Liz Truss remplace son ministre des Finances avant de prendre la parole
Sur la sellette après un peu plus d'un mois au pouvoir, la Première ministre britannique Liz Truss a limogé vendredi son ministre des Finances Kwasi Kwarteng, remplacé dans la foulée par Jeremy Hunt, avant de s'exprimer lors d'une conférence de presse en début d'après-midi.
Kwasi Kwarteng, affirmatif jeudi encore sur son maintien à son poste, a confirmé sur Twitter son limogeage annoncé par les médias britanniques.
"Vous m'avez demandé de démissionner en tant que Chancelier" de l'Echiquier, "j'ai accepté", a écrit Kwasi Kwarteng dans une lettre à sa "collègue et amie" Liz Truss.
"Je respecte profondément la décision que vous avez prise aujourd'hui", lui a répondu la cheffe du gouvernement dans une formulation qui laisse les observateurs perplexes. "Vous avez mis l'intérêt national en premier."
Downing Street a annoncé dans la foulée la nomination aux Finances de Jeremy Hunt, ancien candidat dans la course pour Donwing Street. Âgé de 55 ans, il a été ministre des Affaires étrangères en 2018-2019, après avoir dirigé celui de la Santé.
Dans la foulée de l'annonce par les médias du départ du Chancelier de l'Echiquier, la livre sterling a plongé face au dollar en perdant 1,10% à 1,1199 dollar.
"Changer de Chancelier ne défait pas les dégâts qui ont déjà été faits", "nous avons besoin d'un changement de gouvernement", a observé la responsable de l'opposition travailliste pour l'économie Rachel Reeves.
"Seul le Labour offre le leadership et les idées pour sécuriser l'économie et sortir la Grande-Bretagne de ce bazar", a-t-elle tweeté.
- Députés à la manœuvre -
Selon les médias britanniques, le gouvernement de Liz Truss va finalement maintenir la hausse de l'impôt sur les sociétés décidée sous Boris Johnson, alors qu'il entendait jusque-là conserver le taux actuel de 19%.
Durement fragilisée après 38 jours au pouvoir, la Première ministre s'exprimera dans un contexte particulièrement tendu.
Selon la presse britannique, certains députés de son camp sont déjà à la manœuvre pour l'évincer, face à des sondages désastreux qui annoncent une défaite cuisante de la majorité conservatrice avant les prochaines élections générales de 2024.
Selon le Pr Tony Travers, de la London School of economics, Kwasi Kwarteng sert de fusible et paie les "erreurs du gouvernement". Et il juge "très difficile" de voir revenir les conservateurs d'ici les prochaines élections.
M. Kwarteng, qui participait aux réunions annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale à Washington, était rentré en urgence à Londres vendredi matin, se rendant peu après à Downing Street.
Son plan budgétaire annoncé le 23 septembre et qui prévoit des dizaines de milliards de baisses d'impôts sans financement clair a déstabilisé les marchés, fait chuter la livre et profondément affaibli le gouvernement.
Vendredi, le président de la commission du Trésor au Parlement Mel Stride a plaidé pour une révision rapide du "mini-budget".
"Nous avons atteint un stade où nous avons besoin d'un signal très puissant vers les marchés (pour montrer que) la crédibilité budgétaire est fermement de retour", a-t-il déclaré sur la BBC.
- Sondages désastreux -
La confiance politique est au plus bas. Alors que le congrès conservateur avait déjà été marqué au début du mois par les tensions et dissensions internes, certains élus conservateurs évoquent désormais en privé des noms pour remplacer Liz Truss.
Un ticket Rishi Sunak-Penny Mordaunt, deux candidats battus par Mme Truss dans la course à Downing Street, serait évoqué, selon la presse.
M. Sunak, ancien ministre des Finances, était le candidat préféré des députés conservateurs, mais la décision finale revenait aux membres du parti, qui ont élu Mme Truss début septembre, laquelle a ensuite écarté du gouvernement le camp Sunak.
Les Britanniques confrontés ces dernières semaines à des taux d'emprunt immobilier qui montent en flèche, s'ajoutant à une inflation à 10%, perdent confiance et patience.
Cinquante pour cent veulent que le parti conservateur remplace Mme Truss. Près de la moitié (43%) des électeurs ayant voté pour le parti conservateur lors du dernier scrutin veulent un nouveau Premier ministre, selon un sondage YouGov publié jeudi soir.
Vendredi matin, Downing Street ne semblait prêt à aucune inflexion et le secrétaire d'État au commerce Greg Hands avait affirmé qu'il n'y avait "absolument aucun plan pour changer quoi que ce soit" dans le mini-budget.
C.Abatescianni--IM