représailles israéliennes ont fait depuis le 7 octobre au moins 40.738 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas, entraînant un désastre humanitaire et sanitaire et le déplacement de la quasi-totalité des 2,4 millions d'habitants. Selon l'ONU, la majorité des morts sont des femmes et des mineurs.
Dimanche, le centre du territoire palestinien assiégé a connu quelques heures de répit, une vaste campagne antipolio ayant été officiellement lancée à la faveur de "pauses humanitaires" de trois jours chacune, de 06H00 à 14H00, acceptées par Israël selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Objectif: vacciner plus de 640.000 enfants de moins de dix ans, après un premier cas confirmé de cette maladie dans le territoire palestinien depuis 25 ans.
Louise Wateridge, porte-parole de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), a salué un "succès" avec des "milliers d'enfants vaccinés".
Si la pause de dimanche, localisée dans le centre, a été respectée, une attaque a eu lieu après 14H00 dans la zone de Nousseirat (centre), selon Mme Wateridge.
"Le meilleur vaccin (...) est la paix", a commenté le directeur général de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Ailleurs dans la bande de Gaza, la Défense civile a fait état de deux morts et six blessés dans une frappe aérienne israélienne sur une maison à Gaza-ville (nord).
Les secours gazaouis ont ensuite signalé six morts dans un bombardement israélien sur Beit Lahya, également dans le nord, et quatre dans une frappe aérienne sur Gaza-ville.
- L'opération en Cisjordanie se poursuit -
Par ailleurs, Israël poursuit dimanche une vaste opération militaire lancée mercredi en Cisjordanie, un territoire palestinien séparé de la bande de Gaza et occupé par Israël depuis 1967.
Dimanche, des bulldozers israéliens détruisaient des rues et des installations électriques à Jénine, une des villes ciblées par cette opération dans le nord de la Cisjordanie, a constaté un photographe de l'AFP.
De fortes explosions ont été entendues près du camp de réfugiés de Jénine tandis qu'un épais nuage de fumée noire s'élevait au-dessus de la ville.
Au moins 24 Palestiniens, principalement des combattants, ont été tués par l'armée israélienne en Cisjordanie depuis mercredi, selon le ministère palestinien de la Santé. Tous des "terroristes", selon l'armée.
Le Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza, et le Jihad islamique, autre groupe armé, ont déclaré qu'au moins 14 des morts combattaient dans leurs rangs.
Dans le sud de la Cisjordanie, trois policiers israéliens, dont une femme, ont été tués dimanche près d'un check-point dans une "attaque armée", selon le commandant de la police israélienne.
L'armée israélienne a annoncé avoir abattu un Palestinien "soupçonné d'avoir mené" cette attaque non revendiquée, qualifiée par le Hamas de "réponse naturelle aux massacres du peuple" palestinien.
A.Bruno--IM