Le Kenya annonce l'envoi de troupes en RD Congo pour combattre les rebelles
Le Kenya a annoncé mercredi le déploiement de troupes en République démocratique du Congo (RDC) dans le cadre d'une intervention militaire régionale visant à soutenir le régime congolais face aux rébellions actives dans l'est de la RDC, a annoncé le président kényan William Ruto.
"En tant que voisins, le destin de la RDC est lié au nôtre", a lancé le président Ruto à Nairobi lors d'une cérémonie, en rappelant que la force régionale doit compter également des militaires du Burundi, d'Ouganda et du Soudan du Sud, envoyés "en mission pour protéger l'humanité".
"Nous ne permettrons pas aux groupes armés, aux criminels et aux terroristes de nous priver de notre prospérité commune", a poursuivi le chef de l'État kényan, sans préciser le calendrier de déploiement des troupes.
Des sources militaires à Nairobi ont refusé de révéler le nombre de soldats kényans impliqués dans cette intervention, en évoquant des "questions évidentes de sécurité".
La RD Congo tente de contrer les activités de dizaines de groupes armés qui prolifèrent dans l'est de cet immense pays, très riche en ressources naturelles.
La tension est particulièrement vive dans la province du Nord-Kivu depuis la résurgence du M23 ("Mouvement du 23 mars"), une ancienne rébellion tutsi qui a repris les armes en fin d'année dernière. Après des semaines d'accalmie, le M23 est à l'offensive depuis le 20 octobre dans le territoire de Rutshuru, où elle s'est emparée de villes sur un axe routier stratégique desservant Goma.
Les rebelles ont notamment atteint ces derniers jours Rumangabo, siège d'une base de l'armée congolaise et du quartier général du parc national des Virunga, célèbre pour ses gorilles de montagne.
- "Niveau d'alerte" -
Après des mois de tension et d'accusations d'"agression", Kinshasa, qui accuse Kigali de soutenir la rébellion du M23, a décidé samedi d'expulser l'ambassadeur du Rwanda en RDC. Une décision que Kigali a "noté avec regret".
De leur côté, les autorités rwandaises ont également fin octobre accusé la RDC "d'opérer aux côtés de milices armées irrégulières", dont les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), mouvement de rebelles hutu rwandais dont certains impliqués dans le génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda.
Les autorités de Kinshasa ont par le passé nié toute collusion avec les FDLR.
Cette dégradation de la situation a alarmé la communauté internationale, l'Union africaine appelant à un cessez-le-feu.
Le regain de tension dans l'est a conduit la mission de l'ONU en RDC (Monusco) à "relever le niveau d’alerte" de ses troupes en soutien aux forces armées congolaises dans leurs opérations contre le M23.
Un convoi de la Monusco a été pris à partie mardi par une foule en colère à Goma, faisant deux blessés du côté des Casques bleus.
Depuis plusieurs mois, les Casques bleus de l'ONU, présents en RDC depuis plus de 20 ans, sont accusés d'inefficacité dans la lutte contre les groupes armés qui terrorisent l'est de la RDC depuis près de trois décennies.
Un rapport d'experts mandatés par le Conseil de sécurité des Nations unies avait détaillé l'implication directe du Rwanda, "unilatéralement ou conjointement avec les combattants du M23" dans l'est congolais.
Kigali a récusé ces "allégations non valides" et avancé son "droit à défendre son territoire".
I.Barone--IM