Au Texas, une instructrice de tir défend les armes comme symbole d'émancipation féminine
Au Texas, Cindy Scott apprend aux femmes à manier une arme à l'aide de cibles multicolores et d'étuis décorés de licornes, convaincue que les armes ne sont pas seulement un moyen de se défendre, mais aussi un symbole d'émancipation féminine.
"J'ai commencé par recevoir beaucoup d'appels de femmes qui avaient divorcé ou qui étaient devenues veuves", raconte à l'AFP cette sexagénaire.
La législation sur les armes à feu est l'un des sujets les plus polémiques aux Etats-Unis, notamment à l'approche des élections de mi-mandat, le 8 novembre.
Certains estiment que faciliter l'accès aux armes à feu alimente le nombre d'homicides et de suicides aux Etats-Unis, en hausse avec plus de 37.000 décès depuis le début de l'année, selon l'organisation Gun Violence Archive.
D'autres, comme Cindy Scott, considèrent les armes à feu comme "un outil d'autodéfense".
Au Texas, l'un des 23 Etats qui autorisent le port d'armes sans restriction, ce droit, fondé sur le deuxième amendement de la Constitution, est ancré dans les mœurs: "Le deuxième amendement est pour tout le monde", souligne-t-elle.
"La majorité des personnes en faveur (d'un accès aux armes à feu mieux contrôlé) ont de l'argent et des gardes du corps", assure-t-elle. "Ils vivent dans des zones protégées. Ils ne peuvent pas comprendre ce qu'un citoyen lambda ressent."
"Si vous voulez interdire les armes à feu aux citoyens qui respectent la loi, vous leur enlevez la possibilité de se défendre", ajoute Cindy Scott.
Les enquêtes d'opinion révèlent qu'une nette majorité d'Américains, et pas seulement les très riches, souhaitent un contrôle plus strict des armes à feu, bien que seul un quart d'entre eux appellent à une interdiction totale.
- "Une question de sécurité" -
Cindy Scott a commencé à s'intéresser aux armes à feu il y a une dizaine d'années, à un moment où elle passait énormément de temps seule ou avec son fils à la maison.
D'autres parents d'élèves lui ont donné de premiers conseils, puis elle a cherché à suivre des cours, mais a eu du mal à trouver une instructrice. C'est ce manque qui l'a amenée, des années plus tard, à donner elle-même des cours.
Beaucoup de ses élèves la contactent après une séparation.
"C'est une prise de conscience qui apparaît quand une femme se retrouve seule: +je n'ai plus de mari+. Je pense que le déclic vient de là, ou quand quelqu'un essaie de s'introduire dans leur maison ou que leur voiture est volée", explique l'instructrice.
"C'est toujours une question de sécurité. Elles n'ont jamais eu à vivre seules auparavant."
P.Conti--IM