La Première ministre britannique Liz Truss va s'exprimer, en pleine crise de confiance
Sur la sellette après seulement 38 jours au pouvoir, la Première ministre britannique Liz Truss tiendra vendredi après-midi une conférence de presse, après le retour précipité à Londres de son ministre des Finances en pleine crise provoquée par les mesures budgétaires controversées du gouvernement.
La Première ministre, dont le gouvernement semble au bord de l'implosion, va s'exprimer dans un contexte particulièrement tendu. Selon la presse britannique, certains députés de son propre camp sont déjà à la manoeuvre pour l'évincer, face à des sondages désastreux qui annoncent une défaite cuisante de la majorité avant les prochaines élections générales prévues en 2024.
Signe des tensions, les chaînes d'information en continu ont diffusé en direct en fin de matinée l’atterrissage à l'aéroport londonien d'Heathrow de l'avion de la compagnie British Airways censé transporter le ministre des Finances, Kwasi Kwarteng.
Ce dernier se trouvait à Washington pour les réunions annuelles du FMI et de la banque mondiale, mais est revenu un jour plus tôt que prévu.
Après "des réunions fructueuses", il doit "continuer le travail sur le plan budgétaire de moyen terme", a dit à l'AFP un porte-parole du Trésor.
Son plan budgétaire annoncé le 23 septembre et qui prévoit des dizaines de milliards de baisses d'impôts sans financement clair a déstabilisé les marchés, fait chuter la livre et profondément affaibli le gouvernement de Liz Truss.
M. Kwarteng, qui a affirmé jeudi qu'il serait encore là dans un mois "à 100%", doit normalement expliquer comment il va financer son plan le 31 octobre.
Vendredi, le président de la commission du Trésor au Parlement Mel Stride a plaidé pour une révision rapide de son "mini-budget".
"Nous avons atteint un stade où nous avons besoin d'un signal très puissant vers les marchés (pour montrer que) la crédibilité budgétaire est fermement de retour", a-t-il déclaré sur la BBC.
"Faites-le maintenant", a-t-il conseillé au ministre des Finances "et assurez-vous que ce soit significatif, ferme, audacieux et convaincant".
L'annulation d'une hausse prévue de l'impôt sur les sociétés est notamment dans le collimateur.
La confiance politique est aussi au plus bas.
- "Idée désastreuse" -
Alors que le congrès conservateur avait déjà été marqué au début du mois par les tensions et dissensions internes, certains élus conservateurs évoquent désormais en privé des noms pour remplacer Liz Truss.
Un ticket Rishi Sunak-Penny Mordaunt, deux candidats battus par Mme Truss dans la course à Downing Street, serait évoqué, selon la presse.
M. Sunak, ancien ministre des Finances, était le candidat préféré des députés conservateurs, mais la décision finale revenait aux membres du parti, qui ont élu Mme Truss début septembre, laquelle a ensuite écarté du gouvernement le camp Sunak.
Les Britanniques confrontés ces dernières semaines à des taux d'emprunt immobilier qui montent en flèche perdent confiance et patience.
50% veulent que le parti conservateur remplace Mme Truss. Près de la moitié (43%) des électeurs ayant voté pour le parti conservateur lors du dernier scrutin veulent aussi un nouveau Premier ministre. 66% pensent que les membres du parti ont fait le mauvais choix, selon un sondage YouGov pour The Times publié jeudi soir.
Vendredi matin, Downing Street ne semblait prêt à aucune inflexion et le secrétaire d'Etat au commerce Greg Hands a affirmé qu'il n'y avait "absolument aucun plan pour changer quoi que ce soit" dans le mini-budget.
"La Première ministre et le ministre des Finances sont absolument déterminés à coller à leur plan de croissance", a-t-il affirmé sur la radio LBC.
"Changer de leader serait une idée désastreuse politiquement et économiquement", avait aussi averti jeudi le ministre des Affaires étrangères James Cleverly.
L'un des responsables de l'opposition travailliste, Ed Miliband, a quant à lui étrillé un "gouvernement qui s'effondre et une politique économique en lambeaux". "Franchement je pense que le parti conservateur devrait avoir honte de ce qu'il fait subir au pays", a-t-il estimé sur Sky News.
F.Lecce--IM