Xi Jinping en route pour un troisième sacre à la tête de la Chine
Le président chinois Xi Jinping doit être reconduit dimanche à la tête du Parti communiste, après avoir balayé toute contestation dans le pays et dans ses rangs, s'assurant ainsi de diriger la Chine pendant au moins cinq ans de plus.
Ce troisième mandat fera de lui le dirigeant le plus puissant depuis le fondateur du régime, Mao Tsé-toung (1949-1976).
Après une semaine de délibérations à huis clos, le 20e congrès du Parti communiste chinois (PCC) s'est refermé samedi sur un large remaniement de son Comité central, sorte de parlement interne au parti.
Ce dernier a été renouvelé à 65% par rapport à 2017, selon des calculs de l'AFP.
Dimanche matin, les 205 membres - dont 11 femmes seulement - tiendront leur première réunion. Ils désigneront les 25 représentants du Bureau politique, l'instance de décision du PCC, ainsi que son Comité permanent.
Cet organe tout-puissant de sept membres actuellement détient la réalité du pouvoir en Chine et la nouvelle équipe sera présentée à la presse vers midi (04H00 GMT).
Il sera renouvelé à plus de 50% car on sait déjà que quatre des sept membres tirent leur révérence, selon la liste des membres du Comité central publiée par l'agence officielle Chine nouvelle.
Il s'agit de l'actuel Premier ministre Li Keqiang, du numéro trois chinois Li Zhanshu, du vice-Premier ministre Han Zheng et de Wang Yang, président de la Conférence consultative politique du peuple chinois, une assemblée sans pouvoir de décision.
Considéré comme l'une des voix les plus libérales du Parti, Wang Yang était l'un des favoris au poste de prochain Premier ministre.
- "Victoire" pour Xi -
La composition du nouveau Comité permanent, qui fait généralement l'objet en coulisses d'âpres négociations pendant le congrès, est déjà actée et confirmera la mainmise de Xi Jinping sur la formation politique, selon des analystes.
"Ce sera une victoire presque totale pour Xi Jinping" qui pourra placer une majorité de ses soutiens, pronostique Willy Lam, spécialiste du PCC à l'Université chinoise de Hong Kong.
"Il y aura une domination anormalement asymétrique d'une seule faction: celle de Xi Jinping", indique M. Lam à l'AFP.
Loin de son apparence homogène, le PCC est divisé en interne et plusieurs courants rivaux cohabitent, estiment des sinologues.
Jusqu'à présent, des compromis existaient pour la répartition des postes dont Xi Jinping est un illustre exemple.
A défaut de s'entendre sur leur candidat respectif, les différentes factions du PCC avaient finalement placé au pouvoir un candidat de consensus en 2012.
Mais Xi Jinping avait ensuite surpris tout le monde en éliminant ses rivaux pour concentrer peu à peu tous les pouvoirs à la tête du parti et de la Chine, tout en menant une répression sévère contre toute dissidence.
Conformément à la coutume, les membres du Comité permanent seront annoncés par ordre d'importance, le numéro un étant le secrétaire général.
A priori le numéro deux ou le numéro trois sera le prochain Premier ministre qui succèdera à Li Keqiang.
Parmi les noms évoqués pour le remplacer: l'actuel vice-Premier ministre Hu Chunhua ou Li Qiang, chef du parti à Shanghai, en dépit d'une gestion chaotique du confinement au printemps.
- L'incident Hu Jintao -
En obtenant un troisième mandat comme secrétaire général du parti, Xi Jinping est quasiment assuré d'un troisième mandat présidentiel en mars prochain.
Pour se maintenir au pouvoir, l'homme fort de Pékin a obtenu en 2018 un amendement de la Constitution qui limitait ce poste à deux mandats et d'une durée totale de 10 ans.
Chef du Parti, chef des armées, chef de l'Etat... le dirigeant a plaidé pour la continuité de ses politiques lors du discours d'ouverture du congrès.
Le Parti communiste chinois a de son côté réaffirmé samedi le "rôle central" de Xi Jinping.
Seul incident marquant durant une cérémonie de clôture pourtant très chorégraphiée, l'ancien président Hu Jintao a été escorté vers la sortie, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Visiblement contre son gré, l'homme de 79 ans, qui a présidé la Chine de 2003 à 2013, a été incité par des employés à se lever de son siège, situé à côté de Xi Jinping.
Cette scène très inhabituelle n'a été ni expliquée ni rapportée par les médias d'Etat accessibles en Chine. Les autorités n'ont quant à elles donné aucune suite aux sollicitations de l'AFP.
De son côté, l'agence Chine nouvelle a affirmé en anglais que Hu Jintao "ne se sentait pas bien". Il va "beaucoup mieux" désormais, a-t-elle écrit sur Twitter, réseau social bloqué en Chine.
Dimanche, aucun média dans le pays n'avait republié ce commentaire.
Hu Jintao, qui a paru affaibli physiquement durant le congrès, est le prédécesseur de Xi Jinping et considéré comme un réformateur.
R.Marconi--IM