Législatives en Malaisie : la coalition d'opposition d'Anwar au coude-à-coude avec un autre bloc
La coalition d'opposition d'Anwar Ibrahim, favorite du scrutin, est au coude-à-coude avec le bloc rival d'un ancien Premier ministre à l'issue des élections législatives de samedi en Malaisie.
Des analystes avaient mis en garde sur le risque d'instabilité accrue dans ce pays multi-ethnique si aucune majorité franche ne se dégageait du scrutin sur lequel le gouvernement, éclaboussé par un scandale de corruption, compte pour asseoir sa légitimité dans ce pays d'Asie du Sud-Est.
L'une des premières victimes du scrutin est l'ancien Premier ministre Mahathir Mohamad, qui espérait à 97 ans briguer un retour au pouvoir à la tête de son groupe politique, mais a été battu dans son fief de l'île de Langkawi et perdu son siège au Parlement. Cela risque de mettre fin à la carrière politique de ce vétéran.
Anwar Ibrahim a fait campagne sur le thème de la lutte contre la corruption dans ce pays où la population est au prise avec la hausse des prix.
Les résultats officiels de la Commission électorale ont placé sa coalition Pakatan Harapan (Alliance de l'espoir) au coude-à-coude avec le groupe Perikatan Nasional (Alliance nationale) de l'ex-Premier ministre Muhyiddin Yassin.
La coalition au pouvoir Barisan Nasional, menée par l'Organisation nationale unifiée malaise (Umno), était en troisième place.
Un sondage de l'institut Merdeka à la veille des élections avait montré la coalition de M. Anwar emportant 82 sièges sur les 222 à pourvoir, 33% des électeurs lui accordant leur faveur pour le poste de Premier ministre.
Anwar Ibrahim s'est déclaré "prudemment confiant" sur le fait que sa coalition obtienne la majorité simple au Parlement.
"Une victoire aujourd'hui serait certainement gratifiante après plus de deux décennies de lutte pour gagner le coeur et l'esprit du peuple", a-t-il déclaré à l'AFP avant de voter dans l'Etat de Penang.
- "Un gouvernement fort" -
La participation était de 70% selon les autorités deux heures avant la fermeture des bureaux, à 16H00 (08H00 GMT).
De longues files d'attente s'étaient formées devant les bureaux de vote samedi, malgré les risques de pluies de mousson, laissant entrevoir une forte participation des 21 millions d'électeurs inscrits.
Sur les réseaux sociaux, on pouvait voir des personnes attendre devant un bureau de vote de l'eau jusqu'aux genoux, dans l'état de Sarawak sur l'île de Bornéo.
Nurul Hazwani Firdon, une professeure de 20 ans, a dit avoir pensé en priorité à l'économie en allant voter.
"Je veux un gouvernement fort et une économie stable afin qu'il y ait plus d'emploi pour les jeunes", a-t-elle déclaré.
- Paysage fragmenté -
Depuis quatre ans, cette monarchie parlementaire est secouée par des turbulences politiques et une valse des gouvernements qui ont conduit trois Premiers ministres à se succéder en quatre ans.
Après plus de soixante ans aux commandes, le parti historiquement dominant, l'Organisation nationale unifiée malaise (Umno), a été lourdement sanctionné dans les urnes et évincé du pouvoir en 2018, marquant la première alternance de l'histoire du pays.
Le Premier ministre de l'époque Najib Razak, impliqué dans le détournement de plusieurs milliards de dollars du fonds souverain 1MDB, purge actuellement une peine de douze ans de prison.
L'Umno n'est revenu aux affaires qu'avec une faible majorité en 2021.
Et c'est dans l'espoir de renforcer son emprise sur le pouvoir que le Premier ministre Ismail Sabri Yaakob a dissous le Parlement et convoqué des élections anticipées, initialement prévues en septembre 2023.
Mais le parti historiquement dominant pâtit de son association avec la vaste affaire de corruption 1MDB, un fonds qui devait contribuer au développement du pays.
Or les fonds ont été détournés vers, entre autres, le compte en banque de Najib Razak.
Le scandale a déclenché des enquêtes aux Etats-Unis, en Suisse et à Singapour, où des institutions financières auraient été utilisées pour blanchir des milliards de dollars.
K.Costa--IM