La Corée du Nord tire un missile balistique au-dessus du Japon
La Corée du Nord a tiré mardi un missile balistique à portée intermédiaire (IRBM) qui a survolé le Japon, une première depuis 2017, condamnée "avec la plus grande fermeté" par Washington et Tokyo qui a dû activer son système d'alerte et demander aux habitants de certaines régions de se mettre à l'abri.
Le dernier tir de missile par Pyongyang au-dessus du Japon remontait à 2017, au plus fort de la période de "feu et de fureur" au cours de laquelle le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et le président américain de l'époque, Donald Trump s'échangeaient des insultes.
Tokyo a confirmé le tir, activant - fait inhabituel - un système d'alerte à la population et demandant aux habitants de deux régions du nord du Japon de se mettre si possible à l'abri.
- "Provocation" -
"Un missile balistique est probablement passé au-dessus de notre pays avant de tomber dans l'océan Pacifique. Il s'agit d'un acte de violence qui intervient après les récents tirs répétés de missiles balistiques. Nous le condamnons fermement", a déclaré le Premier ministre Fumio Kishida à la presse.
Selon le ministre japonais de la Défense Yasukazu Hamada, l'engin employé par Pyongyang pourrait être un missile Hwasong-12, utilisé par le régime les deux dernières fois qu'un missile avait survolé le Japon. Si tel était le cas, ce tir marquerait un nouveau record de distance.
Séoul a qualifié ce tir de "provocation" violant "clairement les principes universels et les normes des Nations unies".
Le président américain Joe Biden et Fumio Kishida ont, lors d'un entretien téléphonique mardi, "condamné ensemble (...) avec la plus grande fermeté" ce tir, a annoncé la Maison Blanche. Joe Biden a aussi réaffirmé "l'engagement à toute épreuve" des Etats-Unis "à défendre le Japon".
Auparavant, Washington avait déjà promis, après consultation avec le Japon et la Corée du Sud, une réponse "robuste" à ce tir. Des avions de combat sud-coréens et américains ont mené mardi des exercices de frappe de précision, a communiqué Séoul, avec le largage de bombes sur une cible virtuelle dans la mer Jaune par deux avions de combat sud-coréens F-15K.
Ces exercices visaient à démontrer leur capacité "à conduire une frappe de précision sur (les sites à) l'origine des provocations", a décrit l'état-major interarmées de Séoul.
Le même jour, huit avions de combat japonais et quatre autres américains ont mené des exercices conjoints à l'ouest de la région de Kyushu, selon l'état-major japonais. Ces forces ont montré qu'elles "sont prêtes et ont démontré à l'intérieur des frontières et à l'étranger la forte détermination du Japon et des Etats-Unis à faire face à la situation", ajoute cette source dans un communiqué.
Environ 28.500 soldats américains sont présents en Corée du Sud pour protéger le pays contre le Nord.
La Corée du Nord, qui a revu sa législation pour rendre "irréversible" son statut de puissance nucléaire, a intensifié cette année ses tirs et a lancé un missile balistique intercontinental (ICBM) pour la première fois depuis 2017.
- "Dépasser la Corée du Sud" -
Ces tirs sont intervenus alors que Séoul, Tokyo et Washington ont mené le 30 septembre des exercices trilatéraux antisous-marins pour la première fois en cinq ans, quelques jours après des manoeuvres à grande échelle des forces navales américaines et sud-coréennes au large de la péninsule.
La Corée du Nord, qui fait l'objet de sanctions de l'ONU pour ses programmes d'armement, cherche généralement à maximiser l'impact géopolitique.
"Si Pyongyang a tiré un missile au-dessus du Japon, cela pourrait représenter une escalade significative par rapport à ses récentes provocations", selon Leif-Eric Easley, professeur à l'université Ewha de Séoul.
"La Corée du Nord commence toujours par une provocation de bas niveau et élève progressivement le niveau pour attirer l'attention des médias du monde entier", a avancé Go Myong-hyun, chercheur à l'Asan Institute for Policy studies.
"En lançant le missile au-dessus du Japon, ils montrent que leur menace nucléaire ne vise pas seulement la Corée du Sud."
Les responsables sud-coréens et américains préviennent depuis des mois que le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un se préparerait à effectuer un nouvel essai nucléaire.
Il pourrait être conduit après le prochain congrès du Parti communiste chinois qui débute le 16 octobre, ont indiqué ce week-end plusieurs hauts responsables du commandement américain pour l'Asie-Pacifique.
Contrairement à d'autres puissances nucléaires, Pyongyang ne considère pas ce genre d'armement comme un outil de dissuasion destiné à ne jamais être utilisé.
Pyongyang a testé des bombes atomiques à six reprises depuis 2006. Le dernier essai en date, et le plus puissant, est survenu en 2017, d'une puissance estimée à 250 kilotonnes.
B.Agosti--IM