La gauche déferle à Paris, Mélenchon entrevoit un "nouveau Front populaire"
Un début de "nouveau Front populaire", prédit Jean-Luc Mélenchon: des milliers de personnes participaient dimanche à Paris à une "marche contre la vie chère et l'inaction climatique" organisée par la gauche unie dans la Nupes, qui veut contribuer à l'ébullition sociale de l'automne.
"C'est la grande conjonction, c'est nous qui la commençons avec cette marche qui est un immense succès", s'est félicité le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon au micro sur un camion au milieu de la foule, en annonçant "la construction d'un nouveau Front populaire qui exercera le pouvoir dans le pays le moment venu".
Pour Christopher Savidan, 47 ans, au chômage depuis cinq ans et militant LFI, "il est temps de se réveiller. Les gens en haut sont hors sol. On paie des impôts, on sait pas pourquoi, tout part à vau-l'eau. La logique veut que toutes les luttes s'agglomèrent".
"Le message est simple: nous voulons un meilleur partage des richesses", a pour sa part estimé le numéro un du PS Olivier Faure lors de ce "meeting en marchant", adressant un V de la victoire de la Nupes aux manifestants.
Au milieu des drapeaux, toute la gauche est représentée, des députés LFI Manuel Bompard et Clémentine Autain aux écologistes Sandrine Rousseau et Eric Piolle, en passant par Philippe Poutou (NPA). Le poing levé, Jean-Luc Mélenchon, cravate rouge et cocarde tricolore au revers de la veste, est arrivé au côté de la Prix Nobel de Littérature Annie Ernaux.
De nombreux "gilets jaunes" mais aussi beaucoup de retraités sont également visibles dans un défilé coloré avec quelques bonnets phrygiens, et ponctué par des chants, et même par la musique de Star Wars.
"Les élus doivent se mettre au service du peuple qui a faim", plaide Jérôme Rodrigues, figure emblématique des "gilets jaunes".
Le cortège avance par à-coups depuis Nation jusqu'à Bastille, atteint vers 16h20 par le carré de tête.
Quelques lacrymos ont été lancés par des CRS en marge du défilé en milieu d'après-midi, après des jets de projectiles en leur direction, a constaté un journaliste de l'AFP. Les forces de l'ordre ont procédé à plusieurs charges. Une agence de la Société générale a également été saccagée par des hommes vêtus de noir et masqués, près du square Trousseau.
Les services de police nourrissaient de "vraies craintes" face "à la venue de personnes violentes de l’ultra gauche, des ultra gilets-jaunes qui voudraient perturber la manifestation".
"Canicule sociale, le peuple a soif de justice", pouvait-on lire sur une pancarte brandie près de la place de la Nation. Une autre avertissait: "La retraite c'est bien, l'offensive c'est mieux".
- "les luttes s'agglomèrent" -
"On a vraiment besoin d'avoir un grand rapport de force populaire face à la politique de maltraitance sociale et écologique de ce gouvernement", a lancé dans la matinée la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot.
Le ministre des Comptes publics Gabriel Attal a lui fustigé "une marche des partisans du blocage du pays".
Jean-Luc Mélenchon, qui avait déjà fait défiler au printemps dernier 100.000 personnes selon LFI, avait lancé cette idée de marche dès juillet en estimant que la gauche devait impulser la contestation sociale contre le gouvernement en s'associant avec les syndicats, mais ceux-ci ne l'ont pas attendu pour faire monter la température.
La marche survient en pleine grève dans les raffineries de TotalEnergies qui entraîne des pénuries de carburant. Et après la mobilisation du 29 septembre, une autre journée interprofessionnelle a été lancée pour mardi par la CGT, avec FO, Solidaires, FSU ainsi que des mouvements de jeunesse.
Le patron de la puissante confédération, Philippe Martinez, goûte peu à l'initiative de la gauche: "Les syndicats doivent être soutenus et on ne doit pas faire les choses en parallèle", a-t-il confié vendredi.
"la puissance de notre marche est un appui à la mobilisation des salariés, notamment celle qui va avoir lieu" mardi, et "il faut penser tout ça comme un tout, qui s'entre-épaule, qui s'entraide", a répondu dimanche Jean-Luc Mélenchon.
Pour Jacques Montal, cheminot retraité venu du Lot, "les réquisitions des raffineries ça va très loin". "Aujourd'hui est une première étape, mardi je pense qu'il y aura un mouvement fort. Et c'est fort possible que ça se poursuive après mardi".
Si la coalition de la Nupes continue de connaître quelques dissensions, ses composantes (LFI, le PS, EELV et le PCF) ont toutes défilé dans le cortège, de Nation à Bastille, même si le patron du PCF Fabien Roussel et l'ex-candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot, avaient mieux à faire.
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C.Abatescianni--IM