Il Messaggiere - En Egypte, le détenu Alaa Abdel Fattah dit aller "bien" et "boire de nouveau"

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En Egypte, le détenu Alaa Abdel Fattah dit aller "bien" et "boire de nouveau"
En Egypte, le détenu Alaa Abdel Fattah dit aller "bien" et "boire de nouveau" / Photo: Khaled DESOUKI - AFP/Archives

En Egypte, le détenu Alaa Abdel Fattah dit aller "bien" et "boire de nouveau"

Le détenu politique égypto-britannique Alaa Abdel Fattah, en grève de la faim depuis sept mois, a écrit à sa famille pour dire qu'il allait bien et buvait de nouveau depuis samedi, "une preuve de vie, enfin" selon sa soeur.

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Le blogueur prodémocratie n'a avalé pendant sept mois que 100 calories par jour. Le 6 novembre, à l'ouverture de la COP27 en Egypte, il a décidé de ne plus manger ni boire du tout.

Depuis, sa famille réclamait une preuve de vie.

Son avocat Khaled Ali, qui ne l'a pas vu depuis mars 2020, s'est rendu à trois reprises à la prison de Wadi Natroun, à 100 kilomètres au nord-ouest du Caire, pour le voir. Reparti deux fois bredouille, il est revenu à la charge lundi matin.

Là, Laila Soueif, la mère d'Alaa Abdel Fattah qui l'accompagnait, a obtenu une lettre "datée du 12 novembre dans laquelle il dit qu'il va bien, qu'il est sous surveillance médicale et qu'il a recommencé à boire" samedi, a écrit sur Facebook Me Ali.

Sa soeur Sanaa Seif, qui a mené sans relâche campagne pour les 60.000 détenus politiques d'Egypte selon les ONG, et son frère, en particulier à la COP27, s'est aussitôt exclamée sur Twitter: "Alaa est vivant".

"C'est clairement son écriture, c'est une preuve de vie, enfin, pourquoi ont-ils gardé deux jours (la lettre) sans nous la donner? Est-ce un acte de cruauté pour punir sa famille d'avoir parlé?", écrit-elle.

- "Surveillés" à la COP27 -

"Alaa est toujours en grève de la faim et l'ambassade britannique n'a toujours pas pu obtenir accès lui alors qu'il est détenu arbitrairement", poursuit-elle: "C'est seulement quand il sera dans un avion pour Londres que nous serons vraiment soulagés".

Me Ali a lui indiqué, après plus de quatre heures d'attente, avoir essuyé un nouveau refus de son permis de visite délivré par un juge.

Alaa Abdel Fattah, icône du Printemps arabe et bête noire du président Abdel Fattah al-Sissi, est désormais au coeur des débats en Egypte, pays en 135e position sur 140 Etats au classement mondial de l'Etat de droit du World Justice Project.

D'abord, le régime a choisi la riposte: Sanaa Seif a été prise à partie par des figures pro-Sissi lors de ses deux conférences de presse à COP27. Un député et une figure de l'establishment cairote ont qualifié son frère de "criminel".

Pour ces incidents, et d'autres à la COP27, l'ONU, chargée de la sécurité du sommet, a annoncé lundi enquêter sur des "violations du Code de conduite" par la police égyptienne, notamment parce que la délégation allemande, qui a accueilli Sanaa Seif dans son pavillon, s'est dite "surveillée".

Depuis le début de la COP27 à Charm el-Cheikh le 6 novembre, de nombreux militants se sont plaints d'"interrogatoires", de "filatures" et des conditions draconiennes imposées à l'organisation de manifestations.

"La délégation allemande a porté plainte parce qu'elle s'est sentie surveillée", a indiqué lundi une source diplomatique allemande à l'AFP.

- Grâce -

Depuis la semaine dernière, M. Sissi a dû répondre à plusieurs dirigeants occidentaux, notamment le président américain Joe Biden à la COP27, qui évoquaient le cas d'Alaa Abdel Fattah.

Semblant faire un appel du pied, M. Biden a salué la commission des grâces présidentielles réactivées en avril après des années de sommeil.

Vendredi, l'autre soeur d'Alaa Abdel Fattah, Mona Seif, a déposé une nouvelle demande à cette commission.

Icône de la révolution de 2011 en Egypte qui renversa Hosni Moubarak, Alaa Abdel Fattah, qui fêtera ses 41 ans le 18 novembre, a été arrêté fin 2019 et condamné à cinq ans de prison pour "fausses informations" après avoir reposté sur Facebook un texte, écrit par un autre, accusant un officier de torture.

La commission des grâces présidentielles en Egypte est largement contestée par les défenseurs des droits humains qui soulignent que si elle a permis de libérer plus de 750 détenus, au même moment, quasiment le double d'Egyptiens entraient en prison pour délit d'opinion.

I.Barone--IM