De la COP27 à Twitter, Macron tente de s'afficher en bon élève de l'écologie
C'est en élève "exemplaire" de la lutte contre le changement climatique qu'Emmanuel Macron entend s'exprimer lundi à la COP27 en Egypte, avant d'enchaîner les rendez-vous pour afficher son bilan environnemental, face à des militants déjà déçus par ce début de quinquennat.
"Le premier message qu'on voudra délivrer à cette COP27 c'est que, à la fois en France et en Europe, on fait le travail", avec la "volonté d'être exemplaire dans la mise en oeuvre" des engagements climatiques internationaux, a dit l'entourage du président avant le sommet de l'ONU à Charm el-Cheikh.
Le chef de l'Etat doit défendre la solidarité financière avec les pays les plus pauvres exposés aux effets dévastateurs du réchauffement, mais en jouant la carte des "solutions concrètes", comme la Grande Muraille verte au Sahel, plutôt que la création d'un nouveau fonds réclamé par plusieurs d'entre eux.
Son discours sur la scène internationale sera suivi, mardi à Paris, par des travaux pratiques à l'échelle nationale: une réunion à l'Elysée avec les industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre français pour les inciter à hâter leur "décarbonation". En parallèle, Emmanuel Macron s'est engagé, dans une vidéo sur Twitter, à répondre personnellement cette semaine aux questions des Français sur "le défi écologique".
- "Deux fois plus vite" -
Cette priorité a pris la forme d'un objectif, aller "deux fois plus vite" pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
A l'Elysée, on met en avant de premiers résultats et une série d'annonces pour montrer que les actes sont au rendez-vous des promesses: vote au Sénat du projet de loi sur les énergies renouvelables -- même si son adoption par l'Assemblée nationale n'est pas acquise --, présentation d'un texte pour accélérer le programme nucléaire, objectifs de deux millions de voitures électriques construites en France et d'un milliard d'arbres plantés dans l'Hexagone d'ici 2030...
Le plan pour la sobriété, rendu nécessaire par la guerre en Ukraine, permet d'ores et déjà d'"économiser 10% de notre énergie", une tendance qu'il faudra "tenir tout l'hiver", se félicite aussi un conseiller présidentiel.
Pas à la hauteur, répondent toutefois en choeur les opposants de gauche et les défenseurs de l'environnement.
La semaine dernière, une décision a illustré, aux yeux de la gauche, l'absence de réelle volonté de l'exécutif, quand il a passé à la trappe des amendements pourtant adoptés par l'Assemblée nationale pour augmenter de 12 milliards d'euros les aides à la rénovation thermique des logements.
"Le gouvernement avait une belle opportunité d'aider les classes populaires" à affronter ce défi, mais il s'en est privé "à coups de 49.3" pour entériner son budget 2023 sans vote, regrette Clément Sénéchal, de l'association Greenpeace.
- "Mesures néfastes" -
L'argument macroniste de la "responsabilité", en période de disette budgétaire? "Ils ont toujours une bonne excuse", balaie ce militant, estimant qu'une vraie taxation des superprofits, à laquelle Emmanuel Macron est "réfractaire", permettrait de financer ces priorités.
Anne Bringault, du Réseau Action Climat, note aussi que les émissions de gaz à effet de serre de la France, pourtant condamnée pour "inaction climatique", sont toujours "loin" de "la bonne trajectoire.
Et ce alors même que "plusieurs mesures néfastes pour le climat ont été prises depuis le début de ce quinquennat", ajoute-t-elle, évoquant la réouverture de la centrale à charbon de Saint-Avold, un projet de nouveau terminal méthanier au Havre, des soutiens à l'achat de carburant pour tous "qui ont bénéficié davantage aux ménages les plus aisés"...
Ces critiques interviennent au moment où Emmanuel Macron, qui s'oppose à toute écologie "punitive" ou "décroissance", est confronté à une montée des actions radicales.
Si l'accusation d'"écoterrorisme" portée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin après des incidents dans les Deux-Sèvres ne fait pas l'unanimité dans la majorité, l'exécutif espère tenir là l'occasion de démontrer l'équilibre de sa politique.
"Je comprends le sentiment d’urgence", a assuré dimanche le ministre des Transports Clément Beaune au Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro.
Mais est-ce que "jeter un cocktail molotov contre les forces de l'ordre" fait "avancer la cause écologique?", a-t-il demandé. "Je suis absolument certain que non."
H.Gallo--IM