Ukraine: les exportations de céréales bloquées, Kiev dénonce un "faux prétexte" de Moscou
L'Ukraine a dénoncé dimanche un "faux prétexte" invoqué par la Russie pour bloquer les exportations de céréales en se retirant de l'accord permettant leur acheminement maritime, après une attaque de drones contre la flotte russe en Crimée.
L'armée russe a assuré dimanche que cette attaque menée à l'aide de drones aériens et marins et qui a touché au moins un navire militaire russe en baie de Sébastopol avait notamment utilisé la zone sécurisée vouée au transport des céréales ukrainiennes. Elle a assuré avoir récupéré des débris d'engins et les avoir analysés.
Selon Moscou, l'un des drones utilisé dans cette attaque pourrait avoir été lancé "depuis l'un des navires civils affrétés par Kiev ou ses maîtres occidentaux pour l'exportation de produits agricoles depuis les ports maritimes d'Ukraine".
Kiev a dénoncé un "faux prétexte" et appelé la communauté internationale à faire pression pour que Moscou "respecte de nouveau ses obligations". Londres a démenti tout responsabilité dans l'attaque en Crimée et Washington et l'UE ont condamné le retrait russe de cet accord essentiel pour l'approvisionnement alimentaire mondial, conclu en juillet sous égide de l'ONU et de la Turquie.
Dimanche, le ministre ukrainien de l'Infrastructure Oleksandre Koubrakov a assuré qu'un navire chargé de 40 tonnes de céréales aurait dû partir d'Ukraine dimanche pour l'Ethiopie, "mais à cause du blocus du couloir céréalier par la Russie, les exportations sont impossibles".
- Deux millions de tonnes bloquées en mer -
Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ce sont en fait, au moins 176 navires transportant plus de deux millions de tonnes de céréales chargées en Ukraine qui sont bloqués par Moscou.
"La Russie a commencé à aggraver la pénurie mondiale de nourriture en septembre, quand elle a commencé à bloquer les mouvements des navires transportant nos productions agricoles", a-t-il affirmé samedi soir.
Le Centre de coordination conjointe (JCC) chargé de superviser cet accord a confirmé qu'aucun mouvement de cargos n'avait été validé pour la journée de dimanche.
Moscou a assuré être prêt à remplacer les exportations ukrainiennes avec les siennes pour les pays pauvres et offert de leur donner gratuitement 500.000 tonnes de céréales dans les prochains mois.
Le président américain Joe Biden a jugé la décision russe "scandaleuse". "Il n'y avait aucune raison pour eux de faire cela", a-t-il déclaré.
L'UE a exhorté la Russie à "revenir sur sa décision", qui "met en danger la principale voie d'exportation de céréales et engrais dont on a besoin pour répondre à la crise alimentaire mondiale provoquée par la guerre".
L'ONU, garant de l'accord, a appelé à le préserver, soulignant qu'il avait un "impact positif" pour l'accès à l'alimentation de millions de personnes dans le monde.
Le secrétaire général de l'organisation, Antonio Guterres, s'est dit dimanche "profondément préoccupé".
Il est engagé dans "d'intenses consultations" afin que la Russie revienne sur sa décision de suspendre l'accord et a décidé, de ce fait, de reporter d'une journée son départ en vue de participer au sommet de la Ligue arabe à Alger mardi, selon un communiqué.
- "Détourner l'attention" -
Sur le front en Ukraine, les combats et bombardements se poursuivaient dimanche avec au moins 10 morts et 13 blessés parmi les civils ces dernières 24 heures, selon le bilan de la présidence.
Dans la région de Kherson, dans le Sud du pays, où est attendue la prochaine bataille d'envergure entre les forces russes et ukrainiennes, les journalistes de l'AFP ont constaté des duels d'artillerie sporadiques dans le village de Kotliarevé, sans provoquer l'émoi chez les locaux.
"Ils tirent beaucoup moins sur nous maintenant", a observé Viktor Romanov, un ouvrier de 44 ans.
L'armée russe a elle assuré avoir mené une frappe sur un centre d'entraînement des services spéciaux ukrainiens à Otchakiv, dans la région de Mykolaïv, dans le Sud. Moscou a assuré samedi que c'est à Otchakiv qu'avait été préparée l'attaque sur sa flotte en Crimée avec l'aide d'experts britanniques.
Londres a démenti ces allégations, évoquant une "histoire inventée" par la Russie pour "détourner l'attention" de ses revers en Ukraine, où les troupes russes ont perdu des milliers de kilomètres carrés depuis septembre.
Ces revers avaient poussé Moscou à commencer des frappes massives sur les infrastructures électriques ukrainiennes, provoquant des pannes de courant dans de nombreuses villes.
N.Tornincasa--IM