Nouvelles frappes russes contre l'Ukraine avant un G7 d'urgence
La Russie a revendiqué mardi de nouvelles frappes "massives" sur les infrastructures de l'Ukraine, au lendemain de bombardements de grande ampleur qui ont suscité un tollé occidental.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky doit participer mardi à la réunion virtuelle d'urgence du G7 prévue à partir de 12H00 GMT et consacrée à cette offensive russe.
Dans la matinée, la Russie a poursuivi les tirs contre son voisin, frappant notamment très loin du front les installations énergétiques de l'Ouest. La mairie de Lviv a indiqué que la ville était privée à 30% d’électricité.
La ville de Zaporijjia (sud), non loin du front et pilonnée par des bombardements russes ces dernières semaines, a essuyé mardi, selon les autorités ukrainiennes, une salve de douze missiles de type S-300 qui se sont abattus sur des infrastructures "civiles" faisant un mort.
Le ministère russe de la Défense s'est félicité que ces "frappes massives" contre des "cibles de commandement militaire et du système énergétique de l'Ukraine" aient "atteint leur objectif".
A Kiev, les sirènes d'alerte ont résonné plus de cinq heures d'affilée dans la matinée, mais contrairement à lundi, aucun missile n'est tombé sur la capitale ukrainienne.
Les bombardements étaient dans l'immédiat d'ampleur moindre que lundi, lorsque des dizaines de missiles, roquettes et drones se sont abattus sur l'Ukraine en représailles de l'attaque, "terroriste" selon Vladimir Poutine, qui a partiellement détruit samedi le pont reliant la Russie à la Crimée annexée en 2014.
- Coupures de courant -
Hautement symbolique et stratégique, ce viaduc sert à l'approvisionnement des troupes russes dans le sud ukrainien où les forces de Kiev mènent une contre-offensive.
Les frappes ont visé des infrastructures militaires, énergétiques et de communication ukrainiennes, mais ont également touché des sites purement civils, comme une université, un terrain de jeu, des parcs ou un pont piéton en plein centre-ville. Le dernier bilan fait état de 19 morts et 105 blessés dans le pays.
Plus de 300 localités restaient privées d'électricité dans l'ensemble du pays.
L'opérateur électrique desservant la capitale, DTEK, a annoncé que, faute de puissance suffisante, "dès mardi" des coupures d'électricité régulières allaient affecter différents quartiers au moment où l'hiver approche et que les Ukrainiens craignent des pénuries d'eau, de chauffage et d'électricité.
Depuis des mois, Russes et Ukrainiens s'accusent de tirer dans la zone et de risquer de provoquer un accident nucléaire.
Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a pour sa part lancé un appel à un cessez-le-feu "dès que possible" entre les belligérants. Et un responsable turc a indiqué mardi à l'AFP que le président Recep Tayyip Erdogan rencontrerait Vladimir Poutine mercredi à Astana, en marge d'un sommet régional dans la capitale du Kazakhstan.
Seul progrès russo-ukrainien du jour, Kiev a annoncé avoir récupéré les corps de 62 soldats tués, dont certains étaient parmi les victimes d'une frappe en juillet contre la tristement célèbre prison d'Olenivka, en territoire sous contrôle russe. Moscou et Kiev s'accusent l'un l'autre de ce bombardement qui a fait des dizaines de morts.
Les Occidentaux ont eux réaffirmé leur soutien à Kiev après la vague de bombardements de lundi, Joe Biden promettant des "systèmes perfectionnés" de défense antiaérienne, tout comme l'Allemagne.
L'Union européenne a estimé que les frappes sur des cibles civiles s'apparentaient à des "crimes de guerre". Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a dénoncé "une escalade inacceptable".
Le président ukrainien a lui martelé que son pays "ne peut pas être intimidé".
- Menace du Bélarus -
M. Poutine a accusé dimanche l'Ukraine d'avoir organisé l'explosion qui a détruit une partie du pont de Crimée, construit à grands frais. Kiev n'a ni confirmé ni démenti son implication.
L'attaque contre le pont est intervenue après une série de derniers revers militaires russes dans le nord-est, l'est et le sud de l'Ukraine, face à une armée ukrainienne forte des approvisionnements en armes occidentales.
Signe de ces difficultés, Vladimir Poutine a ordonné la mobilisation de centaines de milliers de réservistes en septembre, une décision qui a provoqué le départ massif de Russes du pays.
Il a promis lundi d'autres répliques "sévères" en cas de nouvelles attaques ukrainiennes contre la Russie, mais sans renouveler sa menace de recours à l'arme nucléaire proférée en septembre.
Seul allié de Moscou dans cette guerre, tout en s'étant gardé d'envoyer ses troupes en Ukraine, le président bélarusse Alexandre Loukachenko a accusé Kiev de préparer une attaque contre son pays annonçant en conséquence le déploiement des troupes russo-bélarusses, sans préciser leur localisation.
Mardi, Minsk a assuré que cette force commune était "purement défensive". Le Bélarus a prêté son territoire à l'armée russe pour permettre l'invasion de l'Ukraine en février.
P.Rossi--IM