Au congrès du PCC, Xi Jinping s'offre un tonnerre d'applaudissements
Tenues folkloriques et public acquis: l'ouverture dimanche du 20e congrès du Parti communiste chinois (PCC) avait des allures de meeting pour le président Xi Jinping, en route pour un 3e mandat qui ferait de lui le plus puissant dirigeant de la Chine depuis Mao Tsé-toung.
Dans l'imposant Palais du peuple, qui domine la place Tiananmen à Pékin, quelque 2.300 délégués sont réunis dans un décor rouge et or, les couleurs caractéristiques du PCC.
Des bannières déploient des louanges au "grandiose, glorieux et juste Parti communiste chinois".
Après une minute de silence en hommage aux héros du parti, une fanfare militaire entonne l'hymne national.
Sous l'emblème géant du marteau et de la faucille, l'homme fort de Pékin passe en revue son action de ces cinq dernières années et sa vision s'il est reconduit à la tête de la nation la plus peuplée du monde.
Durée de l'intervention: plus d'une heure et demie. Bien plus concise que lors de son précédent discours en 2017 qui avait duré trois heures et demie.
Les participants griffonnent avec assiduité des notes. La nuée de costumes monochromes est ponctuée de quelques éclats de couleur provenant d'un uniforme militaire ou d'une tenue traditionnelle d'un des groupes ethniques minoritaires.
Parmi les autres délégués plus inhabituels figurent l'astronaute Wang Yaping, première femme chinoise à avoir effectué une sortie dans l'espace, et le champion olympique du patinage de vitesse Wu Dajing, vêtu de son survêtement national.
- "Noyau dur" -
Conformément à des protocoles sanitaires stricts, tous les délégués sont masqués, à l'exception du premier rang constitué de hautes personnalités.
Parmi elles, Hu Jintao, le prédécesseur de M. Xi, aux cheveux gris et à l'air frêle. Mais pas Jiang Zemin, 96 ans, qui avait pris les rênes du pays juste après la répression des manifestations de la place Tiananmen en 1989.
Egalement présent, Zhang Gaoli, ancien vice-Premier ministre accusé par la vedette du tennis Peng Shuai de l'avoir "forcée" à avoir des relations sexuelles, avant de se rétracter après une forte médiatisation de l'affaire à l'étranger.
Le congrès se veut une démonstration de l'unité et de la force du parti, avec des délégués soigneusement sélectionnés dans toutes les provinces de Chine.
Il s'agit également d'une preuve de loyauté personnelle envers M. Xi, 69 ans.
"Tant qu'il (travaille) pour le bonheur du peuple, et continue à améliorer notre qualité de vie, nous le soutiendrons tous", affirme à l'AFP une déléguée du Guangxi (sud), He Xiangyin.
"Il est le noyau dur", insiste-elle, au diapason de la rhétorique officielle.
Xi Jinping, qui devrait obtenir un troisième mandat en tant que secrétaire général du PCC, mettrait ainsi à mal les règles de succession qui prévalaient tacitement depuis les années 1990.
- "Tellement heureuse" -
Reprise en main de Hong Kong, gestion de l'épidémie de Covid-19, lutte contre la corruption... l'autosatisfecit de Xi Jinping provoque un tonnerre d'applaudissements.
Ses commentaires sur Taïwan sont ovationnés: "La réunification (de l'île) à la mère patrie doit et sera réalisée".
Dans son discours, Xi Jinping n'a pas mentionné le Xinjiang, où les pays occidentaux accusent Pékin de graves violations des droits de l'homme contre les minorités musulmanes, en particulier les Ouïghours.
"Au Xinjiang, on a une vie tellement heureuse grâce au grand parti (communiste) qui nous dirige", déclare à l'AFP Rehema Awuqi, une Ouïghoure qui représente sa région au congrès.
A l'approche de l'événement, la capitale chinoise a pris des allures de forteresse imprenable.
Des policiers en faction et une armée de volontaires quadrillent les principaux carrefours de Pékin. Depuis jeudi, la sécurité a été renforcée après la brève - et très inhabituelle - apparition de banderoles hostiles à Xi Jinping.
Tendues sur un pont de la capitale, ces banderoles blanches avec des caractères rouges appellent notamment les citoyens à se mettre en grève et à chasser "le traître dictateur Xi Jinping". Aucune information n'a été communiquée sur le sort de son ou ses auteurs.
Sur les trottoirs de Pékin, des compositions florales ont fait leur apparition, où les slogans vantant les vertus du parti et appelant à accueillir "chaleureusement le congrès" pullulent.
Le conclave, qui se déroule pour l'essentiel à huis clos, obéit strictement à la politique du "zéro Covid".
Les journalistes et tous les participants sont enfermés depuis vendredi dans une bulle sanitaire, avec port du masque obligatoire et tests PCR quotidiens.
F.Lecce--IM