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Frappes russes massives sur les villes ukrainiennes, UE et Otan dénoncent des attaques "aveugles"
Frappes russes massives sur les villes ukrainiennes, UE et Otan dénoncent des attaques "aveugles" / Photo: SERGEI CHUZAVKOV - AFP

Frappes russes massives sur les villes ukrainiennes, UE et Otan dénoncent des attaques "aveugles"

Des bombardements russes meurtriers d'une ampleur inégalée depuis des mois ont frappé Kiev et d'autres villes d'Ukraine lundi, deux jours après l'explosion qui a partiellement détruit le pont de Crimée, les alliés occidentaux dénonçant aussitôt de nouveaux "crimes de guerre" et des attaques "aveugles".

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Au même moment, le Bélarus faisait craindre l'ouverture d'un nouveau front à la frontière nord de l'Ukraine en annonçant un déploiement aux contours non précisés de troupes conjointes avec son allié russe, et était accusé par Kiev de laisser utiliser son territoire pour des attaques de drones.

"Ils essaient de nous détruire tous, de nous effacer de la surface de la terre", a réagi le président ukrainien Zelensky sur les réseaux sociaux lundi matin alors que les missiles frappaient les villes d'Ukraine, réclamant à ses alliés occidentaux une réponse "dure" face à la Russie.

Le Premier ministre ukrainien, Denis Chmygal, a indiqué que onze infrastructures importantes avaient été endommagées dans huit régions en plus de la capitale Kiev.

"Ils veulent détruire le système énergétique", a estimé Volodymyr Zelensky, alors que des coupures d'électricité affectaient en fin de matinée de nombreuses régions ukrainiennes.

Selon la Défense ukrainienne, l'armée russe a lancé 83 missiles, dont 43 missiles de croisière, et 52 de ces missiles ont été interceptés par la défense aérienne.

Une demi-douzaine de déflagrations ont été entendues à Kiev, avec des frappes sur plusieurs quartiers dont le centre-ville.

"Il y a plusieurs frappes sur l'infrastructure critique de la ville", a déclaré le maire Vitali Klitschko.

Deux missiles ont frappé peu après 8H00 du matin dans le centre, à moins d'une minute d'intervalle et à 300 mètres de distance. Dans le parc Taras Chevtchenko, c'est une aire de jeux pour enfants qui a été pulvérisée. Dans la rue voisine le missile a creusé un cratère, soulevé l'asphalte et détruit plusieurs automobiles. Un corps sans vie est visible sous une couverture thermique en aluminium. Les vitres des bâtiments voisins sont souflées.

Selon Vitali Klitschko, qui a appelé la population à se mettre à l'abri en cas de nouvelle alerte, 5 personnes sont mortes et 51 ont été blessées rien que dans la capitale ukrainienne.

"Je suis très choqué. Je suis arrivé à Kiev ce matin. Je marchais dans la rue... quand il y a eu les explosions", a raconté Ivan Poliakov, un jeune homme de 22 ans.

"Il y a une université, deux musées, il n'y a pas de cible militaire ou du même genre. Ils tuent juste des civils", s'est indignée Ksenia Riazantseva, une habitante du quartier.

L'Union européenne a estimé que ces attaques russes s'apparentaient à des "crimes de guerre" dont les responsables devront "rendre compte", appelant par ailleurs le Bélarus à "ne pas être partie à l'agression brutale menée par la Russie".

- "Attaques barbares" -

"Ces attaques barbares démontrent que la Russie opte pour une tactique de bombardements aveugles de civils", a ajouté Peter Stano, porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

L'Otan a condamné des "attaques horribles et aveugles" contre des infrastructures civiles. L'alliance soutiendra l'Ukraine "aussi longtemps qu'il le faudra", a affirmé son secrétaire général Jens Stoltenberg.

"Viser intentionnellement les populations civiles constitue un crime de guerre", a également mis en garde la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna.

Berlin a de son côté annoncé une réunion d'urgence virtuelle mardi des dirigeants du G7 et du président ukrainien Volodomyr Zelensky à 14H00 (12H00 GMT).

Le président russe Vladimir Poutine a pour sa part expliqué, lors d'une réunion de son conseil de sécurité, que la Russie avait lancé une campagne "massive" de bombardements "contre l'infrastructure énergétique, militaire et de communication de l'Ukraine", en réplique à l'attaque "terroriste" du pont de Crimée.

Kiev n'a ni confirmé ni démenti son implication dans cette explosion survenue samedi matin.

Il a promis des répliques "sévères" en cas de nouvelles attaques ukrainiennes contre la Russie. Les frappes "ont atteint leur objectif", a assuré le ministère de la Défense russe.

Dimanche, M. Poutine avait accusé l'Ukraine d'avoir organisé l'explosion qui a détruit une partie de ce pont qu'il avait lui-même inauguré en 2018 et reliant à la Russie la péninsule annexée en 2014.

L'ex-président, actuel numéro 2 du Conseil de sécurité russe réuni lundi, Dmitri Medvedev, a été plus loin, promettant d'ores et déjà que ces frappes n'étaient qu'un "premier épisode" et appelant au "démantèlement total du régime politique de l'Ukraine".

- Changer le cours de la guerre -

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères a en retour affirmé que la Russie menait ces frappes massives en désespoir de cause afin d'essayer de changer le cours de la guerre dans laquelle elle est en difficulté.

"Poutine est désespéré à cause des défaites sur le champ de bataille, et il utilise le terrorisme des missiles pour essayer de changer le rythme de la guerre en sa faveur", a fustigé Dmytro Kouleba sur Twitter.

Le président bélarusse Alexandre Loukachenko a de son côté accusé Kiev de préparer une attaque contre son pays, ajoutant qu'en conséquence Minsk et Moscou allaient déployer des troupes russo-bélarusses, sans préciser leur localisation.

Il a aussi a accusé la Pologne, la Lituanie et l'Ukraine de préparer des attaques "terroristes" et un "soulèvement militaire" au Bélarus,

L'armée ukrainienne a accusé la Russie d'avoir lancé des attaques avec des drones iraniens depuis le Bélarus.

De son côté, la Moldavie a déclaré que "trois missiles de croisière lancés ce matin sur l'Ukraine par des navires russes en mer Noire" avaient violé son espace aérien.

Le président français Emmanuel Macron a fait part au téléphone à M. Zelensky de son "extrême inquiétude", réaffirmant "l'engagement de la France à accroître son soutien à l'Ukraine (...) y compris en matière d'équipement militaire".

Dénonçant des bombardements "inacceptables", le chef de la diplomatie britannique James Cleverly a dit avoir assuré son homologue ukrainien Dmytro Kuleba du "soutien moral et concret" de Londres.

Les bombardements russes interviennent alors que la Russie enchaîne les revers depuis début septembre en Ukraine, perdant du terrain dans le Sud comme dans le Nord-Est du pays.

A Moscou, la Bourse chutait de près de 12% lundi à l'ouverture, l'indice principal Moex (en roubles) perdant 11,9% à 7H03 GMT, à 1.780,39 points, et passant brièvement sous la barre des 1.800 points pour la première fois depuis le début de la guerre en Ukraine le 24 février.

J.Romagnoli--IM