Il Messaggiere - Dans la région de Kherson, des familles séparées, de part et d'autre du Dniepr

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Dans la région de Kherson, des familles séparées, de part et d'autre du Dniepr
Dans la région de Kherson, des familles séparées, de part et d'autre du Dniepr / Photo: BULENT KILIC - AFP

Dans la région de Kherson, des familles séparées, de part et d'autre du Dniepr

Pour Olena Chernyavska, la libération tant attendue de Kherson, sa ville, a été une joie teintée d'amertume: sa mère vit encore sous domination russe, dans un village à quelques kilomètres de là.

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"Chaque matin, je me lève et je vérifie les infos pour voir si l'endroit où elle vit est ok", raconte Olena, 41 ans.

Le contact entre les deux femmes est sporadique et dépend du signal téléphonique capricieux depuis que les forces russes ont détruit l'alimentation électrique de Kherson, dans leur fuite mi-novembre.

"J'ai réussi à lui parler, lui dire presque tout ce que je voulais lui dire, mais la connexion s'est interrompue", relate Olena.

Quelques jours après le début de l'invasion de l'Ukraine, fin février, les forces russes ont envahi de vastes étendues dans le sud du pays, traversé le fleuve Dniepr et se sont emparées de Kherson, avant d'être arrêtées par l'armée ukrainienne.

Le fleuve, qui traverse l'Ukraine, sépare désormais la région de Kherson en deux: la rive occidentale libérée et contrôlée par l'Ukraine, la rive orientale sous occupation russe.

Et des familles sont séparées, de part et d'autre du fleuve.

- " Soyez patients " -

"Mon frère, ma soeur, ma nièce, et ma petite-fille" sont de l'autre côté, explique une habitante de Kherson, Natalia Olkhovykova, 51 ans.

"Nous sommes très inquiets parce que nous avons appris que tout leur village est plein" de soldats russes, poursuit-elle, avant de se reprendre: "Je ne devrais pas en dire plus, pour leur sécurité".

Dans la ville, les habitants font la queue pour obtenir de l'aide humanitaire, sur fond de détonations de roquettes Grad et tirs d'artillerie lourde: l'armée ukranienne continue de cibler les positions russes sur la rive orientale, où vivent aussi des proches de Tatiana Maliutyna.

"Ils attendent d'être libérés", dit cette employée médicale de 54 ans, qui travaille à l'hôpital.

"Ils étaient heureux et ils nous ont appelé quand ils ont entendu les bonnes nouvelles le 11 novembre", annonçant le retrait de l'armée russe, raconte-t-elle. "Je leur ai dit: 'Soyez patient'".

Pour autant, le Dniepr constitue un obstacle de taille pour la poursuite de la contre-offensive ukrainienne. Les ponts reliant les deux rives ont été détruits et un assaut frontal amphibie contre les positions russes retranchées s'avère risqué.

"Les forces ukraniennes auront probablement plus de mal à obtenir des réussites aussi spectaculaires dans la partie orientale de la région de Kherson, mais elles pourraient perturber les efforts déployés par les russes pour solidifier et tenir leurs lignes défensives", écrivait récemment le groupe de réflexion américain, Institute for the Study of War.

Olga Marchenko, 47 ans, raconte sa frustration de ne pas savoir combien de temps encore les forces russes occuperont l'autre rive, où vit sa famille.

"Et quand ils seront libérés, nous espérons les retrouver", soupire-t-elle.

R.Abate--IM