L'Assemblée débat sur l'Ukraine, Borne défend les sanctions contre la Russie
Livraison d'armes, prix de l'énergie...: l'Assemblée nationale a repris ses travaux dans l'hémicycle lundi par un débat sur la guerre en Ukraine et ses conséquences pour la France, avec un appel d'Elisabeth Borne à "continuer les sanctions" pour "rendre le coût de la guerre insupportable pour la Russie".
La Première ministre a lancé la discussion en louant "l'héroïsme" des Ukrainiens qui "progressent" face à la Russie qui se "retranche dans le cynisme, la menace et le chantage", après la revendication par Moscou de l'annexion de quatre régions, fermement condamnée par Kiev et les Occidentaux.
Sans nommer le Rassemblement national, la cheffe du gouvernement a pointé "simplisme" et "propos d'estrade": les sanctions contre la Russie "fonctionnent", a-t-elle souligné, "n'en déplaise à ceux qui masquent leur fascination pour l'impérialisme russe par un prétendu patriotisme".
"Notre objectif est le même depuis le début: rendre le coût de la guerre insupportable pour la Russie", a-t-elle martelé.
"Nous sommes extrêmement préoccupés par la situation" de la centrale nucléaire "à Zaporijjia" avec une "occupation militaire russe" qui fait "courir des risques inconsidérés", a également souligné la cheffe du gouvernement.
Mme Borne a aussi annoncé l'organisation "dans les prochains mois" à Paris d'une conférence économique sur l'Ukraine, afin de "mobiliser les entreprises françaises" dans la reconstruction du pays.
Dans un mot introductif, la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, de retour d'Ukraine où elle a rencontré le président Volodymyr Zelensky, a insisté sur "l'appui indéfectible de l'Assemblée nationale française à l'Ukraine et à son peuple".
Présent dans les tribunes de l'hémicycle, pavoisé de drapeaux ukrainiens, l'ambassadeur Vadym Omelchenko a été longuement applaudi par les députés, debout.
La cheffe de la diplomatie Catherine Colonna doit intervenir au cours de ce débat sans vote, organisé au titre de l'article 50-1 de la Constitution. Il aura lieu au Sénat le 26 octobre.
A l'Assemblée, la majorité s'apprête à interpeller le RN qu'elle accuse de "dépendance" à l'égard de la Russie, ainsi que LFI pour les positions de Jean-Luc Mélenchon sur l'Otan "agresseur", avant l'invasion russe du 24 février.
Le Rassemblement national et LFI s'étaient alors opposés à la livraison d'armes offensives à l'Ukraine en estimant qu'elle ferait de la France un "cobelligérant".
- "Financements étrangers" -
Le RN continue de revendiquer cette position malgré la contre-offensive menée par l'Ukraine sur le terrain. Et il critique l'impact des sanctions contre la Russie pour le pouvoir d'achat des Français.
La France envisage de nouvelles livraisons de matériels militaires à l'Ukraine, notamment 6 à 12 canons Caesar prélevés sur une commande destinée au Danemark. Paris a déjà livré 18 exemplaires de ce canon de 155 mm monté sur camion, amputant de près d'un quart le parc de l'armée de Terre française.
Au coeur de la controverse avec le RN également, le prêt de 9 millions d'euros contracté en 2014 par le parti d'extrême droite auprès d'une firme russe, Aviazapchast, dirigée par d'anciens militaires, toujours en cours de remboursement.
Le RN renvoie la faute aux banques françaises à qui il reproche leur refus de lui prêter de l'argent à l'époque.
RN et majorité rivalisent de demandes de commission d'enquête sur les "financements étrangers des partis", sans pour autant utiliser leur "droit de tirage" parlementaire pour que ces commissions prennent automatiquement forme.
Dans l'opposition, LR a martelé son refus "de reconnaître les annexions illégales".
Le président du groupe PS Boris Vallaud défend lui dans une proposition de résolution "la pleine souveraineté des frontières de l'Ukraine reconnues en 1991" (avec la Crimée et le Donbass) et appelle à accroître l'aide militaire française et l'accueil de réfugiés ukrainiens.
La cheffe de file LFI Mathilde Panot devrait conclure les interventions en "condamnant l'agression russe" et en soulignant que la situation économique en France ne peut être "entièrement imputée à la guerre".
P.Rossi--IM