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Carburants: le conflit se tend, TotalEnergies ouvre des négociations salariales
Carburants: le conflit se tend, TotalEnergies ouvre des négociations salariales / Photo: DENIS CHARLET - AFP

Carburants: le conflit se tend, TotalEnergies ouvre des négociations salariales

Des négociations salariales collectives en bonne et due forme vont s'ouvrir jeudi soir entre la direction et les syndicats de TotalEnergies, demandées à cor et à cri par les grévistes du groupe depuis 17 jours, durée qui a permis au mouvement de revendication de faire tache d'huile dans d'autres secteurs.

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"Le mouvement est reconduit partout, avec toujours de très forts taux de grévistes" a déclaré à l'AFP Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité TotalEnergies Europe, après les votes en assemblées générales intervenus en mi-journée dans les raffineries et dépôts bloqués du groupe.

Les quatre organisations syndicales représentatives qui participeront sont la CFE-CGC, la CGT, la CFDT et la CAT.

L'ouverture de ces négociations est d'autant plus cruciale que le climat social s'est tendu, après la réquisition de salariés du dépôt de carburants Flandres de TotalEnergies à Mardyck près de Dunkerque (Nord) dans l'espoir de réamorcer les pompes des stations-services françaises à sec. Deux premiers camions ont certes quitté sans encombre le dépôt peu après 16h00, en présence du sous-préfet et de deux fourgons de CRS.

Mais après la marche de dimanche contre la vie chère organisée par la Nupes, une grande journée de grève, en dehors des raffineries, s'annonce pour mardi: à la SNCF et chez les transporteurs routiers à l'appel de la CGT, dans le nucléaire, et sans doute dans d'autres secteurs à l'appel de la CGT et d'autres syndicats (FO, Solidaires, FSU, Unsa) qui se réunissaient jeudi pour en décider.

- "Le feu aux poudres" -

"Le fait de réquisitionner, ça a mis le feu aux poudres", a expliqué le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez sur BFMTV jeudi. "C'est une vraie entrave au droit de grève, un droit constitutionnel" a ajouté Benjamin Tange, délégué syndical central du raffinage et de la pétrochimie, à l'AFP.

Sur le terrain, la préfecture du Nord a fait valoir que les réquisitions avaient été décidées en raison de "troubles à l'ordre public" dans les stations-essence, où la longueur des files d'attente, jusqu'à deux kilomètres, a entraîné des frictions, et empêche des professions prioritaires d'accéder aux pompes.

Car les pénuries ont mis les nerfs des automobilistes à vif. Partout ils racontent leur "galère", pire quand le véhicule est un outil de travail. Les routiers sont "sur le fil du rasoir", dit à l'AFP le secrétaire général de l'organisation professionnelle Otre, Jean-Marc Rivera.

"J'ai des contrats où je dois sortir les poubelles, où je dois honorer des services de prestations de ménage. Et quand on n'a pas d'essence et qu'on a une très grosse tournée, c'est un peu compliqué", raconte Elisabeth Mailhes, auto-entrepreneuse dans le nettoyage, qui n'est pas payée si elle n'honore pas ses contrats.

"C'est une catastrophe", répète Enzo Rougès, chef d'entreprise dans l'automobile. "J'ai le problème de ne pas pouvoir ouvrir mon magasin tant que je ne suis pas au boulot. J'ai les salariés à la porte, j'ai tout le monde qui m'attend."

La CGT demande 10% d'augmentation chez TotalEnergies au titre de 2022, contre 3,5% obtenus au début de l'année.

- Accord dans la nuit ? -

La CFDT, non gréviste, demande pour sa part une augmentation de 8% des salaires et veut "négocier les contours" du bonus annoncé par la direction jeudi par voie de presse (un mois de salaire dans le monde entier). Un accord dès cette nuit est "fort possible" a indiqué Geoffroy Caillon, coordinateur CFDT, à l'AFP.

La proposition de TotalEnergie comporte une augmentation de 6% pour les salariés français, mais pour 2023.

Devant les menaces d'embrasement du conflit, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a demandé au groupe d'augmenter les salaires, estimant qu'il avait "la capacité" et "donc le devoir" de le faire.

Chez Esso-ExxonMobil, les grévistes de l'une des deux raffineries du groupe, à Fos-sur-Mer, qui n'avaient pas été visés par des réquisitions, ont voté pour la levée de la grève, tandis que ceux du site de Gravenchon-Port-Jerome ont reconduit leur mouvement.

"Le redémarrage va se faire lentement et en sécurité, il prendra peut-être une, deux, trois semaines ou un mois" a indiqué Lionel Arbiol, porte-parole CGT à Fos. Selon lui, les salariés sur ce site "demeurent entièrement mobilisés et déterminés".

burs-im/ico/gvy

F.Laguardia--IM