A Londres, des militants climatiques défient le gouvernement avec un mois de mobilisation
"Aucun autre choix": après s'être collés à des tableaux prestigieux, avoir bloqué des routes, les militants écologistes de "Just Stop Oil" ont entamé à Londres un marathon d'actions prévu tout le mois d'octobre, défiant les autorités.
Après les abords du Parlement ou de Downing Street en début de semaine, c'est l'emblématique Trafalgar Square qu'ils ont occupé jeudi, bloquant les rues, certains s'attachant deux par deux avec des tubes de métal.
"Nous ne voulons pas faire ça, nous ne voulons pas être ici. Mais ils (le gouvernement) ne nous laissent aucun autre choix. Nous pensons qu'à ce stade la seule façon de faire bouger les choses est de faire de la résistance civique", explique à l'AFP Gemma Barnes, une défenseure des droits des animaux de 32 ans.
La multiplication des catastrophes climatiques, dont l'intensité et la fréquence croissantes sont dues au réchauffement, ou les vagues de chaleur qui atteignent même le Royaume-Uni, ont accru l'angoisse et le sentiment d'urgence pour ces militants.
Dans les pays riches "c'est un luxe pour nous d'ignorer (ces événements) et de continuer à vivre notre vie", s'insurge Emma Brown, 30 ans, évoquant les récentes inondations au Pakistan qui ont fait près de 1.500 morts.
A chaque rassemblement ces derniers jours, la police a arrêté plusieurs dizaines de militants - encore une trentaine jeudi - pour permettre à la circulation de reprendre. Plusieurs ont écopé de peines de prison de plusieurs semaines ces derniers mois.
"Je suis prête à me faire arrêter parce que le fait de penser à la destruction totale de notre société est bien pire", affirme Theresa Higginson, militante âgée de 24 ans.
Le nouveau gouvernement conservateur de Liz Truss, qui vient de relancer les autorisations d'exploration de pétrole et de gaz en mer du Nord et de lever le moratoire sur la fracturation hydraulique, est bien décidé à durcir la répression contre "Just Stop Oil".
Lors du congrès du parti conservateur cette semaine, la Première ministre a ainsi fustigé les mouvements et associations comme Extinction Rebellion ou Greenpeace dont des militants ont brièvement interrompu son discours mercredi, les accusant de faire partie d'une "coalition anti-croissance", avec le parti travailliste ou encore les anti-Brexit.
- Détermination -
La ministre de l'Intérieur Suella Braverman a promis de son côté de renforcer les pouvoirs de la police pour "mettre fin à ces nuisances" dans une prochaine loi sur l'ordre public.
"Que vous soyez +Just Stop Oil+, +Insulate Britain+ ou +Extinction Rebellion+, vous dépassez les limites quand vous outrepassez la loi. C'est pourquoi nous continuerons de vous mettre derrière les barreaux", a insisté Mme Braverman.
Mais les menaces ne découragent pas les militants, dont beaucoup ont posé des jours de congé et sont venus de loin pour participer aux actions de désobéissance civile dans la capitale.
Vendredi, ils étaient encore plus d'une vingtaine à bloquer le pont de Vauxhall enjambant la Tamise dans le centre de Londres.
"Nous continuerons nos actes de résistance contre ce gouvernement criminel tant qu'il n'abandonne pas ses projets de développement de gaz et de pétrole", indique "Just Stop Oil" à l'AFP.
"Suella Braverman dit que la résistance civique franchit la ligne rouge quand vous brisez la loi. Mais les suffragettes ont franchi cette ligne. (Nelson) Mandela a franchi cette ligne. Les Russes qui s'opposent à la guerre en Ukraine franchissent cette ligne. Nous ne nous laisserons pas décourager", ajoute l'organisation.
A Trafalgar Square, les passants regardent plutôt favorablement la manifestation. "Avant d'en être arrivés à ces manifestations, nous avons envoyé des pétitions, nous avons envoyé des e-mails argumentés et écrits à nos parlementaires. Mais ils n'ont rien fait", leur explique Gabriella, une jeune militante de "Just Stop Oil".
Certains ne cachent toutefois pas leur irritation face au blocage de la chaussée. Mais les militants restent déterminés et prévoient même de prolonger leurs actions jusqu'à la mi-novembre.
E.Mancini--IM