L'Ocean Viking accueilli vendredi à Toulon "à titre exceptionnel" avec 230 migrants
L'Ocean Viking va être accueilli vendredi à Toulon "à titre exceptionnel", a annoncé jeudi le ministre de l'Intérieur, Gérald Darminin, qui a critiqué le "choix incompréhensible" de l'Italie de ne pas accepter le navire humanitaire, avec 230 migrants à bord.
"J'ai bien précisé, à la demande du président de la République, que c'est à titre exceptionnel que nous accueillons ce bateau, au vu des quinze jours d'attente en mer que les autorités italiennes ont fait subir aux passagers", a déclaré le ministre à l'issue du Conseil des ministres.
Il a en outre taclé le "choix incompréhensible" de l'Italie de ne pas accueillir le navire.
"Un tiers" des migrants à bord seront "relocalisés" en France, a poursuivi Gérald Darmanin, et ceux qui ne répondront pas aux critères de demandeurs d'asile "seront reconduits directement", a-t-il ajouté, sans plus de précisions.
Jeudi, quatre migrants sur les 234 que comptait le navire, dont trois pour des raisons médicales et un accompagnant, ont été évacués vers Bastia (Corse) depuis l'Ocean Viking.
Les opérations de secours se sont déroulées en fin de matinée: un hélicoptère de l'armée de l'air avec une équipe médicale à bord a décollé vers 11H00 de la base de Solenzara en Corse pour aller récupérer les patients qui devaient "être évacués vers l'hôpital de Bastia", a détaillé auprès de l'AFP le capitaine de frégate Pierre-Louis Josselin, porte-parole de la préfecture maritime.
A 12H15, cet hélicoptère s'est posé à l'hôpital de Bastia, a constaté un correspondant de l'AFP.
L'un de ces patients "est instable et ne réagit pas aux soins prodigués à bord depuis le 27 octobre. Les deux autres ont subi des blessures en Libye qui, en raison du long délai de traitement, risquent maintenant d'avoir des conséquences négatives à long terme", a détaillé une porte-parole de SOS Méditerranée, qui affrète l'Ocean Viking, auprès de l'AFP.
L'Ocean Viking a secouru ces migrants, pour certains il y a presque trois semaines, entre la Libye et l'Italie, alors qu'ils tentaient de rejoindre l'Europe sur des embarcations de fortune.
L'ONG, dont le siège est à Marseille, s'était inquiétée jeudi matin de n'avoir "toujours pas reçu d'instruction désignant un port en France pour le débarquement des rescapés" secourus sur la route migratoire la plus dangereuse au monde.
- "Débarquement immédiat" -
L'Ocean Viking remontait désormais au large des côtes orientales de la Corse.
Mercredi, la tension était montée d'un cran entre la France et l'Italie autour de l'Ocean Viking, Paris dénonçant le refus "inacceptable" de Rome de le laisser accoster, comme le prévoit le droit maritime international, et Bruxelles appelant au débarquement immédiat de tous les migrants.
La Commission européenne avait estimé mercredi que "la situation à bord du navire a atteint un niveau critique et doit être résolue de toute urgence pour éviter une tragédie humanitaire".
Trois autres bateaux d'ONG ont eux réussi à débarquer les migrants secourus, quelque 800 personnes. A quai à Catane depuis dimanche, le Geo Barents de Médecins sans frontières (MSF) et Humanity 1 de l'ONG allemande du même nom ont finalement pu débarquer la totalité de leurs passagers mardi soir, après un premier refus des autorités italiennes d'accepter toutes ces personnes.
Au départ les autorités italiennes n'avaient accepté que les femmes, enfants et personnes malades, un tri décrit par Rome comme un moyen de pression sur l'UE pour qu'elle aide davantage l'Italie. Le Rise Above a lui débarqué la totalité de ses 89 rescapés en Calabre, mardi.
Depuis juin, un système de relocalisation, qui avait déjà connu un premier volet en 2019, prévoit qu'une douzaine d'Etats membres, dont la France et l'Allemagne, accueillent de manière volontaire 8.000 migrants arrivés dans des pays comme l'Italie, proche des côtes libyennes.
Cependant, seuls 164 migrants ont été relocalisés en 2022 d'Italie vers d'autres Etats membres, dont 117 en vertu du mécanisme adopté en juin. Un nombre insuffisant, juge l'Italie qui affirme que quelque 88.100 migrants sont arrivés sur ses côtes depuis le 1er janvier, dont seulement 14% via des navires humanitaires.
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R.Marconi--IM