Stade de France: la police française accusée d'"agression criminelle" dans un rapport anglais
La façon dont la police française a traité les supporters lors de la dernière finale de la Ligue des champions à Saint-Denis, émaillée d'incidents avant et après le match, relève d'une "agression criminelle", selon un rapport indépendant anglais publié lundi.
Le rapport a été rédigé par le professeur de Droit de la Queen's University à Belfast, Phil Scraton, qui avait déjà dirigé une enquête après la catastrophe d'Hillsborough, en 1989, qui avait coûté la vie à 97 supporters de Liverpool après des mouvements de foule. Il liste les comportements violents et arbitraires des forces de l'ordre contre les supporters.
"Les charges continues et aléatoires de la police sur les supporters et l'utilisation de gaz lacrymogène injustifié sur des hommes, des femmes et des enfants coincés dans des espaces très exigus, était un comportement inconscient et dangereux. Cela constitue une agression criminelle", explique le rapport.
"L'incapacité continue à gérer la foule a sérieusement mis en danger la santé et le bien-être des supporters", poursuit le rapport qui souligne que seule l'expérience que certains supporters des Reds avaient eue à Hillsborough et leur retenue a permis au bilan de ne pas se compter en morts.
Venus voir la finale de la Ligue des champions entre Liverpool et le Real Madrid, les fans des Reds s'étaient retrouvés coincés par des goulets d'étranglement mis en place par la police qui a ensuite fait un usage massif de gaz lacrymogène.
Le coup d'envoi du match avait dû être reporté de plus d'une demi-heure en raison des incidents autour du stade.
Alors que des personnalités gouvernementales avaient pointé du doigt les Anglais comme responsables, un rapport du Sénat avait, au contraire, jugé en juillet dernier que le chaos autour de l'enceinte constituait un "échec" imputable aux "décisions" des autorités locales.
"Il ressort clairement des témoignages que les supporters ont été mis en danger par les tactiques agressives de la police, des mesures de sécurité inefficaces et l'absence de mise en place d'un plan de gestion globale de la surêté du stade basé sur des principes d'évaluation des risques", pointe le rapport anglais, qui n'oublie pas les agressions et les vols par des jeunes autour du stade.
Paris avait obtenu en février l'organisation de la finale après que l'UEFA l'eut retirée à Saint-Pétersbourg en raison de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Le Stade de France doit accueillir en 2023 des matches de la Coupe du Monde de rugby ainsi que des épreuves lors des Jeux olympiques de 2024.
S.Carlevaro--IM