A Bahreïn, le pape en messager du dialogue avec l'islam
Le pape François entame vendredi une journée largement consacrée au dialogue avec l'islam dans le cadre de sa visite à Bahreïn, royaume du Golfe où il a appelé la veille au respect des droits humains et à la fin de la peine de mort.
Cette visite de quatre jours, la deuxième dans la péninsule arabique depuis son voyage historique aux Emirats arabes unis en 2019, intervient sur fond d'appels d'ONG qui dénoncent les discriminations à l'égard de la communauté chiite de ce pays insulaire de 1,4 million d'habitants dirigé par une dynastie sunnite.
Le souverain pontife doit prononcer à 10H00 (07H00 GMT) le discours de clôture d'un forum de dialogue interconfessionnel entre l'Orient et l'Occident à Awali (centre), en présence de nombreux responsables politiques et religieux du Moyen-Orient.
En milieu d'après-midi, il rencontrera le grand imam d'Al-Azhar, institution respectée de l'islam sunnite, avec lequel il avait signé à Abou Dhabi un document fondateur sur la fraternité humaine.
Le jésuite argentin s'exprimera ensuite à 16H30 (13H30 GMT) devant le "Conseil des sages musulmans" à la Mosquée du palais royal, puis lors d'une prière œcuménique à la cathédrale Notre-Dame d'Arabie, la plus grande église catholique de la péninsule, inaugurée fin 2021.
- "Droit à la vie" -
Avec cette première visite d'un pape sur son sol, Bahreïn, qui a formalisé ses relations diplomatiques avec le Saint-Siège en 2000, entend jouer la carte de la tolérance pour adoucir son image, assurant que le pays "ne tolère pas la discrimination".
Mais neuf ONG ont appelé le pape à "exiger publiquement que Bahreïn mette fin à toutes les exécutions, abolisse la peine de mort et enquête sérieusement sur les allégations de torture et les violations du droit à un procès équitable".
Arrivé jeudi, le chef des 1,3 milliard de catholiques a été accueilli avec les honneurs militaires entre fanfare, danses, chants et pétales de fleurs sous les ors du palais royal d'Al-Sakhir, où il a prononcé un discours sans langue de bois devant les autorités et le corps diplomatique.
Il a notamment appelé à ce "que les droits humains fondamentaux ne soient pas violés, mais promus", jugeant nécessaire de "garantir respect et attention à ceux qui se sentent les plus en marge de la société, comme les émigrés et les détenus".
Le pape a également insisté sur la "nécessité de toujours garantir le droit à la vie", "même envers ceux qui sont punis", une allusion à la peine de mort, toujours en vigueur dans le royaume.
"Depuis les manifestations du Printemps arabe en 2011, il y a eu une hausse drastique de l'utilisation de la peine de mort contre des manifestants pro-démocratie qui ont osé défendre les droits et libertés fondamentaux à Bahreïn", a déploré jeudi Sayed Ahmed Alwadaei, directeur du Bahrain Institute for Rights and Democracy (BIRD).
- Douleurs au genou -
A trois semaines de l'ouverture du Mondial de football au Qatar voisin, pointé du doigt notamment pour le sort de ses ouvriers étrangers, le pape a aussi appelé à ce que soient "partout garanties des conditions de travail sûres et dignes de l'Homme", dénonçant le "travail déshumanisant".
La journée de samedi devrait être davantage consacrée à la rencontre avec la communauté catholique du pays, estimée à quelque 80.000 fidèles selon le Vatican, avec notamment une messe dans le stade national.
Lors du vol vers Bahreïn, le pape, qui aura 86 ans le mois prochain, a confié aux journalistes l'accompagnant avoir "très mal au genou", une douleur chronique qui l'oblige à se déplacer en chaise roulante.
Il s'agit du 39e voyage international de François depuis son élection en 2013. Il s'est rendu dans une dizaine de pays à majorité musulmane, notamment en Jordanie, en Turquie, en Bosnie-Herzégovine, en Egypte, au Bangladesh, au Maroc et en Irak.
A.Goretti--IM