Les Américains votent: Biden joue la fin de son mandat, Trump déjà tourné vers 2024
Les Américains votent mardi dans un climat électrique pour une multitude de scrutins qui conditionneront les marges de manœuvres de Joe Biden jusqu'à la présidentielle de 2024, une échéance déjà dans le viseur de son rival Donald Trump.
"En Amérique, on ne renonce jamais", a tweeté le président démocrate qui persiste à se dire "optimiste" bien qu'il risque de perdre le contrôle du Congrès lors de ces élections de mi-mandat aux lourds enjeux.
Signe d'un fort intérêt, plus de 40 millions d’électeurs ont voté par anticipation pour renouveler l'ensemble de la Chambre des représentants, un tiers du Sénat, toute une série de postes d’élus locaux et trancher des dizaines de référendums. Mardi, des files d'attente se sont formées dans les bureaux de vote dès les premières heures du jour.
"Je veux être sûr que ma voix soit prise en compte", expliquait Quonn Bernard, un ingénieur de 39 ans croisé par l'AFP dans la banlieue d'Atlanta. "Beaucoup de candidats ont traîné leurs opposants dans la boue", se lamente-t-il, reflétant l'âpreté de la campagne des "midterms".
Chaque camp a dramatisé les enjeux du scrutin: les démocrates se sont posés en défenseurs de la démocratie et du droit à l'avortement face à des républicains jugés "extrémistes"; les conservateurs se sont portés garants de l'ordre face à une gauche dite "laxiste et radicale" en matière de sécurité et d'immigration.
L'inflation a toutefois écrasé tous les autres sujets, gonflant les espoirs des républicains.
"Nous avons besoin de politique de bon père de famille, que les impôts baissent et que l'économie aille bien", estimait Kenneth Bellows, un étudiant en droit de 32 ans qui a voté républicain à Phoenix dans l'Arizona (sud-ouest), déçu par la gestion économique de Joe Biden.
- "Très grande annonce" -
Organisés deux ans après chaque présidentielle, les scrutins de mi-mandat sont généralement l'occasion pour les électeurs de sanctionner le parti au pouvoir.
Jusqu'au bout, Joe Biden a cherché à éviter ce scénario en se présentant comme "le président de la classe moyenne", insistant sur la réduction de la dette étudiante, la protection de l'assurance-maladie et ses investissements pour le climat et les infrastructures.
Mais ses efforts ne semblent pas avoir porté leurs fruits. Selon les enquêtes d'opinion les plus récentes, l'opposition républicaine a de grandes chances de s'emparer d'au moins 10 à 25 sièges à la chambre basse - largement assez pour y être majoritaire. Les sondeurs sont plus mitigés quant au sort du Sénat, avec néanmoins un avantage pour les républicains.
Privé de sa majorité, le président serait paralysé et les élus républicains ont fait savoir qu'ils ne le ménageraient pas. Ils prévoient notamment de lancer des enquêtes à la Chambre sur les affaires de son fils Hunter, certains de ses ministres...
De son côté, Donald Trump semble prêt à surfer sur une "vague rouge", la couleur des républicains, pour se relancer dans la course à la Maison Blanche.
Le milliardaire de 76 ans, qui ne dissimule plus son impatience, a annoncé lors d'un ultime meeting mardi soir dans l'Ohio qu'il ferait "une très grande annonce mardi 15 novembre à Mar-a-Lago", sa résidence en Floride.
Omniprésent dans cette campagne, il semble vouloir couper l'herbe sous les pieds de potentiels rivaux républicains et rendre plus délicates les enquêtes sur son rôle dans l'assaut du Capitole ou sa gestion des archives de la Maison Blanche.
- Duels haletants -
Concrètement, les élections de mi-mandat se jouent dans une poignée d'Etats clés - les mêmes qui étaient déjà en jeu lors de l'élection présidentielle de 2020.
Tous les projecteurs sont ainsi braqués sur la Pennsylvanie, ancien bastion de la sidérurgie, où le chirurgien multimillionnaire républicain Mehmet Oz, adoubé par Donald Trump, affronte le colosse chauve et ancien maire démocrate d'une petite ville, John Fetterman, pour le poste le plus disputé du Sénat.
Comme en 2020, la Géorgie est elle aussi au cœur de toutes les convoitises. Le démocrate Raphael Warnock, premier sénateur noir jamais élu dans cet Etat du Sud au lourd passé ségrégationniste, tente de se faire réélire face à Herschel Walker, ancien sportif afro-américain, lui aussi soutenu par l'ancien président.
L'Arizona, l'Ohio, le Nevada, le Wisconsin et la Caroline du Nord sont également le théâtre de luttes intenses, où les démocrates sont partout opposés aux candidats de Donald Trump, qui jurent une fidélité absolue à l'ancien président.
Ces duels haletants ont tous été alimentés à coup de centaines de millions de dollars, faisant de ce scrutin les élections de mi-mandat les plus chères de l’histoire des Etats-Unis.
Les premiers résultats pourraient être annoncés à partir de 19H00 (00H00 GMT) mais l'issue des duels les plus serrés pourrait se faire attendre plusieurs jours.
C.Abatescianni--IM