Il Messaggiere - Donald Trump le candidat, acte III

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Donald Trump le candidat, acte III
Donald Trump le candidat, acte III / Photo: Brendan Smialowski - AFP/Archives

Donald Trump le candidat, acte III

Il a créé la plus grande surprise politique moderne en remportant la Maison Blanche en 2016. Son départ, quatre ans plus tard, s'est accompagné d'un chaos inimaginable. Candidat pour la troisième fois à la présidentielle, Donald Trump continue de marquer, avec fracas, l'histoire des Etats-Unis.

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En s'appuyant sur un "instinct" toujours mis en avant, celui dont la chute a été mille fois annoncée tente de renaître une nouvelle fois de ses cendres, après une performance de ses lieutenants jugée "décevante" aux élections législatives du 8 novembre.

- Fractures -

Lâché par une grande partie de son camp après l'incroyable attaque du Congrès le 6 janvier 2021, le milliardaire de 76 ans, visage triomphant d'un populisme décomplexé, a regagné une emprise indéniable sur le parti républicain, dont il va réclamer l'investiture.

Et gare à ceux qui voudraient lui barrer la route. Le tempétueux septuagénaire à l'intrigante chevelure blonde fonctionne encore selon un principe simple: pour ou contre lui, sans nuances.

A sa luxueuse résidence de Mar-A-Lago, en Floride, cet ancien président a vu défiler candidats républicains aux postes d'élu, gouverneur, sénateur - des protégés qui lui jurent une fidélité absolue.

A l'inverse, sur les réseaux sociaux, Donald Trump continue d'affubler ses détracteurs de ses célèbres sobriquets. Le président américain Joe Biden? "Joe l'endormi". Sa bête noire républicaine Liz Cheney? Une "folle furieuse".

Cerné par les enquêtes, sur son rôle dans l'assaut du Capitole, la gestion d'archives de la Maison Blanche et ses affaires financières, Donald Trump s'est jeté à corps perdu dans la campagne des élections de mi-mandat, en décriant une "chasse aux sorcières".

A la fois révélateur et amplificateur des fractures de l'Amérique, Donald Trump avait quitté la Maison Blanche en laissant derrière lui une nation meurtrie, en plein doute et rongée par la colère.

- Hors normes -

Né à New York le 14 juin 1946, éduqué dans une école militaire, Donald J. Trump a rejoint l'entreprise familiale après des études de commerce.

Contrairement à la légende qu'il s'est construite, il n'a rien du "self-made man". Après la Seconde Guerre mondiale, son père, Fred Trump, descendant d'un immigré allemand, avait déjà bâti un empire à New York en construisant des immeubles pour la classe moyenne dans les quartiers populaires.

Donald Trump a repris les rênes de l'entreprise dans les années 70 avec un solide coup de pouce financier de son père et s'est fait une place dans les foyers américains grâce à l'émission de télé-réalité "The Apprentice".

Arrivé au pouvoir en novembre 2016 dans un scénario politique inédit qu'aucun - ou presque - n'avait prédit, l'homme au physique imposant a livré durant ses quatre années au 1600 Pennsylvania Avenue le spectacle d'un président ne s'imposant aucune contrainte, s'affranchissant de toutes les normes, face à des Américains enthousiastes, médusés ou effrayés.

Il est le seul président à avoir subi, à deux reprises, l'infamie d'une mise en accusation devant le Congrès.

Père de cinq enfants nés de trois femmes différentes, dix fois grand-père, il n'a durant son mandat eu cesse de faire l'éloge des valeurs familiales pour s'attirer les louanges des milieux évangéliques, à qui il a offert une victoire retentissante sur l'avortement en remaniant la Cour suprême -- indiscutablement un de ses plus grands legs.

Au-delà des frontières, il a rudoyé les alliés des Etats-Unis, engagé une escalade imprévisible avec l'Iran, fait preuve d'une troublante fascination pour les dirigeants autoritaires, de Vladimir Poutine à Kim Jong Un, et donné un brutal coup de frein à la mobilisation sur le climat. Le tout, au nom de l'"Amérique d'abord".

- Enkysté -

Deux ans après avoir quitté le pouvoir, ce showman sait toujours parler à ces Américains - majoritairement blancs, plutôt âgés - qui se sentent dédaignés par les "élites", et qu'il a convaincus en parlant d'immigrés "violeurs" et de rues "trempées de sang".

Assez pour prétendre à un second mandat?

Privé de son compte Twitter, mégaphone aux 80 millions d'abonnés avec lequel il annonçait pêle-mêle des tarifs douaniers punitifs contre la Chine et commentait abondamment l'actualité, les messages de l'ancien locataire de la Maison Blanche n'ont plus tout à fait le même écho.

Dans les meetings de campagne, où pullulent encore les célèbres casquettes rouges Make America Great Again, ce n'est plus exactement la foule des grands jours. Donald Trump, qui continue d'y esquisser des petits pas de danse, paraît physiquement un peu affaibli.

Surtout, la "vague géante" républicaine promise par l'ex-président aux dernières élections, et qu'il comptait utiliser comme rampe de lancement vers une nouvelle candidature, ne s'est pas matérialisée. En retour, une partie de la nébuleuse conservatrice s'est tournée vers un autre possible prétendant à la Maison Blanche, le gouverneur de Floride Ron DeSantis.

Le clan familial resserré du septuagénaire, sur lequel il s'est longtemps appuyé, montre lui aussi ses premières fissures.

Dans ses témoignages devant une enquête parlementaire, sa fille adorée Ivanka - une de ses plus proches conseillères à la Maison Blanche - a admis ne plus croire à la théorie selon laquelle l'élection de 2020 a été "volée" à l'ex-président.

Dans sa croisade contre ces supposées "fraudes", jamais prouvées, ce grand fan de catch paraît désormais aigri, cynique, presque enkysté.

Il peut malgré tout encore compter sur sa base de fidèles, qui ont rejoint à travers le pays des groupes promettant de "protéger" les prochaines élections. Devant leurs maisons, certains ont accroché un nouveau drapeau: "Trump 2024: les règles ont changé".

T.Zangari--IM