Macron sur France 2 pour expliciter son cap et sa méthode
Après une longue séquence européenne, Emmanuel Macron revient mercredi dans l'arène nationale avec une heure d'interview sur France 2, destinée à expliciter le cap de son quinquennat, des retraites à l'immigration, et réaffirmer son ambition réformatrice malgré les crises et déboires.
Pour la deuxième fois en deux semaines, le chef de l'Etat sera l'invité de "L'Evénement", la nouvelle émission politique de la chaîne animée par Caroline Roux, à 20H30.
Après les crises internationales et le rôle de la France dans le monde abordés le 12 octobre, place cette fois aux enjeux nationaux et aux défis de l'exécutif en l'absence de majorité absolue à l'Assemblée.
Le chef de l'Etat devrait de nouveau se livrer à un exercice de pédagogie face aux nombreuses questions des Français, de la défense de leur pouvoir d'achat malmené par la guerre en Ukraine et l'inflation, à la réforme des retraites sur laquelle l'exécutif a choisi de temporiser, sans renoncer.
"J'attends de la simplicité et de l'écoute, une vision sur la réalité des Français", résume la députée et porte-parole du groupe Renaissance à l'Assemblée, Violette Spillebout.
"Et que tous les sujets soient abordés, les salaires, les profits, les investissements écologiques, les délinquants étrangers, la justice", ajoute-t-elle.
Les Français sont frappés de plein fouet par l'envolée des prix énergétiques, due notamment à la baisse des livraisons de gaz décrétée par la Russie en réaction aux sanctions européennes.
- "Marque de fabrique" -
Ils viennent aussi de connaître trois semaines de pénurie d'essence à la pompe, en raison de débrayages dans les dépôts et raffineries.
Alors que les superprofits de quelques grands groupes, notamment dans le secteur énergétique, alimentent le débat, les revendications autour des hausses de salaires animent l'automne social, scandé par plusieurs préavis de grève et appels à manifester.
Le sujet de l'immigration est aussi revenu en force après le meurtre de la petite Lola par une Algérienne en situation irrégulière, qui a bouleversé la France.
L'exécutif est apparu sur la défensive, face au faible nombre de renvois d'étrangers ayant obligation de quitter le territoire français ("OQTF"), même si l'exploitation politique de cet infanticide fait débat.
"L'enjeu essentiel c'est de montrer qu'il garde un cap et de dire quelle sera la marque de fabrique de ce quinquennat, qui pour l'instant apparaît difficilement lisible", considère le président de l'institut Elabe, Bernard Sananès.
"Ce que doit dire le président, c'est: qu'est-ce qu'on représente, et où l'on va. C'est ce qui explique en partie l'échec relatif aux législatives: on n'a pas dit où on voulait aller", abonde un député Renaissance.
Quid de ses volontés de réforme ? De sa méthode six mois après sa réélection, alors qu'il a promis d'être moins "jupitérien" durant son second quinquennat, mais reste tiraillé entre concertations et passages en force ?
Que ce soit sur les retraites ou la crise des carburants, Emmanuel Macron a finalement dû monter en première ligne alors qu'il avait promis de prendre du champ et de laisser sa Première ministre Elisabeth Borne à la manoeuvre.
- Coup de semonce -
"Le président ne peut jamais être trop absent des sujets intérieurs parce que l'opinion ne le comprendrait pas non plus", souligne toutefois Bernard Sananès.
Ces derniers mois, le chef de l'Etat a surtout été offensif à l'international, tentant de se poser en médiateur dans le conflit ukrainien et en chef de file de l'UE face à un chancelier allemand sur la défensive sur le soutien à l'Ukraine.
Mercredi, il recevra d'ailleurs Olaf Scholz pour un déjeuner de travail à l'Elysée destiné à recoller les morceaux après une série de dissensions.
Sur le front intérieur, M. Macron doit batailler avec des oppositions de gauche et d'extrême droite revigorées. Un coup de semonce a d'ailleurs été adressé lundi à l'exécutif, le RN choisissant de finalement voter avec la Nupes une motion de censure contre le gouvernement Borne.
Si le tir a échoué, faute d'avoir su rallier les voix de la droite, la probable utilisation de 49.3 en série pour faire passer les textes budgétaires des prochaines semaines conduira certainement à d'autres motions... et autant d'épreuves pour un président qui a déjà agité le spectre d'une dissolution. Une menace en forme d'aveu de faiblesse.
E.Colombo--IM